62 notes dans la catégorie "Cinéma"

[lu] l'île des enfants perdus, roman de nicolas chaudun

Actes Sud, septembre 2019,lien 192 pages, 18 euros 80

Sortie de mon mutisme bloguesque pour l’occasion de reparler d’une histoire qui m’avait touchée il y a plusieurs années, celle de La Fleur de l'âge, film fantôme de Carné et Prévert sur une mutinerie au bagne d’enfants de Belle-Île-en-Mer.
À la fois l'existence de ce pénitencier très spécial, et celle du film avorté, m'avaient été révélées par l'exposition à Vannes en avril 2013 des superbes photos de plateau d’Émile Savitrylien.

4ème de couv — Au printemps 1947, Marcel Carné et Jacques Prévert ont tourné un film à Belle-Île-en-Mer, La Fleur de l’âge. Celui-ci s’inspirait de la mutinerie survenue en 1934 dans le bagne d’enfants érigé non loin du Palais, le principal port de l’île. Il y était question d’amours impossibles entre un mutin en cavale (Serge Reggiani) et une riche estivante (Arletty), entre une jeune îlienne (Anouk Aimée) et un innocent mis en cage… De cette nouvelle collaboration, la huitième, le public attendait un chef-d’œuvre du même tonneau que Le Quai des brumes ou Les Enfants du paradis. Et, en effet, de l’avis unanime de ceux qui en avaient visionné les premières séquences, cette cuvée promettait un sommet. Mais le chantier resta en suspens, interrompu par les vents contraires. Et du film inachevé, pas une séquence ne subsiste, ni même un rush. Rien donc, sinon quelques photographies de plateau. Malchance ? Torpillage ? La malédiction susciterait pas mal de rumeurs et autant de fausses pistes… Le narrateur part à la recherche des bobines disparues, stimulé par de maigres indices et le témoignage de rares survivants. Son enquête fournit un fil conducteur à l’évocation du cinéma français de l’âge d’or, depuis les années fébriles de l’immédiat avant-guerre, jusqu’à celles plus troubles encore de l’épuration ; une fresque oui, mais pitoyable et glorieuse, étincelante et pourtant entachée de zones d’ombre… — Éditeur d’art, documentariste et écrivain, Nicolas Chaudun a notamment publié chez Actes Sud une biographie du baron Haussmann qui fait autorité, ainsi que deux récits historiques: L’Été en enfer (2011), plusieurs fois primé, et Le Brasier (2015), élu meilleur livre d’histoire de l’année par le magazine Lire.Je n’ai pas été totalement séduite par le "roman" que Nicolas Chaudun a tiré de ce naufrage cinématographique, mais j'en attendais sans doute trop.
Les photos de Vannes m'avait déjà appris beaucoup de choses ; j'avais même gratouillé autour pour écrire ma chronique d'alorslien (voir les liens vers la presse de l'époque et autres sites) ; mais le grand mérite de Nicolas Chaudun est de livrer l'histoire de L'Île des enfants perdus à un public de lecteurs beaucoup plus large que celui des visiteurs d'une expo en province (sans parler de l'audience riquiqui de mon blog !).

Petit rappel pour celles et ceux qui ne cliquent pas sur les liens (et qui ont tort car le tort tue !) :
En 1934 un fait divers bouleverse Prévert : pour mater la rébellion des jeunes internés de la maison de redressement de Belle-Île, les autorités locales font appel aux habitants et aux touristes. Une prime est distribuée pour chaque fugitif retrouvé... Jacques en fait un poème, La Chasse à l'enfant, et un scénario. Ce n'est qu'après la guerre que les vieux amis Carné et Prévert pourront concrétiser leur projet de film basé sur cet événement triste et révoltant. Hélas, de mai à juillet 1947, d'incidents en difficultés techniques et financières, le tournage vire à la catastrophe et sera complètement arrêté au bout de trois mois. Cela fait penser à L'Enfer de Clouzot... Sauf que cette fois on a complètement égaré et jamais retrouvé ce que Marcel Carné avait finalement sauvé et monté une dizaine d'années plus tard.

