[lu] scherbius (et moi), roman d'antoine bello
lundi 18 juin 2018
Gallimard, mai 2018,lien 448 pages, 21 euros
Totalement addictive, la lecture des Bello !
Je n’en rate pas un ; ils déboulent à un rythme exquisément inexorable, un par an ; Scherbius (et moi) est le onzième, les précédents sont disponibles en Folio.
« Scherbius n’est ni le premier imposteur ni la première personnalité multiple, il est le premier imposteur à personnalités multiples »
La quatrième de couverture est tellement bonne que ce serait bête et fatiguant d’essayer de faire mieux (passez la souris, sans cliquer, sur l’image pour la lire).
Le héros du titre, Scherbius, Alexandre, (pas Arthur) est une énigme (Enigma haha !) pour Moi.
Moi, c’est le Docteur Maxime Le Verrier, son psychiatre.
Antoine Bello nous apprend (souvent à nos dépends) à faire très attention aux noms des personnages dans ses romans : du sens, du contre-sens, il y en a dedans aussi.
Alors, Le Verrier... miroir, reflet ?
Jusqu’à la forme (le livre, l’objet) qui a du sens, du fond.
Sous la sévère couverture ivoire, filets rouge et noir, une fois passés les feuillets habituels (du même auteur, faux titre, grand titre), surprise : une nouvelle page titre, évidemment différente de la première, mais il y a des ressemblances ; un titre raccourci (oui c’est possible), un autre auteur (Maxime Le Verrier), un autre éditeur (Editions du Sens, collection Psy), une autre date (1978)...
Reprenez le livre en mains, observez la tranche. Elle est rayée de noir par des intercalaires. Il y en a cinq, d’un beau noir mat.
Bon vous avez compris : ce sont les publications du psychiatre que vous allez lire.
Pendant 25 ans (1978-2004), tous les cinq ans environ, il publie un addendum à son étude initiale du cas Scherbius, passant d'une hypothèse à l'autre et développant une relation très particulière avec son malade. Bonne lecture !
On joue beaucoup dans les romans de Bello. On s’amuse bien.
Ça manipule dans tous les sens.
Au plus haut niveau, le chef mystificateur c’est l’auteur.
Il manipule ses personnages et ses lecteurs. Comme lectrice je reconnais aimer beaucoup être manipulée par... ouch, vous m’avez comprise.
Sous des dehors de lecture-plaisir-clin d’œil, et sous réserve de ne pas tout prendre tout le temps pour argent comptant, on apprend et comprend énormément de choses en lisant Antoine Bello.
Moi, cette fois, c'est sur les troubles de la personnalité et l’histoire de la psychiatrie, car je n’y connais presque rien.
Mais parmi mille autres thèmes malicieusement émaillés dans Scherbius (et moi), je retiens surtout ceux, subtilement développés, de la relation entre un écrivain et son modèle "vivant", du plagiat, de l'usurpation d'identité, appliqués aux milieux de l'édition scientifique ou généraliste.
Vivement le prochain Bello !
>> elles et ils en parlent aussi :
- les lecteurs de Babelio
- les libraires de Charybde
" Le mystère à multiples fonds d’une imposture pathologique… et d’une singulière relation patient-psychiatre. Vertigineux. " - à compléter
>> j'ai chroniqué ici :
- L'Homme qui s'envola
"faux" roman américain, parfaite lecture d'été : de l'action, de la psychologie, de la manipulation, du jeu, de la vengeance... - Les Producteurs
troisième et dernier volume de la trilogie "Sliv Dartunghuver" après Les Falsificateurs et Les Eclaireurs. Construction romanesque totalement originale où la fiction et la réalité sont étroitement intriquées. L'auteur est un mécanicien de la narration hors pair, doté d'une imagination incroyable. Tout en amusant le lecteur, Antoine Bello l'invite à réfléchir sur le sérieux et l'indépendance de l'information livrée au grand public sur les sujets géopolitiques actuels, comme sur les vérités soi disant historiques.