5 notes dans la catégorie "Héaume (Stéphane)"

[lu] les forêts de waldenstein, roman de stéphane héaume

éditions Rivages, mai 2024,lien 192 pages, 19 euros 50

4è couverture : De son enfance, Wald ne garde que des bribes de souvenirs. Lorsqu’il revient à Waldenstein, une ancienne station thermale qu’il a fuie jadis, il ne sait pas encore ce qui l’attend. Le majestueux palace familial est à l’arrêt depuis longtemps. Seul Ambrose, le vieil organiste et sculpteur, veille sur le village à l’abandon, accompagné de son énigmatique apprenti. Waldenstein recèle bien des mystères assoupis dans ses forêts enneigées… Mais rien n’arrêtera Wald dans sa quête d’un passé hanté par les mensonges et les sortilèges. Porté par une plume ciselée, un roman envoûtant aux accents de conte nordique et de sombre féerie gothique. — Stéphane Héaume est l’auteur de plusieurs romans dont Le Clos Lothar (Zulma, 2002, prix du jury Jean-Giono et prix Emmanuel-Roblès), Sheridan Square (Seuil, 2012, prix de la Ville de Deauville) et Sœurs de sable (Rivages, 2021).Je ne suis pas fan des jaquettes choisies par les éditions Rivages pour les deux derniers romans de Stéphane Héaume...
J'avais déjà discuté celle de Sœurs de sable (2021) qui pour moi était au mieux un oxymore, au pire un contresens !
Cette fois on aurait plutôt une emphase inutile, une signalétique martelée :
a-tten-tion-ro-man-go-thique !
D'autant que sous la jaquette, la couverture du livre est de ce beau bleu turquin dont il est souvent question dans le roman...
Toutefois il n'y a pas, et de loin, tromperie sur la marchandise :
dans Les Forêts de Waldenstein, il y a effectivement des secrets du passé qui viennent hanter le présent, des lieux abandonnés, une ambiance angoissante, des paysages forestiers et des ruines, sous la pluie, sous la lune, la neige...

Sous le déluge crevant la nuit, le ciel était plus noir que le manteau de sapins de la montagne — plus noir, plus trouble, depuis la vitre de l'autocar rayée de pluie proche de l'ultime arrêt, que mon très ancien désir de retourner, après trente-deux ans sur les lieux du drame.

Lire la suite "[lu] les forêts de waldenstein, roman de stéphane héaume" »


[lu] sœurs de sable, roman de stéphane héaume

Rivages, avril 2021, 240 pages, 18 euros

4è de couv : 1958, une station balnéaire écrasée de chaleur. 2018, un surprenant huis clos au décor raffiné. Rose et Amelia, deux femmes malmenées par la vie et que soixante ans séparent n’ont, on pourrait le croire, rien en commun. Pourtant, un homme, un secret, un cadavre vont relier leurs existences et changer leur destin.  En donnant corps à deux turbulentes héroïnes dans un univers plein de mystère, Stéphane Héaume nous prouve, avec malice et fantaisie, qu’il faut toujours se méfier de l’eau qui dort. —  Stéphane Héaume est l’auteur de plusieurs romans dont «Le Clos Lothar» (Zulma, 2002, prix du jury Jean-Giono et prix Emmanuel-Roblès) et «Sheridan Square» (Seuil, 2012, prix de la Ville de Deauville).Avant de lire Sœurs de sable, j'avais lorgné plus ou moins sournoisement sur des avis de lecture qui saluaient l'ambiance légère, voire pétillante, estivale, du dernier roman de Stéphane Héaume.
Loin de moi l'idée de stigmatiser les lecteurs optimistes, mais cela m'étonnait un peu (euphémisme) de l'auteur de Dernière Valse à Venise, et de L'Idole Noire, et redoublait mon envie d'y aller voir moi-même.
Si vous pensez que ma lecture à venir était d'ores et déjà biaisée, tenez-en compte en lisant ce qui suit, ou pas.

Heureusement (pour moi en tout cas) le chapitre incipit concentre mystère, noirceur, et romantisme baroque, comme l'illustrent ces quelques lignes :
“ Une heure qu'il ramait, lui, constant, le geste régulier, sûr de la direction. [...] La nuit posait sur son visage un masque de Charon. [...]
La barque se faufila dans l'enchevêtrement des blocs qui formaient des portiques magnifiques, les tympans déchaussés de temples engloutis. Il y avait là une ouverture qui conduisait à l'intérieur. ”

Lire la suite "[lu] sœurs de sable, roman de stéphane héaume" »


[en marge d'une expo, 2/2] kupka, poe, stéphane héaume : l'idole noire

billet inspiré de la visite de la rétrospective Kupka au Grand Palais (21 mars - 31 juillet 2018),lien et de la lecture de L'Idole noire, 2011,lien "histoire courte" de Stéphane Héaume

L'Idole noire (1900) Aquatinte de Frantisek Kupka (1871-1957) Centre Pompidou, Paris — "Par une sombre route déserte, hantée de mauvais anges seuls, où une Idole, nommée Nuit, sur un trône noir règne debout, je ne suis arrivé en ces terres-ci que nouvellement d’une extrême et vague Thulé, — d’un étrange et fatidique climat qui gît, sublime, hors de l’Espace, hors du Temps." E.A.Poe, Terre de Songe, 1889František Kupka est encore dans sa première période symboliste et ésotérique quand il s’inspire du poème Terre de Songe d’Edgar Allan Poe (Dream-Land, traduction de Mallarmé)  pour ses variations picturales énigmatiques sur L’Idole Noire et La Voie du Silence.