Lire la suite "[lu] l'île des enfants perdus, roman de nicolas chaudun" »


[santé, ciné] scanner d'été

Goole images, plafonnier Lumick - à Rennes les sites Petscan sont équipés de plafonds lumineux rétro-éclairés de façon uniforme par une lumière proche de celle du jour, reproduisant l’aspect d’un ciel naturelCe matin à Cochin m’est revenue l’une des premières scènes de Patients.
Grand Corps Malade tourne sa caméra vers le plafond.
En voix-off, on entend son héros condamné à la position allongée : “ Il y avait un néon masqué par une grande grille rectangulaire. La grille était composée de quatre cent quatre-vingt-quatre petits carrés. Je les ai comptés plusieurs fois pour être sûr ”.

Évidemment aucun rapport entre la position de Benjamin/Fabien et la mienne.
Libre de mes mouvements, j'attendais juste dans un déshabilloir (box infirmier fermé par un rideau léger) qu'on vienne me chercher pour le scanner.
J'avais rempli le questionnaire de précaution vis-à-vis du produit de contraste à l'iode ; on venait de me poser le dispositif d'injection à la saignée du coude, après avoir vérifié encore une fois mon identité ; je me suis allongée, j'ai regardé au plafond, tranquille.
J'écoutais les conversations et les bruits autour.

Lire la suite "[santé, ciné] scanner d'été" »


[lu, vu] abdel hafed benotman, un diamant noir

billet inspiré par la lecture d'Un jardin à la cour  d'Hafed Benotman,  par le film Diamant noir d'Arthur Harari, une conversation avec une libraire, des articles trouvés ici et là...

Abdel Hafed Benotman (capture image video youtube)

Ça a commencé il y a pas longtemps, en mai 2016, par une lecture non choisie pour un comité de lecture.
Le livre venait de paraître, je ne connaissais rien de l'auteur Abdel Hafed Benotman.

La bio de l'auteur en quatrième de couverture était intrigante, alors j'ai gougueulé.
Juste ce qu'il fallait pour apprendre que Benotman était mort en février 2015 à l'âge de cinquante-quatre ans et qu'il avait passé près d'un tiers de sa vie en prison.
Pour voir quelques photos aussi, je l'avoue : une belle gueule mature emprunte de sérénité souriante, bien loin de l'image de celle d'un truand récidiviste que je pouvais imaginer.

Je m'en suis tenue là, et j'ai lu Un jardin à la cour.

Lire la suite "[lu, vu] abdel hafed benotman, un diamant noir" »


[dorothée blanck] la belle dériveuse a tiré son dernier bord

Cérémonie des Césars 2016, Canal +, 83:53Choc : c'est en regardant la cérémonie des Césars à la télé hier soir que j'ai appris la disparition de Dorothée à presque 82 ans. Tristesse, émotion, regrets.

Sur la page Facebook lien de Ciné-Tamaris, c'est Agnès Varda qui en avait fait l'annonce délicate, le 4 février (Dorothée est morte à Cochin le 16 janvier). Un commentaire particulièrement touchant : “ Didier Desiderio : Merveilleuse dans son dernier film (en montage) Jours de France. Elle ne saura pas. Je suis triste, elle qui s'inquiétait de ne pas nous décevoir... Superbe et délicate. RIP ”

Sur la page Wikipedia lien de Dorothée, il n'y a pas (encore) de photo, quel dommage !

Dorothée tenait un blog lien depuis... 2004 (comme moi) ! C'est pour ça que je l'avais rencontrée il y a quelques années dans la vraie vie. Puis perdue de vue. Je l'avais sue gravement malade, puis, courageusement elle avait récupéré. Je lisais toujours ses petits articles émouvants. Le dernier, sur la nostalgie de Noël date du 12 décembre 2015.

