[babelio, rentrée littéraire] la chambre des époux, roman d'éric reinhardt
mercredi 16 août 2017
Gallimard, Collection Blanche, août 2017, 176 pages, 16 euros 50
Ça fait bizarre de refermer un livre dont l'auteur (ou plus exactement, le narrateur du roman : Éric Reinhardt...) ne cesse de répéter, chapitre après chapitre, qu'il aurait voulu l'écrire mais qu'il ne l'a pas fait1.
Vertigineux.
Ce roman ne figurera donc jamais dans la bibliographie d'Eric Reinhardt ; il a pourtant un titre (Une seule fleur), une histoire, des personnages. Je l'ai lu.
La chambre des époux est le roman de l'histoire de ce roman, son enveloppe, sa coquille littéraire et matérielle.
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1. je lirai dans quelques jours le livre qu'un écrivain ne voulait pas écrire, mais qui l'a fait.
Chronologie de La chambre des époux
À la rentrée littéraire 2007, l'écrivain Éric Reinhardt, quarante-deux ans, présente Cendrillon, qu'il a écrit dans l'urgence pendant le traitement, les mois précédents, de sa femme Margot atteinte d'un cancer du sein. Succès en librairie pour lui. Rémission pour elle.
En mai 2008, à Aix-en-Provence, il croise une jeune femme en sursis : elle est atteinte d'un cancer du pancréas ; elle le touche par sa rage de vivre. Bouleversé, il décide d'en faire un personnage, lui donne le prénom de Marie, et prend des notes pour un nouveau roman dans lequel il transposera/transfigurera son propre couple : Nicolas, époux de Mathilde guérie d'un cancer du sein, y sera un compositeur de musique contemporaine ; à Milan, il rencontrera Marie, soignée pour un lymphome.
En 2011, Reinhardt continue de travailler au projet Une seule fleur mais il termine d'abord et publie Le système Victoria.
En 2012, il imagine une nouvelle transposition gigogne du trio d'Une seule fleur : après la mort de la Marie de Milan, Nicolas compose un opéra moderne dans lequel Frédéric, peintre, époux de Marlène, rencontre une autre Marie à Berlin.
En même temps, Éric Reinhardt commence à écrire L'amour et les forêts qui sortira en 2014. Comme un prétexte pour repousser toujours l'écriture d'Une seule fleur.
Cette imbrication intime entre histoire personnelle et travail de l'écrivain constitue la charpente visible (écrite, lisible) de La chambre des époux.
Ce que j'ai bien aimé
La construction en abyme, virtuose.
La symétrie/dissymétrie des histoires des couples d'époux (Éric/Margot, Nicolas/Mathilde, Frédéric/Marlène), les transpositions, les redites (nombreuses) appuyées, voulues.
La spirale narrative, qui fait naître une ambiance irréelle et idéalise (parfois trop) les situations morbides.
Le thème de la création artistique (littérature, musique, peinture) comme antidote consolatrice.
Ce que j'ai moins aimé
Un certain entre-soi peu réaliste : les personnages de La chambre des époux évoluent élégamment dans des décors très bourgeois, des milieux intello-artistiques de haut niveau, ils ne connaissent pas la crise, ni les couloirs des hôpitaux.
L'exposition nombriliste des désarrois de l'écrivain, puis en miroir de ceux du musicien, leurs crises de larmes exagérées, leur romantisme exacerbé, extravagant.
Des scènes d'amour gênantes, jusqu'à être ridicules, comme peuvent l'être les mauvaises représentations qu'en donne parfois le théâtre lyrique ; le thème de l'amour vainqueur de la maladie et de la mort, même idéalisé, peut difficilement être suspecté de tripatouillage romanesque, seulement Éric Reinhardt va beaucoup plus loin en mettant en scène le fantasme d'un homme sexuellement attiré par une femme condamnée et diminuée (et ça, c'est too much pour moi).
Au final un avis de lecture mitigé, entre admiration (pour la forme) et agacement (pour le contenu).
Merci à Babelio et à Gallimard qui m'ont offert ce roman très attendu de la rentrée littéraire.
À la rentrée littéraire 2007, l'écrivain Éric Reinhardt, quarante-deux ans, présente Cendrillon, qu'il a écrit dans l'urgence pendant le traitement, les mois précédents, de sa femme Margot atteinte d'un cancer du sein. Succès en librairie pour lui. Rémission pour elle.
En mai 2008, à Aix-en-Provence, il croise une jeune femme en sursis : elle est atteinte d'un cancer du pancréas ; elle le touche par sa rage de vivre. Bouleversé, il décide d'en faire un personnage, lui donne le prénom de Marie, et prend des notes pour un nouveau roman dans lequel il transposera/transfigurera son propre couple : Nicolas, époux de Mathilde guérie d'un cancer du sein, y sera un compositeur de musique contemporaine ; à Milan, il rencontrera Marie, soignée pour un lymphome.
En 2011, Reinhardt continue de travailler au projet Une seule fleur mais il termine d'abord et publie Le système Victoria.
En 2012, il imagine une nouvelle transposition gigogne du trio d'Une seule fleur : après la mort de la Marie de Milan, Nicolas compose un opéra moderne dans lequel Frédéric, peintre, époux de Marlène, rencontre une autre Marie à Berlin.
En même temps, Éric Reinhardt commence à écrire L'amour et les forêts qui sortira en 2014. Comme un prétexte pour repousser toujours l'écriture d'Une seule fleur.
Cette imbrication intime entre histoire personnelle et travail de l'écrivain constitue la charpente visible (écrite, lisible) de La chambre des époux.
Ce que j'ai bien aimé
La construction en abyme, virtuose.
La symétrie/dissymétrie des histoires des couples d'époux (Éric/Margot, Nicolas/Mathilde, Frédéric/Marlène), les transpositions, les redites (nombreuses) appuyées, voulues.
La spirale narrative, qui fait naître une ambiance irréelle et idéalise (parfois trop) les situations morbides.
Le thème de la création artistique (littérature, musique, peinture) comme antidote consolatrice.
Ce que j'ai moins aimé
Un certain entre-soi peu réaliste : les personnages de La chambre des époux évoluent élégamment dans des décors très bourgeois, des milieux intello-artistiques de haut niveau, ils ne connaissent pas la crise, ni les couloirs des hôpitaux.
L'exposition nombriliste des désarrois de l'écrivain, puis en miroir de ceux du musicien, leurs crises de larmes exagérées, leur romantisme exacerbé, extravagant.
Des scènes d'amour gênantes, jusqu'à être ridicules, comme peuvent l'être les mauvaises représentations qu'en donne parfois le théâtre lyrique ; le thème de l'amour vainqueur de la maladie et de la mort, même idéalisé, peut difficilement être suspecté de tripatouillage romanesque, seulement Éric Reinhardt va beaucoup plus loin en mettant en scène le fantasme d'un homme sexuellement attiré par une femme condamnée et diminuée (et ça, c'est too much pour moi).
Au final un avis de lecture mitigé, entre admiration (pour la forme) et agacement (pour le contenu).
Merci à Babelio et à Gallimard qui m'ont offert ce roman très attendu de la rentrée littéraire.
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