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[lu] 2017 l'élection improbable, recueil collectif

2017 L'élection improbable, La Tengo Éditions,lien sous la direction d'Arnaud Viviant, mai 2016, 212 pages, 16 euros

en 4éme de couverture : Qui ira à l’Élysée en 2017 ? Un an avant le scrutin, tout est ouvert, rien n’est inenvisageable. Le pire ou le meilleur, l’absurde et le cocasse, le probable comme l’improbable. Notre système politique est si mal en point qu’on a le sentiment qu’un simple coup de dés pourrait l’abolir. C’est dans ce contexte que nous avons demandé à onze écrivains, tous plus ou moins proches de la revue Charles, d’imaginer l’élection.   Tous s’en sont donné à cœur joie. Qui sera élu ? Alain Juppé ? Marine Le Pen ? Thomas Piketty ? Rachida Dati ? Ou bien, ou bien... Les dés de la fiction roulent sous vos yeux hallucinés. Faites vos jeux. Entrez onze fois dans le rêve ou le cauchemar de la prochaine présidentielle.  11 Politiques fictions sous la direction d'Arnaud ViviantCe que les sondeurs, oracles, et autres statisti-ciens-ciens du jeu politique n'avaient pas encore osé faire (ou faisaient sans nous dire), eux l'ont fait :
battre les cartes, les jeter en l'air, et piocher avec gourmandise et talent pour composer des attelages électoraux peut-être improbables, mais (presque) jamais impossibles.

Les onze auteurs : Marie Desplechin, Jérôme Leroy, Thomas Legrand, Frédéric Ciriez, Arnaud Viviant, Maël Renouard, Jérémy Collado, Basile Panurgias, Johann Zarca, Antoine Bello, Jean-Noël Orengo.

Leurs personnages : pour ne citer que les plus étonnants, Thomas Picketty et Alfred Garcia ; pour tous les autres voir les colonnes politiques de votre quotidien préféré, ou les plateaux des chaînes d'info continue d'ici à mai 2017.

Résultat : un malicieux recueil de onze politiques fictions qui fera un cadeau clin d’œil bien sympa pour la fin d'année ; et pour vous-même bien sûr aussi : vous auriez tort de passer à côté de ce petit plaisir plus littéraire que politique, plein de jolies surprises !

Dans la suite, mini analyses de mes textes préférés (choix difficile), avec extraits...

Mention spéciale empathie féminine à Marie Desplechin pour le joli titre et la chute maligne de sa nouvelle : En attendant Angela.
Dans une petite famille de sans papiers venus d'Europe de l'Est, on choisit les prénoms des enfants en hommage reconnaissant au pays d'accueil... C'est pour ça que le garçon né en 2007 a été baptisé Sarkozy :
“ Vouant un fils à la France, il estimait offrir une preuve convaincante de sa volonté d'intégration, et peut-être même appuyer son dossier de demande d'asile. Cinq années durant, il avait regretté sa précipitation. À sa décharge, rien ne laissait deviner que l'enthousiasme serait si bref, le mandat si court, le président si décrié, et le prénom finalement si embarrassant. Quant à la demande d'asile, on ignorait où elle avait peu se perdre. Sans doute un fonctionnaire sarkozyste zélé l'avait-il égaré dans une poubelle. ”
Une nouvelle naissance est prévue au printemps 2017 !
Pas de chance, elle pouvait pas savoir : Marie Desplechin a tiré une carte faible avec Rocard... La camarde a emporté pour de vrai, après la sortie du livre, celui que l'écrivain imaginait en unique survivant de la caravane politique décimée et sauveur de la république. Peu importe, à ce détail près, son histoire tient la route.

Mention spéciale franche rigolade à Thomas Legrand, éditorialiste politique, pour Sarko Papillon où l'on voit Nicolas, prisonnier du scaphandrier d'un locked-in syndrome, harcelé par une Isabelle Balkany en nounou perverse.

Accessits découverte à Jean-Noël Orengo, Johann Zarka, Frédéric Ciriez, Jérémy Collado

Certificats confirmation à Basile Panurgias et Arnaud Viviant.

Une curiosité : l'outsider Maël Renouard qui a été plume chez François Fillon ; il fait L'hypothèse de l'automne. Sachant que les élections qui ont lieu après l'été sont nettement plus favorables aux sortants que celles du printemps, comment faire pour retarder l'échéance de six mois, se demande le cabinet de Hollande ?

Enfin, en tête et en ballotage très serré : Antoine Bello et Jérôme Leroy.

Bello, pour le piège à double détente tendu au lecteur et l'ironie élégamment maîtrisée de son histoire : Les Portes-Paroles ; un jeune surdoué a développé une intelligence artificielle produisant des discours politiques à façon :
Devant le journaliste médusé, Saulnier se livra à une démonstration de son joujou. "D'abord, vous choisissez la longueur — disons 3000 mots — et le scrutin. Puis le thème dans un menu déroulant. Nous avons déjà 150 options possibles. Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? Les subventions agricoles ? L'immigration ? Le mariage gay ? Va pour l'immigration. Ici vous sélectionnez votre niveau d'applaudissement. Si vous tenez à développer un raisonnement, mieux vaut ne pas être interrompu trop souvent ; en revanche, si le but est d'être repris dans les médias, je recommande les phrases courtes et percutantes. Ah, cette option est importante : elle permet d'indiquer le niveau socioculturel du public. On ne s'adresse pas à des dockers CGT comme à des profs d'université, n'est-ce pas ? Disons "commerçants et artisans". Vous pouvez de la même façon choisir votre style : lyrique, fleuri, volontaire, empathique, compassionnel, et j'en passe. Compassionnel ? Si vous voulez. Ma foi, c'est presque fini. Comment ? Le parti ? Ah oui, j'allais oublier ! Vous avez une préférence ? Non ? Alors disons "centre droit". ”

Leroy pour Dans la peau d'Alain Juppé ; AJ, défait, rentre à Bordeaux, de nuit, sous une pluie battante :
“ La pluie redouble, une pluie de cinéma. Je vais avoir le temps d'aller au cinéma, moi du coup. Ne sois pas amer. Il y a pire que d'aller voir un cycle Bergman avec Isabelle à l'Utopia de Bordeaux :
"Pensez, chers confidents d'un amour si fidèle,
Tenez-moi compagnie et parlons d'Isabelle"
Tristan L'Hermite... Je n'ai pas lu de poésie depuis un temps fou, moi. Tiens, écrire un roman et puis faire une anthologie de la poésie française aussi, comme Pompidou. Je me demande à qui ça a manqué, de ne pas pouvoir lire de poésie, parmi les candidats de cette élection pourrie. Sûrement pas à Alfred Garcia, ni à Philippot. Ni même à Dufflot. À Mélenchon peut-être. Il doit bien être emmerdé, lui, tiens, ce soir... Une aussi vilaine surprise que la mienne, dans le genre. ”

 

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