Pour en savoir plus sur la vie pas ordinaire de cette femme exceptionnellement belle, céleste vagabonde, indépendante et libre, superbement sauvage, vous pourrez relire les articles de ce blog dans lesquels j'ai parlé de Dorothée (catégorie : dorothée lien)

 


[vu, lu] cavanna, pour toujours plus vif que mort et enterré

billet écrit après avoir vu Cavanna / Jusqu'à l'ultime seconde, j'écrirai lien, le film de Nina et Denis Robert, puis lu Lune de miel lien, le dernier (ultime) livre de François Cavanna

quatrième de couverture : Cavanna, trente ans après Les Ritals et Les Ruskoffs, nous offre un tableau réjouissant de souvenirs, réflexions et anecdotes. Avec toujours la même verve et la même insolence, il évoque la période du STO en Allemagne, l'aventure de Hara Kiri ou les atteintes de l'âge. Sans rien oublier de ses origines, il reste ouvert aux mouvements du monde. Une gouaille formidable anime le récit de sa jeunesse outre-Rhin et, loin de tout pathos, il sait rendre touchante et drôle la description des progrès de la maladie et des divers malheurs liés à l'âge. Quant à Hara Kiri et Charlie Hebdo, Cavanna en brosse un tableau qui aide à comprendre le caractère presque miraculeux – du moins à ses débuts – de cette aventure de presse. — Beaucoup de tendresse, des coups de gueule bienvenus, d'innombrables anecdotes racontées avec la truculence et la causticité apprises chez Rabelais : voici l'œuvre d'une écrivain amoureux de la vie et des plaisirs, mais aussi, et surtout, de la littérature.– J'en ai fait quoi de Cavanna ?

Je me demandais ça en feuilletant rageusement un carnet fatigué extirpé du fond de mon sac, à l'envers, au milieu, à l'endroit, pour retrouver les vagues notes que j'avais tenté de prendre dans le noir pendant la projection du film hommage à Cavanna. Enfin je les ai retrouvées :

Lune de miel / ma parole  : c'est l'écriture, à la main / me séduire moi-même en écrivant  séduire ou indigner, c'est dominer (le lecteur) / Sylvie Caster / la petite Virginie ? / je me laisse aller à écrire, exaltation, ta-ga-da !

C'est tout ! Maigre moisson, et surtout presque illisible, de guingois, comme un hommage subliminal au gribouillis que l'infâme Miss Parkinson imposait à la main de Cavanna à la fin de sa vie. Quelques mots dans mon carnet, c'est tout, mais il y a presque tout, et surtout les premiers, la clé pour entrer chez François Cavanna : Lune de miel, son dernier magnifique bouquin.

Lire la suite "[vu, lu] cavanna, pour toujours plus vif que mort et enterré" »


[radio] thérèse clerc, les moments parfaits de sa vie

crédit photo http://www.humanite.fr/culture/nicolas-philibert-la-maison-de-la-radio-receptacle-518855Ce dimanche matin, Rebecca Manzoni était à Montreuil chez Thérèse Clerc lienpour l'émission Eklectik liensur france inter.
Il y a eu ce moment absolument  délicieux où Rebecca laissant le micro ouvert, on entend les rires aux éclats de Thérèse sur la fameuse chanson coquine de Colette Renard : Les nuits d'une demoiselle.
Tout l'entretien est formidable, mais j'ai retenu la fausse fin habilement introduite par Rebecca, qui amène Thérèse à parler de son amour des mots (transcription dans la suite de cette note).

Au cinéma le même jour j'ai vu le documentaire de Nicolas Philibert : La maison de la radio.
Une belle réalisation  qui rend hommage aux sons, aux voix et aux mots, avec des images.
On y voit la fin de l'émission Eklectik consacrée à Jean-Bernard Pouy. En expert de La Belle de Fontenay, il consacre sa minute de solitude, désopilante, à... la patate !

Lire la suite "[radio] thérèse clerc, les moments parfaits de sa vie" »


[interlude breton] la chasse aux enfants, le film qui ne se fit pas

Emile Savitry lien— un récit photographique de La Fleur de l'âge , le film maudit de Marcel Carné, d'après le scénario de Jacques Prévert, tourné à Belle-Île-en-Mer en 1947

livre chez Gallimard et expo photos à Vannes dans le cadre du Festival Photos de mer
Anouk Aimée, 15 ans et le chat Tulipe, été 1947
En 1934 un fait divers bouleverse Prévert : pour mater la rébellion des jeunes internés de la maison de redressement de Belle-Île, les autorités locales font appel aux habitants et aux touristes. Une prime est distribuée pour chaque fugitif retrouvé... Jacques en fait un poème, La Chasse à l'enfant, et un scénario.

