[jaserie littéraire] ne désespérer jamais
[vu] la robe de mariée, texte de katherine battaiellie

[2024, J1] d'un an l'autre, l'un dans l'autre

BARTELT-ALMANACH-COUVERTUREAu  milieu de tous les vœux que vous avez déjà reçus, que me reste-t-il à vous adresser en ce premier jour d'année bissextile qui n'ait déjà été souhaité, redouté, espéré, présagé, envisagé, désespéré, désiré, sollicité, prié, imploré, revendiqué... ?
Ah si, une chose toute simple : faites-vous plaisir et offrez-vous L'Almanach des uns, des unes et des autres de Franz Bartelt à l'Arbre vengeur.

Depuis toujours Bartelt note chaque jour ce qu'il voit, entend et lui passe par la tête dans des cahiers qui lui servent à alimenter ses romans. Il a composé un éphéméride en piochant dans les entrées datées de ses carnets. Pas une véritable année, donc, mais la succession calendaire des jours : un jour d'une année suivi du jour d'une autre qui peut être antérieure ou ultérieure, etc.

En guise de note de lecture je vous offre sans honte deux extraits choisis pas tout à fait par hasard au début et à la fin de cet almanach (1er janvier 1998, 31 décembre 1999)

 

“ 1er janvier (1998)
Il y a une jouissance spéciale à se lever frais et dispos un lendemain de réveillon, tandis que la ville cuve ses dernières bulles de mousseux de bonne qualité. À neuf heures du soir, les voisins essayaient déjà de faire parler la poudre. Les pétards étaient mouillés et faisaient plof!, parfois plaf!, jamais boum!. Le fils criait dans le jardin : “ L'air est humide derrière les oreilles ! ” Le gendre lui répondait : “ On n'aurait pas dû les stocker dans le garage ! ” Ils n'ont réussi qu'à enfumer l'avenue Jean-Jaurès. L'odeur de poudre pénétrait partout, même dans les maisons. Quelqu'un a dit : “ C'est les sacs qui sont mouillés ! ” Et tout le monde a réintégré la table du repas de famille, pendant qu'en guise de regrets le fils jetait à la nuit qu'il abandonnait derrière lui : " C'est dommage, parce que ç'aurait été beau ! ”

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“ 31 décembre (1999)
Lu sur les murs de Rethel, cette afiche pour un magasin : “ Les cadeaux de l'an 2000 à des prix fin de siècle ! ” Je crois que cela ne veut rien dire. Est-ce qu'il y a de gens pour se faire prendre à une si belle niaiserie ? Je le crois. Qu'est-ce que des prix de fin de siècle ”, aussi ? Et pourquoi pas des prix de fin de millénaire ? Puisque on en est là...
Ce qui est bête, c'est qu'on vit confortable à notre époque. On a tout. Et de la vaisselle qui n'attache pas. Et des loisirs adaptés à nos humeurs et à leurs variations. Des moyens de transport. Des médicaments pour être moins malheureux. Franchement l'homme est bien ici bas, s'il a la chance de peupler des pays industrialisés. Il illumine les rues de ses villes. C'est superflu. Un gaspillage d'énergie d'une inutilité vaniteuse. Rien. Pourtant, il illumine ses viles. Une folie terrible. En cette fin de siècle, il y a certains coins de nuit où il fait clair comme en plein jour. Les budgets ont débloqués des fonds pour tirer des feux d'artifice gigantesques. La poudre va parler aussi fort et aussi haut que pendant la Grande Guerre. Le monde célèbre sa victoire : avoir tenu jusqu'à l'an 2000, et se dire que ce n'est pas fini ! ”

 

>> sur ce blog, une note de lecture d'un roman de Franz Bartelt :

  • L'hôtel du Grand Cerf
    plaisir de retrouver les fondamentaux du polar à l'ancienne (Simenon, Boileau-Narcejac, ...), mais bousculés et poussés loin dans les coins jusqu'à l'absurde, le surréalisme et l'humour noir

 

 

 

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