...d'un cheval arrêté pour laisser le bus 95 passer à travers les Guichets du Louvre, hier
A Montparnasse, je m'étais installée tout à l'arrière du bus articulé. Dans les nouveaux modèles de ce type de véhicule il y a deux plateaux successifs surélevés, jusqu'au fond, comme un petit amphithéâtre. J'étais tout en haut, assise bien calée contre la vitre, côté trottoir, sens de la marche, les meilleures conditions pour profiter du trajet en direction de l'Opéra. En levant un peu la tête je voyais même jusqu'en haut des immeubles haussmanniens de la rue de Rennes. Ignorant l'agitation des trottoirs et la circulation automobile plus bas, je profitais de ma position surélevée pour étudier paresseusement la décoration des balcons des second et cinquième étages.
Saint-Germain, rue Jacob, pont du Carrousel.
Et puis soudain, la tête du cheval, énorme, à la hauteur de ma vitre, de mon regard. Les yeux dans les yeux. Le bus se déplaçait doucement, l'animal n'a pas bronché. Surprise et émerveillement, de mon côté de la vitre. Noblesse et inconscience de sa beauté, du côté de l'animal. Je n'ai aucun souvenir d'un cavalier. Comme si le grand alezan aux beaux yeux bruns s'était posté là tout seul, pour monter la garde à l'entrée de la Cour du Louvre.
C'est beau, un cheval dans la ville.