62 notes dans la catégorie "Cinéma"

[niguedouille] au bunraku

affiche d'un film...Il y a quelques semaines, on voyait dans Paris une affiche particulièrement hideuse annonçant ce qui semblait être un film western-samouraï américain.

Plusieurs fois j'ai eu envie d'arrêter les gens qui passaient comme moi à côté pour leur dire :

— mais c'est pas ça du tout bunraku, moi je sais ce que c'est bunraku !

Enfin, façon de parler !

En effet...

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[radio] pierre richard à la coupole

photo de Roger Viollet (c), décembre 1970 Hier soir sur inter, j'écoutais Pierre Richard raconter ses débuts de comédien et de réalisateur dans le Grand Entretien de François Busnel.
Au début le ronron radiophonique habituel à cette heure là, jusqu'à ce que je tende l'oreille quand il a parlé de La Coupole (le restaurant, pas l'Institut) et des personnages qu'il retrouvait là-bas au début de sa carrière. Pas les jeunes comédiens de sa génération comme on aurait pu s'y attendre. Non, ses copains d'alors c'étaient des intellos, a-t-il dit en les nommant : Jacques Sternberg, André Ruellan, Roland Topor. Surprenant. Ce sera d'ailleurs André Ruellan (médecin, auteur de SF, scénariste de Jean-Pierre Mocky) qui incitera le comédien à lire le portrait de Ménalque de La Bruyère. Tous les deux s'associeront pour écrire le scénario du Distrait, premier film réalisé par le comédien, et sorti en 1970.
Il faudra que je demande à Dorothée Blanck qui d'autre était dans les parages à l'époque pour compléter le casting...
Il y avait un autre rendez-vous un peu plus bas vers St Sulpice, où se rendaient Sternberg, Topor et Ruellan, et que connaît bien Dorothée. C'est celui des spécialistes de la SF, écrivains, collectionneurs, experts, universitaires, journalistes... qui se réunissent chaque lundi depuis les années cinquante... et encore aujourd'hui !
André Ruellan, nonagénaire fragile mais toujours actif, reste la figure tutélaire de ce club savant et bon vivant.

>> Lire l'article de Dorothée Blanck sur les rendez-vous SF du lundi


[vu] le havre, film de aki kaurismaki

Le bon docteur Becker (Pierre Etaix) et Arletty (Kati Outinen) dans Le Havre d'Aki Kaurismaki — Marcel Marx, ex-écrivain et bohème renommé, s’est exilé volontairement dans la ville portuaire du Havre où son métier honorable mais non rémunérateur de cireur de chaussures lui donne le sentiment d’être plus proche du peuple en le servant. Il a fait le deuil de son ambition littéraire et mène une vie satisfaisante dans le triangle constitué par le bistrot du coin, son travail et sa femme Arletty, quand le destin met brusquement sur son chemin un enfant immigré originaire d’Afrique noire.  Quand au même moment, Arletty tombe gravement malade et doit s’aliter, Marcel doit à nouveau combattre le mur froid de l’indifférence humaine avec pour seules armes, son optimisme inné et la solidarité têtue des habitants de son quartier. Il affronte la mécanique aveugle d’un Etat de droit occidental, représenté par l’étau de la police qui se resserre de plus en plus sur le jeune garçon réfugié.  Il est temps pour Marcel de cirer ses chaussures et de montrer les dents.  Le genre de film qui ne se raconte pas, mal servi par sa bande annonce, son affiche, et les promos télé [1], et qu'on voit faute de mieux en attendant les séances de rattrapage du festival Télérama [2].

Et là, surprise, ce film est un bonheur de film, de la première séquence à la dernière.
Intemporel, comme toutes les œuvres quand elles sont réussies et que le spectateur s'y reconnaît contre toute attente.

Le Havre est un conte pour grands enfants qui aiment le cinéma (cinéphiles, comme on dit).

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[magnifique] une belle tête d'affiche

Dorothee Blanck photographiée par Tristan Jeanne-Valès Comme chaque année Dorothée Blanck était au festival du court-métrage qui s'est tenu pendant une semaine à Trouville début septembre. Elle y est un peu chez elle, mais surtout, d'année en année, elle s'y affirme comme la muse préférée de tout jeunes artistes passionnés par le cinéma et qui trouvent incarnées, dans sa chevelure argent, son sourire et ses beaux yeux las, les traces de grands aînés que sont Jacques Demy, Agnès Varda, Alain Resnais.

Regardez-la dans A tous mes Jules d'Emilie Rosas (mon préféré pour le moment) - il faut aller sur le site du festival, onglets Films > Kino > 2011 et scroller la liste des kinos) -

Dorothée raconte sur son blog que grâce à cette photo magnifique de Tristan Jeanne-Valès, accrochée dans le hall où se rencontrent les festivaliers, elle a été engagée cette année pour jouer dans 7 des 67 petits films (kinos) réalisés et montés sur place par de jeunes réalisateurs. C'est énorme, cela demande une énergie folle ! Dorothée se plaint juste de ne pas avoir eu la force d'assister à toutes les projections et manifestations, le soir !

Les 7 cinéastes (5 femmes, 2 hommes) qui ont fait tourner Dorothée en cette fin d'été lui ont composé un magnifique album de souvenirs de moments chaleureux et créateurs qui l'aideront à attendre la prochaine édition, l'été prochain.

