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[paris] nausée

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Je ne pensais pas avoir la force d'écrire un mot ce matin, mais pour pouvoir continuer à poster plus tard des billets hors actualité, je ressens le besoin de marquer par quelques pauvres lignes, le souvenir de l'horreur d'une soirée que personne n'oubliera, pourtant.

Couchée à 22:00 hier vendredi, assommée par les substances de la chimio commencée la veille, ignorant tout des événements, j'ai été réveillée à minuit. Clément-Fils était arrivé de Vouziers pour aller prendre un avion à Orly ce matin tôt. Avec son père ils étaient devant la télé. Je suis vite mise au courant dans les grandes lignes ; et alors que je n'avais jusqu'ici ressenti aucune nausée, je la sens qui monte...

Soudain le nom Bataclan. Oh non ! Ce statut facebook d'Erwan Larher lu un peu plus tôt dans la soirée : “ Ce soir au Bataclan, on boit de la mauvaise bière, on saute sur place en braillant "I really wanna be in L.A.", gloire au mauvais goût et au bon rock, j'aurai mes santiags aux pieds. ”
Je ne connais le jeune écrivain que par ses livres et son beau projet de restauration du patrimoine, mais là dans la nuit, à cause du vertige empoisonné qui perfuse dans mes veines, Erwan figure pour moi toutes les malheureuses victimes des terroristes, et ma peur se cristallise sur son sort.

Ce matin, j'apprends via facebook qu'Erwan ne serait que légèrement blessé. Comme à tous ceux qui souffrent aujourd'hui parce qu'ils ont été atteints physiquement ou moralement, je lui souhaite de se remettre très vite.

Les hommes de la maison sont partis pour Orly vers 6:00. Clément a embarqué pour Madrid. Son père est rentré sans encombres.

L'infirmière vient tout à l'heure débrancher ma perfusion.

 

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