J’avais lu L’Idole noire de Stéphane Héaume avant de repérer l’œuvre du peintre tchèque dans l’une des premières salles de l’exposition (on voit aussi sur un autre mur, une version "miroir" plus colorée, moins effrayante — tout est relatif —, illustrant une édition du poème de Poe).
J’ai voulu la photographier mais le résultat est piteux à cause des reflets... voici à gauche celle que l’écrivain reproduit sur son site.
C’est cette aquatinte aussi titrée L’Entêtement, qui a enflammé l’imaginaire de Stéphane Héaume pour son mystère-cauchemar de toute beauté.

Un huis-clos à quatre dans un palais italien surdimensionné : un jeune garçon et sa mère, gouvernante, le maître des lieux vieillissant, un intendant-secrétaire inquiétant et violent. Objet de convoitises, une Idole Noire, gravure originale inestimable que Kupka avait offerte au châtelain alors qu’il n’était encore qu’un jeune assistant décorateur d’opéra au talent prometteur. Devenu célèbre et richissime grâce au cinéma, il a construit la fabuleuse demeure de ses rêves et s’y est retiré, entraînant son maigre entourage dans un isolement mégalomaniaque. Mais alors que la mort rôde autour du vieil homme, un sort étrange s’acharne sur ses rares visiteurs, que l’on retrouve un après l’autre mort noyé dans l’étang qui borde l’étrange palazzio.

Lire la suite "[en marge d'une expo, 2/2] kupka, poe, stéphane héaume : l'idole noire" »


[mémoire] dorothée blanck, muse fascinante et éternelle inspiratrice

billet inspiré par la lecture de Dernière valse à Venise, roman de Stéphane Héaume

Dorothée Blanck (de dos) dans Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda, 1962En m'envoyant par coursier ce roman à paraître chez lui au mois d'octobre, l'éditeur Serge Safran savait-il ce que cette belle lecture ranimerait, attiserait, raviverait en moi ?
Il aurait fallu pour cela qu'il sache que j'avais rencontré Dorothée Blanck (1934-2016) dans les dernières années de sa vie, comme l'auteur du livre qu'il publie ; qu'il lise les quelques notes de blog que je lui ai consacrées. ici
Savait-il que, comme Stéphane Héaume qui lui a dédié son roman, j'avais été fascinée par cette femme âgée à la beauté à peine altérée, toujours stupéfiante.

Dernière valse à Venise, n'est pas une biographie, c'est beaucoup mieux que ça pour la mémoire de celle qui disait (et écrivait) n'avoir été toute sa vie qu'un modèle (comme le personnage qu'elle joue dans Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda), qu'une muse (comme pour Jacques Sternberg, Sophie, la mer et la nuit).

Lire la suite "[mémoire] dorothée blanck, muse fascinante et éternelle inspiratrice" »


[lu] dernière valse à venise, roman de stéphane héaume

Serge Safran éditeur, octobre 2017,lien 160 pages, 14 euros 90

Venise, cité des mystères, est le théâtre de la déchéance de Rodolphe Marchant. Alcoolique, malade, ruiné, il se sent pousser des ailes quand il rencontre l’envoûtante Dorothy White, ancienne danseuse, auprès de qui il se fait passer pour un richissime ténor, Rodolfo Marchanti.  Elle lui donne aussitôt la force de vaincre ses démons, de reprendre goût à la vie : ils se donnent sept jours pour s’aimer. Sept, comme le nombre de mois qu’il reste à vivre à Rodolfo. Sept, comme les temps d’une valse qui vacille. Sept, un chiffre qui semble porter chance à Rodolfo. Mais la valse des masques peut être cruelle. — Stéphane Héaume, né à Paris en 1971, est l’auteur de plusieurs romans publiés au Seuil, chez Anne Carrière et Zulma. Il écrit également des nouvelles et des textes pour le théâtre lyrique et l’opéra. Dernière valse à Venise fait suite à L’Insolite évasion de Sebastian Wimer (2016) chez le même éditeur.Deux personnages à la dérive, au bout de leur parcours, se rencontrent à Venise, place Saint-Marc.
Lui, jeune encore, séduisant, mais abîmé par les excès.
Elle, âgée, mais miraculeusement conservée, mystérieusement gracieuse et attirante.
Un pacte sans signature, une promesse secrète, va les lier pour quelques jours et faire croire à l'un d'entre eux en la possibilité d'un nouveau départ...

C'est un conte baroque, le récit d'un effort de rédemption bafoué, d'une trahison inexpliquée.
Une histoire de mensonges, de vies réinventées, de prémonition, d'espoir ultime d'amour et de consolation, de déception.

Comme sur scène à l'Opéra, les décors de la Valse incarnent le drame qui se joue en symbolisant passions et inclinations toxiques : le café Florian, le Rubby's, le Lido, le Casino, l’hôtel Excelsior, la Fenice...

Le final en plein air devant la basilique — dont je ne peux rien dire  (pour préserver la dramaturgie), sinon sa beauté picturale lumineuse, l'ambiance diurne, joyeuse et sonore — contraste terriblement avec la cruauté sombre de l'abandon, de la fin de la valse.

Lire la suite "[lu] dernière valse à venise, roman de stéphane héaume" »