Ce n'est qu'après la guerre que les vieux amis Carné et Prévert pourront concrétiser leur projet de film basé sur cet événement triste et révoltant. Hélas, de mai à juillet 1947, d'incidents en difficultés techniques et financières, le tournage vire à la catastrophe et sera complètement arrêté au bout de trois mois. Cela fait penser à L'Enfer de Clouzot... Sauf que cette fois on a complètement égaré et jamais retrouvé ce que Marcel Carné avait finalement sauvé et monté une dizaine d'années plus tard.

Il ne reste aujourd'hui que les émouvantes photos noir et blanc du tournage. A Vannes une exposition toute simple présente une petite centaine des clichés (sur 600) du photographe Émile Savitry. Attendrissante Anouk Aimée en jeune amoureuse désespérée. Serge Regianni, le mauvais garçon ébloui par la parisienne Arletty, croisiériste de grand charme. Paul Meurice inflexible et rigide en maton maître-chien. Et Belle-Ile-en-Mer, décor et personnage. Figurants, techniciens, metteur en scène, scénariste. A Vannes, j'ai vu les belles images d'un film fantôme, merci Monsieur Savitry.

Lire la suite "[interlude breton] la chasse aux enfants, le film qui ne se fit pas" »


[niguedouille] elle voit delpy partout...

ce matin dans mon quartier, en sortant de la boulangerie

Albert Delpy, absolument tel que je le vois quand je le croise dans les rues de mon quartier !— Ça alors : encore vous Monsieur Delpy ! Figurez-vous qu'hier j'étais dans une pizzeria de la rue de Mézières et je vous ai vu passer dehors, j'ai même dit à l'amie avec qui je déjeunais : “ Tiens c'est Albert Delpy, le père de Julie Delpy, c'est marrant, je le croise souvent dans la rue... ” et puis justement ce matin, je retombe sur vous ! En plus je viens de voir Le Skylab il y a quelques jours sur Canal. La dernière fois qu'on s'était parlé vous m'aviez un peu tancée parce que ne l'avais pas encore vu. Vous aviez raison. Quel joli film ! J'ai beaucoup pensé à Marie [Pillet] votre femme, que votre fille interprète et à qui le film est dédié.
— Oh oui, et ma mère... qui est morte il y a juste deux semaines... à cent ans ! C'est Bernadette Lafont qui jouait son personnage dans le film de Julie.
— C'est drôle tout de même que je vous croise dans la rue comme ça tout le temps, on habite le même quartier d'accord, mais c'est drôle ! Bon il y a aussi votre look... reconnaissable... enfin moi je le reconnais !

Lire la suite "[niguedouille] elle voit delpy partout..." »


[ciné] sur l'affiche, sur l'écran, et dans la salle...

LolaDorothée Blanck est allée voir la version restaurée du film de Jacques Demy dans lequel elle jouait en 1961, et qui ressort sur les écrans (dommage qu'il ne soit pas programmé à Pontchateau cet été !).
Voici ce qu'elle écrit sur son blog :

" Sur l'affiche je suis derrière le marin,lien Alan Scott, qui est derrière Lola, Anouk Aimée, la moitié du corps en flou, destin usuel, ce qui m'oblige à payer ma place au cinéma sans demander mon reste. A l'Arlequin cet après midi les trois quart de la salle sont des dames de mon âge qui ont déjà vu le film lors de sa sortie. L'émotion est toujours la même devant ces destins croisés et contrariés. "

 

 

[ sur l'affiche, Dorothée à l'arrière plan, rieuse, a les bras en corbeille, et c'est elle que le marin regarde... pas Lola-Anouk ! ]

Lire la suite "[ciné] sur l'affiche, sur l'écran, et dans la salle..." »