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3 notes en octobre 2017

[lu] suzanne,1947, roman de catherine soullard

Éditions Pierre-Guillaume de Roux, octobre 2017, 158 pages, 20 euros

4è de couverture : Le 21 octobre 1947, le sous-lieutenant Claude Loranchet-Reverdet trouve la mort à l'hôpital de Haïphong, après avoir essuyé un tir ennemi tandis qu'il se livrait à un nouvel acte de bravoure. Trois mois au paravant, il a rompu avec Suzanne. A-t-il pressenti qu'il ne la reverrait plus ? Ou a-t-il simplement manqué de courage ? Dans ce roman-enquête, qui progresse dans le pière du Tonkin sur fond de scènes de combat d'une violence hallucinée, Catherine Soullard rouvre la double plaie de la mémoire : celle de la guerre, celle du coeur.En 1947 Suzanne a vingt ans.
Vingt ans en 1947, c'est une adolescence pendant la guerre, à Marseille, et des rêves pour après, quand le fiancé dont on a vu s'éloigner le bateau vers l'extrême-orient sera de retour. Mais Claude ne reviendra pas. Tombé à l'ennemi, mort pour la France au Tonkin, le 21 octobre 1947, à vingt-trois ans.

Catherine Soullard ne dit presque rien des liens qui lient sa narratrice à Suzanne, de ce qui la lance sur les traces effacées de Claude.
Presque rien, mais suffisamment pour suggérer que l'histoire de Suzanne et Claude la touche de près, elle, Catherine.

Pour commencer, peut-être cette rêverie où la couleur verte fait ressurgir par association euphonique un nom de famille entendu jadis, oublié : Reverdet.
Puis, dans un coffret vert, un insigne de la Légion, et tout au fond du portefeuille une petite photo d'identité racornie.

“Jusqu'à la fin de sa vie, ils sont restés près d'elle, en secret. ”

L'auteur n'explique pas (il y a d'autres indices diffus), mais ce genre de découvertes, on sait bien quand et qui les fait, n'est-ce-pas ?

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[#mrl17] gabriële, biographie, anne et claire berest

Stock, août 2017,lien 450 pages, 21 euros 50

Femme de... Mrs Y... épouse X... ? Quel statut pour celles que les historiens des arts ont souvent vues comme des muses, des égéries, sans trop se demander si elles avaient existé, ou voulu exister, par elles-mêmes aux côtés de leur grand homme ?

Septembre 1908. Gabriële Buffet, femme de 27 ans, indépendante, musicienne, féministe avant l’heure, rencontre Francis Picabia, jeune peintre à succès et à la réputation sulfureuse. Il avait besoin d’un renouveau dans son œuvre, elle est prête à briser les carcans : insuffler, faire réfléchir, théoriser. Elle devient «  la femme au cerveau érotique  » qui met tous les hommes à genoux, dont Marcel Duchamp et Guillaume Apollinaire. Entre Paris, New York, Berlin, Zürich, Barcelone, Étival et Saint-Tropez, Gabriële guide les précurseurs de l’art abstrait, des futuristes, des Dada, toujours à la pointe des avancées artistiques. Ce livre nous transporte au début d’un xxe  siècle qui réinvente les codes de la beauté et de la société. Anne et Claire Berest sont les arrière-petites-filles de Gabriële Buffet-Picabia.Anne et Claire Berest sont les arrière-petites-filles de Gabriële Buffet-Picabia (1881 -1985, 104 ans !). Les deux romancières font ensemble le portrait d’une femme à la Belle Époque, étonnante, moderne, importante. En refermant le livre je me demande ce que Francis Picabia (1879 - 1953) aurait accompli sans elle. Beaucoup moins sans doute. Et si même il aurait pu survivre à ses addictions et aux crises de neurasthénie qui annihilaient régulièrement sa créativité. Il lui devait beaucoup. Cette cérébrale intuitive avait brutalement abandonné pour lui, sans remords apparent, la voie exigeante qu’elle s’était choisie jeune femme : la musique abstraite, la composition.

