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[lu] dernière valse à venise, roman de stéphane héaume

Serge Safran éditeur, octobre 2017,lien 160 pages, 14 euros 90

Venise, cité des mystères, est le théâtre de la déchéance de Rodolphe Marchant. Alcoolique, malade, ruiné, il se sent pousser des ailes quand il rencontre l’envoûtante Dorothy White, ancienne danseuse, auprès de qui il se fait passer pour un richissime ténor, Rodolfo Marchanti.  Elle lui donne aussitôt la force de vaincre ses démons, de reprendre goût à la vie : ils se donnent sept jours pour s’aimer. Sept, comme le nombre de mois qu’il reste à vivre à Rodolfo. Sept, comme les temps d’une valse qui vacille. Sept, un chiffre qui semble porter chance à Rodolfo. Mais la valse des masques peut être cruelle. — Stéphane Héaume, né à Paris en 1971, est l’auteur de plusieurs romans publiés au Seuil, chez Anne Carrière et Zulma. Il écrit également des nouvelles et des textes pour le théâtre lyrique et l’opéra. Dernière valse à Venise fait suite à L’Insolite évasion de Sebastian Wimer (2016) chez le même éditeur.Deux personnages à la dérive, au bout de leur parcours, se rencontrent à Venise, place Saint-Marc.
Lui, jeune encore, séduisant, mais abîmé par les excès.
Elle, âgée, mais miraculeusement conservée, mystérieusement gracieuse et attirante.
Un pacte sans signature, une promesse secrète, va les lier pour quelques jours et faire croire à l'un d'entre eux en la possibilité d'un nouveau départ...

C'est un conte baroque, le récit d'un effort de rédemption bafoué, d'une trahison inexpliquée.
Une histoire de mensonges, de vies réinventées, de prémonition, d'espoir ultime d'amour et de consolation, de déception.

Comme sur scène à l'Opéra, les décors de la Valse incarnent le drame qui se joue en symbolisant passions et inclinations toxiques : le café Florian, le Rubby's, le Lido, le Casino, l’hôtel Excelsior, la Fenice...

Le final en plein air devant la basilique — dont je ne peux rien dire  (pour préserver la dramaturgie), sinon sa beauté picturale lumineuse, l'ambiance diurne, joyeuse et sonore — contraste terriblement avec la cruauté sombre de l'abandon, de la fin de la valse.

J'ai dit/écrit final, mais c'était pour ménager un rebond dans ma chronique... fausse fin !

Car il y a, après la Valse, après une note de l'auteur et la reproduction d'une eau-forte mystérieuse et funèbre1, peut-être pas vraiment une suite, mais une reprise du thème de la désillusion et de la perte.
C'est Ora Fatale (d'après le titre du grand air du roi dans Don Carlos de Verdi), un texte comme un bis, comme un dernier tour de la valse. 

 

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Elle : L'Inconnue, 1900 — Albert Besnard (1849-1934)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

>> Serge Safran éditeur aime Venise.... j'ai lu et beaucoup aimé :

  • Nouvelles vénitiennes de Dominique Paravel
    je partage l'excellent avis de Daniel Fattore sur son blog Fattorius :
     extrait: " Recueil de nouvelles, "Nouvelles vénitiennes" peut également être lu comme un tout, pratiquement comme un "roman en éclats" relatant, de manière chronologique, la destinée du seul personnage essentiel du récit: Venise elle-même. Le tout est porté par un style classique est limpide [...]
    chaque nouvelle relate, sans qu'on sache si c'est vrai ou non (mais au fond, qu'importe?), un épisode de l'histoire de la Sérénissime et de ses habitants. Le lecteur a envie de connaître la destinée du joueur Nicolò, à la fois détestable et fascinant casinotier avant l'heure. Ces éléments historiques offrent à l'auteur l'occasion de placer quelques objets qui créent un fil rouge tout au long du récit - on pense à la statue équestre de la place Saint-Marc ou à l'énigmatique portrait peint par Maître Lorenzo Lotto. Les plus illustres Vénitiens traversent ces nouvelles: l'Arétin, Antonio Vivaldi, quelques doges ou représentants de familles illustres. [...] "

  • Loin de Venise, Vivaldi Rosalba Casanova de Michèle Teysseyre
    je partage le plaisir de lecture du blogueur Hervé Gautier sur Babelio :
    extrait : " Trois vies vénitiennes partagées entre la solitude, les souvenirs de grandeurs et de succès, les rêves de séduction, les regrets et les remords aussi, que seule la création artistique parvient peut-être à adoucir. Image de cette condition d'homme qui n'épargne personne, quand les forces manquent, que les rides se creusent, qu'on s'accroche à un dernier espoir de mieux-être, que la mémoire se peuple de fantômes et qu'on devient fataliste… Quant à la Camarde, elle attend, tapie dans l'ombre parce que son heure arrive forcément. La vie est une comédie ou une tragédie, du théâtre assurément, qui fait passer l'acteur que nous sommes tous de l'ombre à la lumière puis de nouveau à l'ombre et nous fait oublier un temps un quotidien bien morne. "

 

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