[carnet] mes jaseries de janvier
jeudi 31 janvier 2019
jaserie : subst. fém. [ʒɑzʀi], [-a-] ; synon. de babillage. La jaserie avant le langage est la fleur Qui précède le fruit (Hugo, Légende, t. 4, 1877, p. 857)
>> la grande jaserie du mois
J'avais presque décidé de sauter le mois de janvier malgré mon "engagement" à le publier début février... et puis un ami-lecteur attentionné m'a demandé des nouvelles et dit qu'il s'inquiétait un peu de ne rien lire (on n'était pourtant encore en janvier !).
Je le remercie pour cet encouragement à ne pas lâcher l'affaire jaseries !
Une autre amie, médecin, me confirme que maintenir même a minima l'effort de mettre en forme et rédiger mes petites notes de carnet est bénéfique pour mon intellect fatigable : j'obéis donc à la prescription !
Un autre motif me pousse à poursuivre... beaucoup moins avouable et sympathique : j'ai reçu hier la facture annuelle de mon abonnement Typepad, et effectivement, il faudrait raisonnablement que je me pose un jour la question de savoir si cela vaut le coup de payer pour écrire un ou deux billets par mois ?
Et là la paresse me submerge : pourquoi changer un système confortable (installé depuis 2004, mais gratuit pendant de longues années et devenu payant il y a deux-trois ans) ?
Je fais pareil pour le passe Navigo : je paie pour ne pas avoir à faire le calcul et devoir renoncer au confort de ne rien avoir à faire (ça s'appelle comment cette manie ?)
Il y aura donc finalement pour le mois écoulé quelques articulets, afin de conserver l'élan. Et pour la suite, on verra...
— à la Cité de l'architecture (bibliothèque de recherche), Nuit de la lecture (3ème édition), samedi 19 janvier
D'abord le lieu, magnifique ; au Palais de Chaillot : par la baie qui donne sur les jardins du Trocadéro, le symbole scintillant de l'architecture parisienne !
Petit bémol signalé par une habituée des lieux avec qui je bavarde en attendant le début de la rencontre : avant sa rénovation de prestige, les étudiants chercheurs avaient comme tout le monde accès à la belle terrasse du café-restaurant Les Monuments (RIP).
Désormais baptisé Girafe un restau gastronomique intimidant et très fermé a pris la place.
Pour le public du musée, les étudiants et chercheurs en architecture : des distributeurs de boissons et confiseries... (pfffuuu !)
Pour un Tête de lecture spécial ville(s) & paysage(s),Yves Heck avait invité Gilles Clément, jardinier-écrivain, auteur de nombreux ouvrages techniques, essais, et romans.
Pendant une heure trente, le comédien lit à la volée des extraits de livres de son invité, compose à l'aide de questions son portrait chinois, lit une page tirée au sort de La Recherche (Proust), et des pages choisies par quelques spectateurs.
Mes pages ont été lues ! C'est au début d'une chronique d'Henri Calet : Un beau métro tout neuf (1951, republiée en 2000 et 2014 en recueil par Gallimard : De ma lucarne)
“ On peut circuler sous la ville en tous sens, on a le droit de parcourir un nombre à peu près illimité de kilomètres. Par surcroît, il y fait très chaud. Les tunnels sont uniformément gris. Mais il ne nous viendrait pas à l'esprit de nous plaindre ni d'exiger, contre nos deux francs, un vrai paysage avec des arbres piqués dessus, et de l'herbe et du vent. Nous comprenons bien que ce n'est pas possible. Et d'ailleurs, quelles sortes de fleurs pousseraient à de telles profondeurs ? Et qu'est-ce que c'est que deux francs ? ”
Puis Calet décrit le trajet du métro aérien de Pasteur à Passy, les quartiers traversés, populaires d'abord, jusqu’aux beaux immeubles bourgeois du XVIème... une lecture in situ !
— Aaron Swartz (8 novembre 1986 - 11 janvier 2013)
Cette année, c'est la sortie du livre de Flore Vasseur Ce qu'il reste de nos rêves (Éditions des Équateurs), qui a réveillé le drôle de sentiment que j'ai chaque fois que je pense à la disparition d'AS.
Une pseudo-blessure, puisque j'étais déjà à la retraitre en 2013 et que je n'avais jamais croisé AS né la même année que Clément-Fils.
Mais touchée au point de traduire le jour même où elle l'a écrit (le surlendemain de la mort d'Aaron), le message-hommage de son amie la sociologue "punk" danah boyd :
comment vivre avec la mort d'aaron swartz lien
J'ai retrouvé beaucoup de ces émotions bizarres, personnelles sans l'être tout à fait, dans le récit de Flore Vasseur, beaucoup plus jeune que moi, mais qui n'a pas connu, elle non non plus, AS dans la vraie vie.
Elle aussi s'interroge et s'étonne du retentissement qu'à eu le geste fatal du jeune homme : colère et incompréhension, sentiment de perte et de gâchis d'une intelligence hors du commun, tristesse et impuissance.
La lire était presque douloureux. Je n'ai pas encore réussi à écrire de note de lecture. Sur France Inter, deux bonnes chroniques dont celle d'Hervé Pauchon.
>> adenga (agenda à rebours, ce qui est fait n'est plus à faire)
— The Boy Friend, film de Ken Russel avec Twiggy à la cinémathèque, le 6 janvier
J'y allais pour Twiggy (The face of the year '66), j'ai adoré ce film un peu long, déjanté, magnifique.
— Philippe Meyer, en conteur d'histoires de sa vie (surtout radiophonique), péniche Le Marcounet, le 20 janvier
Décidément, j'aime les voix... ici sobrement accompagné à l'accordéon, PM raconte, chante et imite. Bonheur.
— Les artistes ont-ils vraiment besoin de manger ? à la Maison de la poésie, le 25 janvier
Martin Page et Coline Piéré ont mené l'enquête, interrogé une trentaine d'écrivains et illustrateurs, rassemblé et publié leurs réponses.lien
Sur la scène : lectures et discussions avec Mathieu Simonet, Julie Bonnie, François Bon et Martin Page ; leurs bricolages, les choses qui vont et qui ne vont pas. Un beau moment sincère et pas pleurnichard pour un sou.
>> le blog en or (chaque mois un blogue que j'aime, admire, envie, copie parfois)
retrouvez la rubrique du blog en or dans mes jaseries de février (ceci n'est pas un engagement contractuel) !
- juste avant : mes jaseries de décembre 2018
- juste après : février 2019 (publication envisagée début mars)