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4 notes en février 2019

[carnet] mes jaseries de février

jaserie : subst. fém. [ʒɑzʀi], [-a-] ; synon. de babillage. La jaserie avant le langage est la fleur Qui précède le fruit (Hugo, Légende, t. 4, 1877, p. 857)

vacances en Bretagne, fin des années 50, mes parents ont autour de 35 ans (l'âge de mes enfants aujourd'hui) — Suzel (3 octobre 1921 - 11 mai 2007), Charles (24 août 1920 - 5 février 2019)Orpheline : il faudrait un autre mot pour signifier la perte du dernier survivant de ses parents lorsqu'on est soi-même bien avancée en âge.

L'écrivain et psychanalyste belge Lydia Flem écrit1 :

“ A tout âge, on se découvre orphelin de père et de mère. Passée l'enfance, cette double perte ne nous est pas moins épargnée. Si elle ne s'est déjà produite, elle se tient devant nous. Nous la savions inévitable mais, comme notre propre mort, elle paraissait lointaine et, en réalité inimaginable. Longtemps occultée de notre conscience par le flot de la vie, le refus de savoir, le désir de les croire immortels, pour toujours à nos côtés, la mort de nos parents, même annoncée par la maladie ou la sénilité, surgit toujours à l'improviste, nous laisse cois. ”

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1. in: Comment j'ai vidé la maison de mes parents (Seuil 2004, Points 2013)

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[lu] nécrologie du chat, roman d'olivia resenterra

Serge Safran éditeur, mars 2019,lien 160 pages, 14 euros 90

4è de couverture : Un matin d’hiver, Ana quitte le lotissement qu’elle habite à la périphérie d’une petite ville perdue dans la campagne. Au bout de son bras, une caisse en plastique contenant le corps de son chat mort. Désemparée, marchant au hasard, à la recherche d’un lieu pour enterrer l’animal, Ana est confrontée à l’incompréhension et la cruauté des différentes personnes qu’elle croise sur son chemin : un fermier célibataire et sa gouvernante prête à tout pour éliminer une potentielle rivale, une famille de cyclistes menée par un père autoritaire, un gardien de cimetière pour animaux, spécialiste des obsèques « sur mesures », un duo de criminels en cavale… Pendant ce temps, un renard, qui semble tout droit sorti d’une fable, rôde aux alentours… — Olivia Resenterra, née à Rochefort-sur-mer en 1978, a étudié les lettres et la philosophie à Poitiers, Salamanque et la Sorbonne. Elle est l’auteur d’un essai, Des femmes admirables, portraits acides, publié aux éditions PUF en 2012 et d’un roman, Le Garçon, scènes de la vie provinciale, aux éditions Serge Safran en 2016.Le chat d'Ana ne griffera plus.
Par bonheur pour nous, Olivia Resenterra, son exécutrice testamentaire littéraire, le fait à sa place.

Ce deuxième1 roman est un coup de griffe : incisif, rapide, inattendu.

Voilà donc Ana un peu déboussolée cherchant l'endroit pour une sépulture digne du matou décédé qu'elle transporte dans son panier de voyage.
Commence alors Nécrologie du chat, dernier voyage du félin et de sa maîtresse, en forme d'odyssée miniature : trois jours d'errance hivernale, de brèves rencontres inutiles, de dialogues de sourds.
Une boucle de quelques kilomètres qui ramène le lecteur au point de départ, un peu sonné, mais admiratif de la maestria de l'auteur qui fait tant avec si peu.

En pointant la frimousse du chat sur l'image à gauche, vous lisez la quatrième de couverture qui détaille le périple funéraire d'Ana mieux que je ne saurais le faire. Je m'aperçois qu'il y manque quand même la toute première rencontre : la concierge de l'immeuble duquel Ana sort dans les premières pages.
On ne peut pas tout dire quand on fait le résumé pour le dos d'un roman... C'est bien, ça me laisse un peu d'initiative !

 

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1. le premier : Le Garçon, scènes de la vie provinciale, Serge Safran éditeur, 2016

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[masse critique, babelio] l'appel, roman de fanny wallendorf

Finitude, janvier 2019,lien 352 pages, 22 euros
lu pour l'opération Masse Critique de Babelio lien (on choisit un livre dans une liste de nouveautés, on reçoit le livre, on donne son avis sur le livre, on le partage)

4è de couv : Richard est un gamin de Portland, maladroit et un peu fantasque. Comme tous les adolescents de l’Amérique triomphante du début des années 60, il se doit de pratiquer un sport. Richard est grand, très grand même pour son âge, alors pourquoi pas le saut en hauteur ? Face au sautoir, il s’élance. Au lieu de passer la barre en ciseaux, comme tout le monde, il la passe sur le dos. Stupéfaction générale. Cette singularité lui vaut le surnom d’Hurluberlu. Il s’en fiche, tout ce qu’il demande, c’est qu’on le laisse suivre sa voie. Sans le vouloir, n’obéissant qu’à son instinct, il vient d’inventer un saut qui va révolutionner sa discipline. Les entraîneurs timorés, les amitiés et les filles, la menace de la guerre du Vietnam, rien ne détournera Richard de cette certitude absolue : il fera de son saut un mouvement parfait, et l’accomplissement de sa vie.   « Il n’a rien prémédité, il a laissé faire, c’est comme si son mouvement avait pensé pour lui. » —  Fanny Wallendorf est romancière et traductrice. On lui doit la traduction de textes de Raymond Carver, des lettres de Neal Cassady (2 volumes, Finitude, 2014-2015) et de Mister Alabama de Phillip Quinn Morris (Finitude, 2016). L’appel est son premier roman.

Je me souviens que mon pied d'appel était le droit, ce qui me singularisait un peu mais ne me consolait ni de mon inaptitude crasse au saut en hauteur, ni de mon exécration des séances de plein air.
C'est dire si j'ai pris des risques en choisissant un premier roman de trois cent cinquante pages sur la technique du saut dorsal !
Masochisme expiatoire...?
Finalement non, car bien — et même mieux — m'en a pris.
L'appel n'a heureusement rien du compte rendu hagiographique des exploits d'un grand sportif.
Pourtant c'est en partie la vraie fausse biographie d'un médaillé olympique, dont Fanny Wallendorf révèle elle-même la clé dans une note d'introduction :

L'Appel est un roman, il trace l'itinéraire d'un adolescent jusqu'à un point culminant de son existence. Surnommé "l'Hurluberlu", parce que gaiement obsédé par le désir de suivre sa propre voie, Richard est un personnage fictif. Je n'ai gardé, de la vie de [Dick] Fosbury, que les faits sportifs et quelques détails qui servent la vérité du livre et de mon personnage. ”

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