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2 notes en novembre 2021

[jaserie d'automne] hommages collatéraux

jaserie : note de blog de type fourre-tout où je raconte des trucs un peu personnels mais pas trop ; où je fais des petites recommandations timides pour des machins décalés si possible ; dans laquelle je vous invite à suivre des liens (ça c'est valable pour toutes mes notes, en fait)

Dans celle-ci il sera question de : betteraves, ossements, vitraux, crypte, armée de la Loire, Mac Mahon, commémoration, Ladon, parents (les miens), vivre à la campagne au Japon

Betteraves, route du LoiretHier 21 novembre 2021 en fin d'après-midi, sur le bord de la route de Pithiviers à Étampes, sous un ciel gris tabac, les énormes entassements de betteraves évoquaient pour moi un ossuaire... On ne s'est pas arrêtés pour faire la photo, mais ce matin j'en ai retrouvé une qui date de plusieurs années et qui rend bien l'impression ressentie.
— Mais pourquoi elle nous raconte ça ? pourquoi cette morbidité ? Ben parce que c'est de saison, et que c'est mon blog à moi.

Ladon, c'est le village du Loiret où mes parents ont vécu à partir de 1982, après Orsay, et où ils sont inhumés.

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[réédité, relu] renata n'importe quoi, roman de catherine guérard

aux éditions du Chemin de fer, novembre 2021, 178 pages, 18 euros

en 4è de couv : Catherine Guérard nous emporte dans le monologue de son héroïne, bonne à tout faire, qui décide un jour de quitter ses patrons pour devenir “une libre”. Ce sont trois jours et deux nuits d’errance, à marcher dans les rues, s’asseoir sur les bancs, regarder les passants et écouter les oiseaux. La narratrice va se confronter à un monde qu’elle semble découvrir au fur et à mesure qu’elle l’arpente, un monde qui la rejette systématiquement, elle dont la liberté ne peut souffrir aucune entrave. Le plus saisissant dans ce roman est la réussite magistrale d’un parti pris formel : une seule longue phrase ponctuée de quelques virgules et majuscules judicieuses. Le flot du texte emporte le lecteur dans les ressassements et les obsessions d’une pensée pleine de candeur mais toujours déterminée et dangereusement radicale. Publiée pour la première fois en 1967, cette œuvre résonne aujourd’hui comme un hymne prémonitoire. N’annonce-t-elle pas le vent révolutionnaire qui soufflera bientôt sur un monde corseté dans ses certitudes et empêtré dans sa peur de manquer ou de perdre ses acquis ? Renata n’importe quoi c’est l’invraisemblable odyssée d’une bonne de Giraudoux qui attendrait Godot. Un trésor qu’une communauté de lecteurs initiés se transmet comme une pépite, qui nourrit une réflexion profonde et nécessaire sur l’absurdité de nos sociétés, la loi, l’argent, le travail et la consommation. Ou pour le dire autrement : comment refuser l’aliénation qui nous est imposée sans apparaître soi-même comme un aliéné dans le regard des autres ?  "Alors leur vie ne leur appartient pas, ils obéissent au temps, et j’ai pensé Moi je suis mieux qu’eux ma vie m’appartient, je n’ai pas un patron qui possède ma vie, c’est horrible ça, j’ai pensé, d’avoir une vie qui n’est pas à soi, C’est des fous les gens, j’ai pensé, pour avoir de l’argent ils vendent leur vie à quelqu’un d’autre, comme si on vivait mille ans, comme si on vivait deux fois"Réédition tout à fait inattendue et très heureuse, d'un roman-culte, marquant et mystérieux ; c'est le second (dernier) roman d'une auteure incompréhensiblement disparue des radars de l'Édition, compte tenu de son talent et sa modernité.

Je l'ai lu une première fois en 2013 ; Alain Bonnand m'avait offert l'édition Gallimard (aujourd'hui épuisée), il avait deviné que cela allait me plaire. C'est lui encore qui vient de me signaler la réapparition de Renata n'importe quoi.

À l'époque j'avais voulu me renseigner sur l'auteure. Mais Catherine Guérard, c'est plutôt Catherine n'importe qui parce qu'avec ce nom très homonymé, on ne trouve pas grand-chose sur elle. Un Masque et la Plume de 67 à l'INA dans lequel elle intervient depuis la salle, mais aucune image. Est-ce que la Catherine Guérard qui regrettait le départ de bébé Adjani de la Comédie Française en 75, c'était elle ?  "Une Adjani, il n'y en a qu'une par siècle !". Si elle avait si complètement disparu des internets, c'était sans doute pour une triste raison ?

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