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[balade] april à paris

aux Tuileries, place Colette, au jardin du Palais-Royal

conversations (sièges pour les) poétiques au Palais RoyalÇa déambule calme et béatement ce matin d'avril, aux Tuileries.
Contournant le bassin côté Louvre, je remarque venant vers moi, la silhouette androgyne d'un tout jeune Japonais1 seul, ce qui est déjà un sujet d'étonnement.
J'ai à peine le temps de mieux détailler son élégance qu'il est assailli par une volée de fillettes aux pépiements typiquement britanniques ; des school girls fraîches et rieuses aux cheveux brillants.
La suite est prévisible : chacune vient poser avec le garçon pour un selfie, puis dégage en sautillant pour laisser la place à la suivante.
Je dépasse le petit groupe à regret, et laisse les jeunes filles à leur transe de groupies émoustillées, sans avoir pu comprendre si le jeune homme à la veste noire et brandebourgs dorés était ou non la vedette d'un boys band nippon !

Continuant en direction de la place Colette, il me revient un souvenir, hum lointain... c'est à cause de ces petites...
J'avais leur âge quand, avec ma grande amie Katia et nos correspondantes anglaises, nous avons visité Windsor... et Eton dont les rues étaient envahies de garçons en frac et canotier, à notre stupéfaction amusée.
C'est Katia qui avait eu le courage de demander à deux Etoniens en grand uniforme d'accepter d'être photographiés ; et si l'une de nous a posé avec eux, c'est Katia, pas moi, bien trop shy...
Mais l'histoire ne s'arrête pas là ; Katia a épousé un Anglais, Mark, et vécu longtemps dans une fort jolie maison du Sussex ; un jour qu'elle recevait des voisins, elle raconte l'anecdote des petites françaises à Eton, et voit un des convives s'agiter... elle va chercher l'album où elle a soigneusement gardé le tirage de la fameuse photo, et l'ancien d'Eton se reconnaît dessus !!!!
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1. si jeune ! et déjà ponais !

A la librairie Delamain, je m'offre Maupassant, le sergent Bourgogne et Marguerite Duras de Gilles Lapouge. Je m'installe à la terrasse en face pour un café. Je consulte la table des matières du Lapouge, et trouve très ton sur ton d'aller ensuite lire les pages sur Colette dans le jardin du Palais-Royal. Tiens, à côté il y a Cyrano qui prend sa pause déjeuner avant de retourner au bureau (c'est Michel Villermoz, sociétaire à la Comédie Française).

Je choisis un square dans le square, au milieu des tulipes. La petite porte en fer, une statue sur piédestal au milieu, huit bancs, deux sur chaque côté du quadrilatère. Il reste un banc complètement libre. Cinq autres sont occupés par une personne soucieuse de l'étiquette : elle s'est assise à une extrémité du banc pour laisser quelqu'un d'autre s'installer. Sur les deux autres l'occupant (en l’occurrence occupante) campe fièrement au milieu et téléphone. Bon, finalement ça pourrait être pire comme illustration du savoir vivre parisien. Sauf que j'hérite, à peine installée à l'un des bouts du mien, d'un fumeur de havane qui n'a rien d'un dieu et me fait fuir. C'est finalement sur une chaise poétique (voir photo) que je lis ce que Gilles Lapouge écrit sur Colette dans son dernier livre.

“ Après 1945 commence la troisième vie de Colette, celle de la célébrité et des honneurs, celle aussi de la vieille dame percluse et superbe, la hanche torturée par une arthrite et qui, dans sa maison du Palais-Royal, non loin de Jean Cocteau, reçoit ses amis dans son lit, qu'elle appelle "le radeau". Elle est élue à l'Académie Goncourt et en devient la présidente. C'est le temps des Œuvres Complètes. La voici grand officier de la Légion d'honneur. Elle meurt le 3 août 1953. L’Église, qui se souvient de la jeune femme heureuse lui refuse des obsèques religieuses. L’État décrète des funérailles nationales. ”

extrait Les Trois vies de Colette, in: Maupassant, le sergent Bourgogne et Marguerite Duras, textes de Gilles Lapouge, Albin Michel, 2017

Je n'irai pas jusqu'à Iasnaïa Poliana pour lire le texte sur Tolstoï, mais pourquoi pas à Trouville pour Duras ?

Cette promenade-ci était en quelque sorte un échantillon, une amorce, pour de plus longues que j'avais rêvé faire dans Paris il y a quelque temps déjà, mais que la persistance des paresthésies, surtout aux pieds, a retardées. Mais après tout ce n'est pas parce qu'on n'est pas capable de s'aligner pour un marathon, qu'il faut s'empêcher de faire le tour du pâté de maison, non ?

Alors à bientôt pour une nouvelle balade parisienne !

 

 

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