8 notes dans la catégorie "Paris"

[jaseries en temps de covid19] vaccination à la bonne franquette (billet avec un peu de calet dedans)

Au hasard des rues, Calet nous livre son XIVe arrondissement. Puis il remonte jusqu'au Ternes de son enfance. Les souvenirs affluent. Quartiers pauvres où fleurissaient quelques irréguliers, n'hésitant pas à braver, à leur rang très modeste, les lois de la société. Quartiers riches visités, comme on s'offre une fête.Tant qu'à se faire vacciner autant le faire dans les grandes largeurs.
C'est le titre (Les grandes largeurs) du petit bouquin d' Henri Calet que j'avais pris avec moi en prévision d'une possible attente au centre de vaccination du VIIe arrondissement.
Très bon choix. J'ai eu juste le temps d'en relire une vingtaine de pages et de choisir les extraits qui vont bien. Voir infra.

À l'aller j'étais passée devant la construction du Grand Palais éphGrand Palais éphémère en construction face à l'Ecole Militaireémère. Beau reflet de la façade de l’École Militaire dans ce qui sera l'entrée principale du machin (on peut cliquer sur la photo pour voir mieux).

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[paris, calet] 26, rue de la sablière,14è arrondissement

26 rue de la Sablière 75014 ParisCe devait être un simple statut facebook comme ils disent : regardez comme Paris c'est joli un dimanche de confinement ouvert, et comment je finis quand même par quitter mon canapé quand c'est pour faire du tourisme littéraire, surtout pour Henri Calet (1904-1956) !
En plus, c'est vraiment pas loin de chez moi...

Et puis des photos, en rentrant j'en avais trop, des choses à expliquer, des liens à faire... alors ce sera une petite note-chatouillis (teaser autrement dit) pour servir d'introduction à celle (à venir) qui parlera vraiment de Henri Calet, Je ne sais écrire que ma vie, essai biographique par Michel P. Schmitt, préface de Joseph Ponthus, PUL, mars 2021, 260 p. 20 euros.

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[jaseries] paris est tout petit pour ceux qui... aiment le spectacle vivant

à propos des récitals Ici-bas à la Seine Musicale, et Affreuses, Divines, et Méchantes à l'Opéra Comique

En ce début d'année, je me suis gavée de sons, de voix et de lumières, en égoïste.
Mes choix me paraissaient un peu trop marginaux et excentriques pour entraîner d'innocents cobayes dans mes aventures. Ou alors un peu lâche, je préférais assumer seule la déception toujours possible !
Je sais bien l'inutilité de ce billet puisque les événements sont passés et que certains ne sont plus à l'affiche, mais je voulais garder une trace des émotions inattendues qu'ils m'ont laissées.

Porte 8, Opéra Comique, cabaret, photo d'Emeline Bayart (facebook)J'avais commencé par Emeline Bayart à l'Opéra Comique.
Mais pas salle Favart. Il y a une jolie programmation annexe intitulée Porte 8, dans une salle transformée pour l'occasion en caf'conc de luxe : petites tables juponnées de rouge, bougie (led, pour la sécurité...), et une bouteille de bon champagne !
Accompagnée au piano par Manuel Peskine, la comédienne et chanteuse compose un récital coquin et vachard : des textes sans âge, d'une écriture riche et virtuose bourrée de doubles sens vertigineux, des mélodies lyriquement acrobatiques comme on en connaissait au tournant du XXè siècle, avec Polaire et Yvette Guilbert, et que plus tard, Patachou, Colette Renard, Jacqueline Mailhan et d'autres, ont perpétué, mais qu'on a peu à peu complètement perdus.
L'interprétation d'Emeline Bayard est incroyable, comme comédienne et comme chanteuse...
Je savais qui elle était (ce n'était visiblement pas le cas pour beaucoup de spectateurs énormément surpris et ravis) ; je l'avais vue au théâtre dans Fric-Frac et deux comédies de Tchékov. Elle a aussi incarné le rôle titre au cinéma dans Bécassine ! de Bruno Podalysdès. Je ne la connaissais pas en diva. C'est un phénomène... Il faut la voir, lascive, ranimer un Boieldieu de marbre par un baiser voluptueux...
Il y a des dates en mars, ne la manquez pas ! Si j'avais pu (mais non hélas), j'y serai retournée pour partager ce moment délicieux... et la bouteille de champagne avec vous !

