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[babelio, masse critique] les immortelles de prague, roman de sophie pons

Lemieux éditeur, juin 2017, 368 pages, 20 euros
lu pour l'opération Masse Critique de Babelio lien (on choisit un livre dans une liste de nouveautés, on reçoit le livre, on donne son avis sur le livre, on le partage)

4è de couv : Que cherchent-elles, toutes ces femmes qui accourent dans la salle d’attente du professeur Karacek, à Prague ?  Apolline déteste son quotidien d’assistante juridique dans un cabinet d’avocat parisien, elle fuit l’image que lui renvoient les miroirs, elle voudrait devenir quelqu’un ­d’autre… Elena, dite La Luna, ­s’est dédiée tout entière au culte de son corps parfait, ­c’est son assurance-vie dans le monde doré où elle brûle son ennui. Anne, photographe chevronnée, ­s’est résignée à travailler pour un magazine féminin. Elle rêve de grands reportages dans les sables rouges du désert, la voilà lancée dans une enquête sur les progrès de la ­chirurgie esthétique. À Prague, ville des alchimistes, des espions, des trafics sordides et des vieilles légendes, ­s’ouvre l’horizon des possibles, dans un jeu de leurres et de faux-semblants. Les élégantes façades cachent des palais en ruine, les hommes d’affaires sont des voyous, les touristes voyagent ­comme des prédateurs et la beauté se nourrit de sacrifices sanglants. Tout ­s’achète et tout se vend. On peut changer de peau, d’identité, d’avenir ou de passé. C’est un homme venu de la taïga qui fixe le prix à payer.Les préoccupations et les valeurs d'Anne Dot, journaliste d'investigation, sont très éloignées de celles des lectrices du journal "beauté" pour lequel elle accepte un reportage généreusement payé sur le tourisme esthétique en République Tchèque.
Un peu blasée au départ, sa curiosité professionnelle est titillée par les infos que lui délivre sur place l'énigmatique docteur Karacek, grand spécialiste de la "revitalisation par autogénération cellulaire" (cellules-souches embryonnaires).
C'est à ce même chirurgien praguois qu'Apolline Martin, jeune juriste parisienne complexée par son physique, a choisi de s'adresser pour une classique rhinoplastie.
Dans la même clinique, Elisa, la maîtresse ukrainienne du puissant Vladimir Ivankov, parfaite parmi les parfaites, rumine son mal-être et son désir d'insoumission.
Les chemins d'Anne, Apolline, Elisa et Vladimir vont se croiser, de Prague à Paris.

Apolline, la jeune femme un peu terne, limite bas bleu, nourrie de Baudelaire, Kundera et Kafka, va se retrouver dans la peau et les oripeaux d'Elisa, poupée de luxe soumise à un bandit ; contre toute attente, elle va beaucoup aimer ça. Et vice versa.
La beauté, l'aisance, et l'argent vont faire le bonheur de celle qui ne les connaissait pas. L'autre trouvera la sécurité en quittant sa vie clinquante et dangereuse.
Jusqu'à ce que...

Cet échange de rôles est une idée romanesque qui fonctionne bien, en tout cas au début.
La beauté et la jeunesse, vues comme des valeurs marchandes, et donnant naissance à des trafics et des pratiques illégales, c'est bien aussi.
Le reste, le contexte mafieux, la violence politique, économique, et technologique, prennent trop vite et trop longuement le pas sur les premiers thèmes, à mon goût.
Mais j'ai bien apprécié l'importance donnée aux décors urbains (Prague, Paris), et l'idée joliment mise en mots et en images, que l'atmosphère d'une ville, l'appréciation de ses beautés et de ses laideurs, dépendaient de la position sociale (et de l'humeur !) du visiteur.
Elisa voit Prague comme un Disneyland infesté de touristes bas de gamme quand Apolline est éblouie par l'architecture baroque et les lumières magiques qui baignent la ville de Kafka.
Même chose pour Paris, que l'une juge triste, gris et sale, et que l'autre, enfin libre, arpente avec jubilation.
Évident et simpliste, pensez-vous ? En tout cas, cela donne à voir des paysages complexes et contrastés qui lorsqu'on les confronte ou les juxtapose, approchent sans doute la réalité.
Le personnage d'Ivankov est un magnifique méchant, séduisant et toxique, entouré de sbires patibulaires. Sophie Pons lui invente une enfance d'Oliver Twist sibérien qui donnerait à elle seule un bon petit roman, mais qui alourdit celui-ci.
Pour faire avancer l'intrigue, la romancière introduit au fur et à mesure et jusqu'à la fin, de nombreux personnages secondaires décrits avec minutie (trop ?) ; ils détournent l'attention, et dispersent l'intérêt. Dommage.

J'aurais aimé aimer ce premier roman, pour Prague, et pour l'idée de départ : la permutation d'identités et de valeurs entre deux patientes d'une clinique esthétique aux activités suspectes.
Et parce que la lecture d'une pure fiction, ça repose des exo- et autres auto-fictions de la rentrée littéraire !
Plaisir malheureusement gâché par la générosité de l'auteur.
Sophie Pons a voulu trop bien faire. Elle n'a pas laissé assez de place à la légèreté (de l'être !) et à l'humour, en voulant sans doute nous faire partager sa connaissance très approfondie des dérives mafieuses dans les démocraties des pays de l'est (avant d'être nommée à Paris, Sophie Pons a dirigé les bureaux de Moscou et Prague de l'Agence France Presse).

 

Merci à Babelio et Lemieux éditeur pour cette lecture qui sans être un coup de cœur, donne envie de retrouver Sophie Pons avec un second roman !

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