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[actu] à pisser de rire

C'est sans vergogne et avec beaucoup de plaisir et d'admiration, que j'emprunte à mes vieux amis blogueurs, le Noble Vieillard Facétieux  (pour l'illustration) et la belle Dériveuse (pour le texte), leurs beaux regards ironiques et tendres sur l'inénarrable épisode urinaire d'un été ripoux :

Le directeur d'Air-France interdisant ses avions à Depardieu

Pipi " Qui, dans l'urgence, n'a pas fait pipi derrière une voiture, un arbre, ou  même dans le soufflet entre deux wagons lorsque les contrôleurs avaient omis d'ouvrir les toilettes du train. C'est moins courant que toutes les crottes de chien que ne ramassent pas les maîtres ; on a le droit d'y glisser au risque d'une entorse.
Le pied, c'était quand je pissais sur les pissenlits hors de ma caravane. J'étais en osmose avec le cosmos. Enfant j'avais toujours été fascinée par les paysannes qui faisaient debout, écartant leurs jupes afin d'arroser la salade. J'ai aimé André Gide parce qu'il avait écrit ce plaisir de se soulager dans la campagne. J'imagine le Pied de Nez de Gérard Depardieu qui l'a fort*, en réponse au veto de l'hôtesse de l'air. "

* le nez, pas le pied !


[météo, cinéma] il pleut sur nantes...

... enfin j'imagine qu'il pleuvait sur Nantes, ce matin

J'étais à Pont-Château (Pontchateau pour la SNCF) sous un crachin insistant, qui semblait ne devoir jamais s'arrêter en l'absence totale de vent. Capuches, parapluies, têtes baissées, flaques à éviter. Son nom en grandes lettres sur un pignon du centre culturel me rappelle que Pont-Château est la ville natale de Jacques Demy. J'avais oublié. On s'ébroue sous l'auvent du Leclerc, ça éclabousse jusqu'au présentoir des titres de Ouest-France : soleil, barbecues, piscines - la saison de tous les dangers. Au milieu des petites annonces placardées, je trouve enfin le programme de La Bobine. Soulagement, ce soir il y a Pater le film de Cavalier. Nous irons, la journée est sauvée et décidément placée sous le signe d'une cinéphilie obligée inspirée par la météo.

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[vécu] qui sème la graine de l'inspiration récolte un billet de saison

image sur google Au jardin de mon père, ce matin je cueillais des groseilles précoces, et des fraises des bois venues on ne sait d'où depuis que les massifs ne sont plus guère entretenus que par les merles de la haie. J'en aurais pas fait un billet...

Finalement l'inspiration est venue par là-dessus, d'abord titillée discrètement par un Tweet de David Abiker appelant à nous remémorer la sécheresse de 1976, et à lui faire don gracieusement sur facebook d'un souvenir personnel de cette période.

J'y suis donc allée de ma petite anecdote, et c'est alors que je me suis dit que ça ferait aussi bien un billet ici !

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[citation] the look, par dorothée blanck

Dorothée Blanck et Jacques Sternberg

 “ ... qu'on se le dise, il faut pleurer. C'est bien ce que je ne savais pas faire quand je jouais la comédie. Je revois toujours ma soeur, elle avait ce don. Il suffisait qu'elle mette la tête sur l'épaule de quelqu'un, et dans la seconde de grandes larmes coulaient, suprême séduction dont j'étais jalouse.
Les plus beaux yeux que j'ai vu sont ceux du docteur Emilie Costantini, mais j'aurais aimé avoir le regard de Lauren Bacall, et comme amant son Humphrey Bogart, quoique avec Sternberg, en photo, nous n'en étions pas loin... ”

 

>> voir aussi le billet “Dorothée Blanck" de Charles Tatum sur son blog : le vieux monde qui n'en finit pas


[balade] mon reflet dans l'oeil d'or...

...d'un cheval arrêté pour laisser le bus 95 passer à travers les Guichets du Louvre, hier

Reflets dans un œil d'or (Reflections in a Golden Eye) est un film américain réalisé par John Huston, sorti en 1967, adapté du roman éponyme paru en 1941 de Carson McCullersA Montparnasse, je m'étais installée tout à l'arrière du bus articulé. Dans les nouveaux modèles de ce type de véhicule il y a deux plateaux successifs surélevés, jusqu'au fond, comme un petit amphithéâtre. J'étais tout en haut, assise bien calée contre la vitre, côté trottoir, sens de la marche, les meilleures conditions pour profiter du trajet en direction de l'Opéra. En levant un peu la tête je voyais même jusqu'en haut des immeubles haussmanniens de la rue de Rennes. Ignorant l'agitation des trottoirs et la circulation automobile plus bas, je profitais de ma position surélevée pour étudier paresseusement la décoration des balcons des second et cinquième étages.
Saint-Germain, rue Jacob, pont du Carrousel.

Et puis soudain, la tête du cheval, énorme, à la hauteur de ma vitre, de mon regard. Les yeux dans les yeux. Le bus se déplaçait doucement, l'animal n'a pas bronché. Surprise et émerveillement, de mon côté de la vitre. Noblesse et inconscience de sa beauté, du côté de l'animal. Je n'ai aucun souvenir d'un cavalier. Comme si le grand alezan aux beaux yeux bruns s'était posté là tout seul, pour monter la garde à l'entrée de la Cour du Louvre.

C'est beau, un cheval dans la ville.