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[lu] métaphysique de l'apéritif, spritz de stéphan lévy-kuentz

éditions Manucius, mars 2019,lien 125 pages, 12 euros

4è de couv : «Debout devant cette terrasse qui semble vous tendre les bras, vous hésitez pourtant à vous avancer. Décider de la place idéale est un exercice plus nuancé qu’il n’y paraît. Vous ne savez pas vraiment pourquoi vous avez choisi ce guéridon. L’autre là-bas aurait tout aussi bien fait l’affaire. Les terrasses de café recèlent des dispositifs scénographiques variés qui ne racontent pas tous la même histoire. Le guéridon est arrangeant, il fait autant le lit de l’amitié qu’il peut être un tombeau pour la solitude. Loin des hivers rudes de pays enneigés où jamais le soleil ne paraît, dans ces saloons rudimentaires où un étranger aux semelles plates referme avec peine la porte récalcitrante sur le blizzard (scène digne de Chaplin ou de Keaton), l’apéritif se doit d’être consommé en terrasse et répond à plusieurs cas de figure: l’apéritif de groupe qui tient de la thérapie sociale, celui en face-à-face qui relève de l’échange intime et celui que vous vous apprêtez à pratiquer et qui engage certaines forces d’introspection. Vous y serez bientôt.» Postface de Denis Grozdanovitch — Stéphan Lévy Kuentz est écrivain et essayiste. Anicien coordinateur d'expositions au Centre Pompidou, il a créé et dirigé la collection l'Attrape-corps (La Musardine). Scénariste, il a collaboré à l'écriture de documentaires de création sur Man Ray, Arroyo, Pascin, Chagall, Calder, Klee, Mondrian, Klein, les Impressionnistes, Dali, Rodin. Il est l'auteur aux éditions Mnucius de Sans Picasso (2017)La première fois que je l'ai lu, j'avais situé l'inaction de ce roman statique (sic, l'auteur) à la terrasse d'une brasserie du carrefour Vavin (disons La Rotonde, bien que rien ne l'indique, mais j'aime bien "voir" ce que je lis).
Le premier chapitre est d'une grande précision topographique et chronométrique : j'aurais dû me méfier...
En le relisant une nouvelle fois pour écrire cette note, je m'aperçois de mon erreur, ou plutôt, de ma naïveté.
On part de la sculpture de Balzac par Rodin, boulevard Raspail.
Six minutes de marche, mais comme rien n'indique à quel rythme, ni la direction prise (Montparnasse ? Denfert-Rochereau ? Port-Royal ?), il y a au choix un bon nombre de débits de boisson sur les cercles concentriques qu'on pourrait tracer à partir du carrefour Vavin (également baptisé place Pablo Picasso, ça j'ignorais !).
À vous, à moi, de choisir, lequel ; c'est la règle qu'instaure poliment Stéphan Lévy-Kuentz :
" Si cela ne vous dérange pas, vous [...] serez le personnage principal mais tout ce que vous penserez ne sera pas retenu contre vous. Pour l'instant, vous vous contentez de rester à l'écoute de vous-même. ".
Puisque l'auteur me donnais tous les droits, j'ai marché trois minutes... et je suis revenue sur mes pas ; obéissante, je me suis installée en terrasse, seule, pour un apéritif métaphysique.

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[notre-dame] extraits du journal intime de marc-edouard nabe

Pas d'illustration, pas d'image : on en voit trop depuis hier 15 avril 2019 vers 19 heures.

Je l'ai déjà fait plusieurs fois ici : illustrer un événement par des extraits tirés du Journal intime de Marc-Edouard Nabe qui s'y rapportent ou le rappellent ; parce que je les trouve pertinents, ou impertinents, tout simplement beaux, superbement écrits et génialement évocateurs même (surtout ?) avec le recul du temps.
Les quatre volumes (3915 pages) couvrent les années 1983 à 1990 ; à la fin de chaque tome (Nabe's Dream, Tohu-Bohu, Inch'Allah, Kamikaze) : un formidable index (noms de personnes, de lieux, d’œuvres, personnages, etc.).
Rien de plus facile que de les utiliser pour retrouver les pages où Nabe parle de Notre-Dame de Paris : un jour de Pâques il y a trente ans, une procession du 15 août, une messe de minuit en 1987...