À son honneur, l'imprévisible Picabia semble avoir toujours reconnu l’importance du rôle de sa femme auprès de lui. Ils ont été mariés de 1909 à 1919, et sont restés amis proches jusqu’à la mort du peintre. Mais elle n’a pas été que sa psy domestique et son infirmière. Loin de là. Elle était aussi son agent artistique, organisant expositions, voyages, contacts. Et surtout l’instigatrice de ses recherches d’abstraction avant-gardistes, suiveuse et complice de ses excentricités quand elle pressentait qu’elles déboucheraient sur une œuvre picturale ou poétique.

A côté de ça, les sœurs Berest ne cachent rien du revers de cette fusion amoureuse et artistique exceptionnelle. Les Picabia étaient des parents très peu impliqués dans l’éducation et la vie au quotidien de leurs quatre enfants. Ce sera fatal au quatrième et dernier, né au moment de la séparation du couple. Vicente se donnera la mort à vingt-sept ans en laissant une petite fille de quatre ans, la mère d’Anne et Claire Berest.

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[babelio, masse critique] les immortelles de prague, roman de sophie pons

Lemieux éditeur, juin 2017, 368 pages, 20 euros
lu pour l'opération Masse Critique de Babelio lien (on choisit un livre dans une liste de nouveautés, on reçoit le livre, on donne son avis sur le livre, on le partage)

4è de couv : Que cherchent-elles, toutes ces femmes qui accourent dans la salle d’attente du professeur Karacek, à Prague ?  Apolline déteste son quotidien d’assistante juridique dans un cabinet d’avocat parisien, elle fuit l’image que lui renvoient les miroirs, elle voudrait devenir quelqu’un ­d’autre… Elena, dite La Luna, ­s’est dédiée tout entière au culte de son corps parfait, ­c’est son assurance-vie dans le monde doré où elle brûle son ennui. Anne, photographe chevronnée, ­s’est résignée à travailler pour un magazine féminin. Elle rêve de grands reportages dans les sables rouges du désert, la voilà lancée dans une enquête sur les progrès de la ­chirurgie esthétique. À Prague, ville des alchimistes, des espions, des trafics sordides et des vieilles légendes, ­s’ouvre l’horizon des possibles, dans un jeu de leurres et de faux-semblants. Les élégantes façades cachent des palais en ruine, les hommes d’affaires sont des voyous, les touristes voyagent ­comme des prédateurs et la beauté se nourrit de sacrifices sanglants. Tout ­s’achète et tout se vend. On peut changer de peau, d’identité, d’avenir ou de passé. C’est un homme venu de la taïga qui fixe le prix à payer.Les préoccupations et les valeurs d'Anne Dot, journaliste d'investigation, sont très éloignées de celles des lectrices du journal "beauté" pour lequel elle accepte un reportage généreusement payé sur le tourisme esthétique en République Tchèque.
Un peu blasée au départ, sa curiosité professionnelle est titillée par les infos que lui délivre sur place l'énigmatique docteur Karacek, grand spécialiste de la "revitalisation par autogénération cellulaire" (cellules-souches embryonnaires).
C'est à ce même chirurgien praguois qu'Apolline Martin, jeune juriste parisienne complexée par son physique, a choisi de s'adresser pour une classique rhinoplastie.
Dans la même clinique, Elisa, la maîtresse ukrainienne du puissant Vladimir Ivankov, parfaite parmi les parfaites, rumine son mal-être et son désir d'insoumission.
Les chemins d'Anne, Apolline, Elisa et Vladimir vont se croiser, de Prague à Paris.

Apolline, la jeune femme un peu terne, limite bas bleu, nourrie de Baudelaire, Kundera et Kafka, va se retrouver dans la peau et les oripeaux d'Elisa, poupée de luxe soumise à un bandit ; contre toute attente, elle va beaucoup aimer ça. Et vice versa.
La beauté, l'aisance, et l'argent vont faire le bonheur de celle qui ne les connaissait pas. L'autre trouvera la sécurité en quittant sa vie clinquante et dangereuse.
Jusqu'à ce que...

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