[carnet] mes petites jaseries de mars, numéro spécial philippe jaenada
mardi 02 avril 2019
jaserie : subst. fém. [ʒɑzʀi], [-a-] ; synon. de babillage. La jaserie avant le langage est la fleur Qui précède le fruit (Hugo, Légende, t. 4, 1877, p. 857)
Je commence à composer ce billet de mars le dimanche soir (20 heures 50, heure d'été), dernier jour du mois, mais je pressens qu'il ne va pas “partir” avant deux trois jours, et qu'il ne fera pas une taille xxl...
Hier (samedi 30 mars, donc) j'étais à la Maison de la Poésie lien à 10 heures (heure d'hiver) du matin.
Drôle d'horaire pour une rencontre littéraire.
Pourtant la salle est bien remplie. Les participants sont un peu engourdis comme le remarque Philippe Jaenada, goguenard, en posant son impérissable sac matelot écossais à ses pieds sur la scène :
— Vous pouvez parler entre vous !
Voix, physique, style, tout s'accorde dans la gamme costaud et solide, sans fantaisie inutile (à part le sac et une broche/clip que je n'ai pas identifiée).
J'ai déjà entendu PJ une ou deux fois, mais j'en redemande, alors trois heures de master class, j'allais pas rater ça.
Il nous parle de ses petits jobs d'étudiant attardé sans vocation : hôtesse pour un service du Minitel Rose sous les pseudos Claire et Sophie, traducteur de bluettes britanniques avec l'aide indispensable du Harrap's (PJ n'est pas fluant en anglais), rédacteur de nouvelles sentimentales pour Nous Deux...
Puis vers l'âge de 25 ans, cette étrange année de pétage de plombs qu'il passe enfermé dans son studio (je connaissais l'histoire, mais chaque fois cela me sidère : un an !). Aujourd'hui il présente cette incroyable coupure du monde comme une thérapie plutôt réussie qui l'a mené à l'écriture, pas tout de suite dans le but de publier des romans, mais comme activité pour se désennuyer et pallier le manque de communication. Cet épisode de sa vie n'est pas drôle du tout, pourtant PJ arrive à en faire sourire, comme il le fait dans ses romans avec les malaises, les galères et les maladresses de ses différents narrateurs (la patte Jaenada).
Après ça, il ne pourra plus vivre sans écrire des histoires (et en lire, ce qu'il a commencé à faire très tard). Il ne fait que ça maintenant, dit-il.
Dix romans publiés. Deux manières : l'autobiographie détournée/décalée pour les sept premiers (de taille "normale"), et pour les trois derniers (de taille beaucoup plus considérable), son éclairage personnel sur la vie fracassée d'un personnage "intéressant" ayant existé (Sulak, La Petite Femelle, La Serpe lien). Un quatrième dans cette veine est en préparation après un an de recherches. PJ en commence l'écriture qui devrait lui prendre six mois (pour la rentrée d'hiver 2020 chez Julliard ?).
Merci à la Maison de la Poésie et à Philippe Jaenada pour cette matinée chaleureuse et euphorisante (en plus ça ne m'a rien coûté parce que je suis adhérente !).
Grand succès (rires, applaudissements) à chaque extrait lu/joué par PJ, et encore plus pour le dernier, celui de La Serpe : “Et mes moutons ?“. Je défie quiconque l'a déjà lu ou entendu de rester de marbre au moment de passer commande dans un restau pseudo-chinois-vietnamien qu'il soit de Périgueux ou d'ailleurs. Moi je ne peux plus !
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1. note pour Isabelle V. : ça pourrait expliquer l'addiction de PJ aux parenthèses imbriquées !
Private clin d’œil : à quand une master class d'Erwan Larher à la Maison de la Poésie ? (parce qu'ils sont potes, et que PJ parle d'EL dans La Serpe, entre autres signes d'admiration croisés) ?
>> petite coupure (de l'anglais short cut)
Je prends assez souvent le taxi pour rentrer après la chorale ou un truc de jazz : taxi (pas uber).
L'autre soir, bien oxygénée par une répète énergique, je m'engouffre dans une voiture en station.
Le chauffeur me voit avec un porte-document, très working girl ; il m'interroge : sortie du boulot ?
Je rigole, non Monsieur, je suis en vacances moi, en vacances longue durée, la retraite, quoi.
Il insiste, dit qu'il n'y croit pas
Bon il fait sombre, et je me pique au jeu, j'en rajoute (un peu) :
— Eh si, et ça va faire dix ans, à l'époque on partait à soixante.
Et là il me sort le compliment qui va me faire me tenir droite pour dix ans encore :
— Quand on vous voit on dirait pas : un vrai petit écureuil ! continuez comme ça Madame !
Bon, avec le jeune homme bourré du mois d'octobre, ça fait deux admirateurs pas très regardants... mais vu l'époque et les circonstances, à moi de ne pas l'être, trop regardante !
>> adenga (agenda à rebours : ce qui est fait n'est plus à faire, ne pourra plus être fait)
♦ au Musée Henner, le 3 mars
petit musée de charme dans le quartier de mon enfance, proche de l’École Normale de Musique (j'y étais toute petite élève solfège-piano quand le maître Alfred Cortot la dirigeait encore !)
belle exposition Roux ! De Jean-Jacques Henner à Sonia Rykiel lien (jusqu'au 20 mai 2019)
♦ au salon L'Autre Livre, Palais de la Femme, le 8 mars
un peu déçue par le bâtiment trop nettoyé, pas assez dans son jus, mais cette manifestation des éditeurs indépendants lien est bien sympathique (mentions spéciales à Antonin Crenn, Philippe Annocque, Serge Safran)
♦ au Théâtre de Poche Montparnasse pour Les deux frères et les lions, le 12 mars
drôle d'histoire (vraie), drôle de pièce, drôles d'acteurs ; il parait que les deux frères jumeaux britanniques et multimillionnaires qui y sont représentés intentent un procès au dramaturge français...
ça parle du "droit viking" très très machiste en vigueur sur la petite île anglo-normande de Sark/Sercq
je me souviens de Iain Cox, un collègue chez Sun Microsystems qui était était natif et propriétaire sur l'île (rareté !)
♦ Jazzy Poppins lien, à l'Espace Paris-Plaine, le 13 mars
Adaptation très réussie de l'album Duke Ellington Plays Mary Poppins sous forme d'un conte musical pour tous les publics ; joué dans tous les sens du mot par un big band de jazzmen très professionnels
testé l'an dernier avant d'y emmener Jeanne cette année : super sortie !
♦ à Livre Paris, le 14 et le 17 mars
visite éclair juste le temps d'assister à la sympathique remise du prix France Quebec à Eric Plamondon pour Taqawan lien
croisé Jacques Damade sur le stand de sa maison d'édition La Bibliothèque alors que je venais (pas exprès) de poster ma note de lecture sur Les Captifs du Zoo lien
écouté Patrick Deville parler lecture et littérature devant des lycéens, passionné et passionnant, mais j'ai oublié mes notes dans les toilettes du salon !
>> le blog en or (chaque mois un blogue que j'aime, admire, envie, copie parfois)
Le mois prochain, peut-être.
- juste avant : mes jaseries de février 2019
- juste après : avril 2019 (publication envisagée début mai)