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[carnet] mes jaseries de février

jaserie : subst. fém. [ʒɑzʀi], [-a-] ; synon. de babillage. La jaserie avant le langage est la fleur Qui précède le fruit (Hugo, Légende, t. 4, 1877, p. 857)

vacances en Bretagne, fin des années 50, mes parents ont autour de 35 ans (l'âge de mes enfants aujourd'hui) — Suzel (3 octobre 1921 - 11 mai 2007), Charles (24 août 1920 - 5 février 2019)Orpheline : il faudrait un autre mot pour signifier la perte du dernier survivant de ses parents lorsqu'on est soi-même bien avancée en âge.

L'écrivain et psychanalyste belge Lydia Flem écrit1 :

“ A tout âge, on se découvre orphelin de père et de mère. Passée l'enfance, cette double perte ne nous est pas moins épargnée. Si elle ne s'est déjà produite, elle se tient devant nous. Nous la savions inévitable mais, comme notre propre mort, elle paraissait lointaine et, en réalité inimaginable. Longtemps occultée de notre conscience par le flot de la vie, le refus de savoir, le désir de les croire immortels, pour toujours à nos côtés, la mort de nos parents, même annoncée par la maladie ou la sénilité, surgit toujours à l'improviste, nous laisse cois. ”

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1. in: Comment j'ai vidé la maison de mes parents (Seuil 2004, Points 2013)

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[ça peut servir] porte-fenêtre oscillo-battante bloquée

image from https://s3.amazonaws.com/feather-client-files-aviary-prod-us-east-1/2018-10-10/7cbabdc6-4d75-4d43-87d5-2332cae0a42f.pngUn post perso sur le vif, ça changera un peu...
Sans compter (enfin si, un peu quand même) que le titre devrait faire exploser mes stats déclinantes.

Je n'ai jamais osé m'en vanter ici, mais mon article toujours le plus lu date de mars 2015 :
[ça peut servir] compte mail bloqué, identifiants compromis...lien

Le contexte, donc : je trouve tout à l'heure une de mes fenêtres sur balcon bloquée ouverte. Impossible à refermer.
Avec mes mains de coton, je ne me mêle de rien et laisse intervenir les bonnes volontés masculines appelées à la rescousse.
Peine perdue. Pendant que je maronne dans mon coin, ils s'escriment pour rien. Le mécanisme grince mais ne dégrippe pas.
Il va falloir faire appel à un spécialiste.

Et alors ? La porte restera-t-elle ouverte ?
Ta-dam... (suspense insupportable, cliquez pour la suite)

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[balade] juillet à saint-germain-des-prés

billet inspiré dans l'ordre d'apparition par : Eric Naulleau, Jean-Paul Caracalla, Alain Bonnand, Stéphan Lévy-Kuentz

La rue Taranne sur le plan Turgot vers 1734 - source WikipédiaUn jour à la télé, j'ai entendu l'excellent Eric Naulleau raconter avec gourmandise ce qu'il faisait chaque année pour son anniversaire : il s'accorde une journée rien qu'à lui, dehors, à pied, dans Paris, au hasard, ne dit rien à personne, ni avant, ni après.

J'ai flashé sur cette idée de célébration solo, d'autant que je ne me souviens pas que le chroniqueur ait dit qu'il s'interdisait tout à-côté festif familial ou amical par ailleurs ! Cette année, j'ai eu le souper fin, les fleurs, les déjeuners-copine, une bougie rose dressée sur un pain au lait par ma toute petite fille, une sortie au théâtre, des messages qui ne doivent rien à la base de données et aux algorithmes de Zuckerberg (je n'y ai pas déclaré mon #bday !), et un livre (dont il sera question plus loin). Déjà fort bien gâtée.

Mais restait mon self-anniversaire... Puisque j'en parle ici, c'est que je n'ai pas suivi jusqu'au bout le rituel Naulleau !

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