[babelio, masse critique] le renversement des pôles, roman de nathalie côte
dimanche 20 septembre 2015
Flammarion,lien août 2015, 191 pages, 16 euros
lu pour l'opération Masse Critique de Babelio lien (on choisit un livre dans une liste de nouveautés, on reçoit le livre, on donne son avis sur le livre, on le partage)
Je remercie Babelio et Flammarion pour cette lecture, mais ce sont des choses qui arrivent : je n'ai pas beaucoup aimé ce premier roman au titre pourtant alléchant et au début prometteur.
Un peu comme dans la série populaire dont le titre est celui d'une chanson de Dutronc, deux familles avec jeunes enfants se côtoient sur leur lieu de vacances d'été. Mais il y a beaucoup moins de joie, de rigolade, de portes qui claquent, dans ce livre que dans le feuilleton télé. Claire Laforêt se rêve en Emma Bovary. Vincent Bourdon fantasme sur une auto-formation de trader pour satisfaire les pulsions consuméristes de Virginie. Arnaud Laforêt compense un ennui dont il est à peine conscient en s'adonnant à la macrophotographie ou en visitant des sites pornos. Le chien et les enfants trinquent.
Loin d'être affreux, sales et méchants, les Bourdon et les Laforêt sont tout juste médiocres, insatisfaits et malheureux. Le temps des vacances, il feront des efforts dérisoires pour ranimer leurs rêves et tenter d'infléchir le cours de leurs mornes vies quotidiennes.
Au début du roman, avec la présentation des personnages, on feuillette un catalogue des désillusions de jeunes quadragénaires de la classe moyenne. C'est assez bien vu bien que déjà vu, cynique et mordant. Dans un style corrosif et enlevé, les saynètes de l'installation dans les appartements mitoyens de la résidence de vacances, sont cruellement drôles.
J'ai regretté que la suite se déroule sans grandes surprises ni retournements (j'allais écrire sans renversements...). Les personnalités bien dessinées dès les toutes premières pages n'évoluent pas, ni en bien ni en mal. Les événements ne bousculent pas vraiment les trajectoires des personnages. La même tonalité satirique et peu, voire pas du tout, empathique, est tenue d'un bout à l'autre du roman. J'ai espéré, en vain, une dérive radicale vers le grotesque et la folie... comme on en voit dans certains romans anglais. Dommage.
Mention spéciale au choix de l'exergue particulièrement décalé(1)... il y est question de développement de l'individualisme, d'égoïsme féroce, d'hypertrophie du moi, et de matérialisme obtus ; toute ressemblance avec les personnages du roman et leurs modèles n'est sans doute pas fortuite !
note 1 — Eugène Mathon, XIIè AG du Comité central de la laine, le 19 avril 1934