[lu] le garcon - scènes de la vie provinciale, roman d'olivia resenterra
mercredi 12 octobre 2016
Serge Safran éditeur, août 2016, 144 pages, 15 euros 90
Chez ces gens-là, on ferme tous les volets à dix neuf heures, on reste chez soi, et quand exceptionnellement on sort dans le village, on ne rencontre personne, et c'est tant mieux.
Dans une grande maison isolée vit un couple qui paraît démodé de nos jours : la mère âgée et sa fille restée célibataire.
Ce premier roman aux accents simenoniens se lit d'un trait.
Olivia Resenterra rend palpables l'ennui, les frustrations, et l'interdépendance de deux femmes recluses sans autre raison apparente que le poids de l'habitude.
La narratrice — c'est la fille — raconte au jour le jour les petits événements qui vont finalement faire bouger les choses entre les deux femmes.
Oh rien de violent, pas de fait divers, mais un dérapage infime, au départ une lubie de vieille dame désorientée.
La voilà qui espionne sa propre mère, la soupçonne de laisser entrer un jeune garçon dans la maison, se retrouve dans la rue devant chez elle en pyjama à haranguer des enfants, donne rendez-vous à son voisin au cimetière pour qu'il l'aide à débusquer l'intrus.
Comme elle l'explique, ce garçon la fuit.
Mais existe-t-il vraiment ailleurs que dans l'imagination des deux femmes, ce garçon ?
Imagination activée pour l'une par la vieillesse, et pour l'autre par la solitude et la privation de liberté.
Olivia Resenterra ne répond à aucune de mes questions, et j'aime bien ça !
Imaginaire ou pas, le garçon sera pour l'une des deux (faut-il vraiment dire laquelle ?) le déclencheur d'une ouverture au monde, d'une évasion.
Un beau roman qui laisse place à des interprétations par le lecteur (je le redis, j'aime ça !).
>> elles et ils en parlent aussi :
- sur Babelio
- Jérôme Leroy surlien Causeur.fr
“ Il y a quelque chose de délicieux et d’étouffant dans le premier roman d’Olivia Resenterra, Le Garçon (Editions Serge Safran). Il ne faut surtout pas se laisser abuser par son sous-titre balzacien, « scènes de la vie provinciale ». Ce n’est que la première chausse-trape d’un récit qui en compte beaucoup derrière son minimalisme soyeux, sa narration faussement plate où il faut une attention toute particulière pour trouver ce qui va nous amener à l’horreur, et même la terreur, derrière la manière anodine dont les chapitres se succèdent alors que le lecteur est peu à peu envahi par une sensation de malaise. Olivia Resenterra décrit à peine ses personnages, les nomme quand elle ne peut pas faire autrement et il en va de même pour les lieux ou les paysages. ” - [à compléter]