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3 notes en septembre 2015

[babelio, masse critique] le renversement des pôles, roman de nathalie côte

Flammarion,lien août 2015, 191 pages, 16 euros
lu pour l'opération Masse Critique de Babelio lien (on choisit un livre dans une liste de nouveautés, on reçoit le livre, on donne son avis sur le livre, on le partage)

en 4ème de couv : Couple : deux personnes de la même espèce considérées ensemble. Couples en vacances avec enfants : spécimen d'un genre particulier qui attend l'été avec impatience mais qui risque fort de finir la tête dans le sable. Les Bourdon et les Laforêt ont loué deux appartements voisins dans une résidence avec piscine en bord de mer. Chacun est arrivé avec la même envie : consacrer ce temps béni aux enfants, au repos, aux projets. Et tous sont rattrapés par leurs obsessions propres : fuir un mari ennuyeux, gagner vite plus d'argent, faire oublier qu'on a pris dix kilos, faire semblant que tout va bien. Passée l'euphorie de l'échappée belle, ils ne tarderont pas à découvrir que changer de vie a un prix, que la liberté exige du souffle et qu'elle ne s'achète jamais à bon compte. Avec un humour acide et une implacable clairvoyance, Nathalie Côte se fait entomologiste de la classe moyenne et pavillonnaire. En filigrane, elle dénonce le monde du travail, véritable machine à tuer, et le monde matérialiste, qui propose vainement de se consoler en consommant à crédit. On regarde ces personnages ni aimables ni détestables se débattre et renoncer. On les regarde, en espérant ne pas leur ressembler.Je remercie Babelio et Flammarion pour cette lecture, mais ce sont des choses qui arrivent : je n'ai pas beaucoup aimé ce premier roman au titre pourtant alléchant et au début prometteur.

Un peu comme dans la série populaire dont le titre est celui d'une chanson de Dutronc, deux familles avec jeunes enfants se côtoient sur leur lieu de vacances d'été. Mais il y a beaucoup moins de joie, de rigolade, de portes qui claquent, dans ce livre que dans le feuilleton télé. Claire Laforêt se rêve en Emma Bovary. Vincent Bourdon fantasme sur une auto-formation de trader pour satisfaire les pulsions consuméristes de Virginie. Arnaud Laforêt compense un ennui dont il est à peine conscient en s'adonnant à la macrophotographie ou en visitant des sites pornos. Le chien et les enfants trinquent.

Loin d'être affreux, sales et méchants, les Bourdon et les Laforêt sont tout juste médiocres, insatisfaits et malheureux. Le temps des vacances, il feront des efforts dérisoires pour ranimer leurs rêves et tenter d'infléchir le cours de leurs mornes vies quotidiennes.

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[lu] les maîtres du printemps, roman d'isabelle stibbe

Serge Safran éditeur, août 2015, 192 pages, 17 euros 90

en 4ème de couverture : Un métallurgiste charismatique. Un sculpteur au soir de sa vie. Un député aux dents longues. Trois hommes que tout sépare se retrouvent au cœur du combat pour sauver le dernier haut-fourneau d’Aublange, en Lorraine. Alors que l’élection présidentielle se rapproche, ravivant l’idéal d’un monde meilleur, les parcours s’entrecroisent, les espoirs grandissent. Face aux trahisons des politiques, aux plans de licenciements ou à la montée de l’extrême droite, la beauté n’est jamais loin. Notamment dans le spectacle grandiose de la fonte en fusion, la solidarité à l’œuvre ou une naissance à venir… Inspiré par la fermeture des hauts-fourneaux de Florange, ce roman est l’histoire d’une lutte collective et héroïque pour préserver son humanité face à la logique implacable de la finance. Bataille perdue d’avance ? Un texte magistral qui réjouira les lecteurs de Hugo, Zola, Vailland ou Aragon…Le lecteur est prévenu dans les toutes premières pages du roman d'Isabelle Stibbe : ce qui va suivre est de la littérature qui salit, qui cogne et qui fait du bruit ; celui que cela effraie est prié d'en rester là ou de ne pas se plaindre. Mise en garde maligne qui suscite bien sûr la curiosité et l'envie de tourner la page...
Bien lui en prendra, au lecteur !

Fiction sociale, économique et politique, Les maîtres du printemps relate le combat des métallurgistes lorrains pour empêcher la fermeture des derniers hauts-fourneaux d'Aublange (incarnation romanesque de Florange), d'octobre 2011 à novembre 2012. Pivot chronologique et dramaturgique : la victoire socialiste de mai 2012, avec les espoirs, les promesses et les ambitions qu'elle fait naître.

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[lu] le monde d'en-bas, roman d'alain bron

éditions In Octavo,lien septembre 2015, 334 pages, 20 euros

Ettore, ancien des Brigades Rouges, se cache dans les sous-sols du Palais-Royal. Il est recherché simultanément par un éditeur entiché de ses mémoires, par la Brigade Criminelle, et par Federico, lui aussi très actif durant les années de plomb en Italie. Des lueurs menaçantes vont alors surgir au détour des couloirs, des égouts et des conduites. Le monde d’en bas, celui de l’obscurité, celui des pauvres parmi les pauvres, en perdra, pour un temps, son ordre attendu. À travers une poursuite dans les profondeurs de Paris, Alain Bron pose de troublantes questions. Peut-on acheter son passé ? L’Histoire peut-elle se fier à la mémoire d’un homme ? Une vie, une fois publiée, devient-elle plus vraie ? Attention, si d’aventure vous songez à raffermir vos convictions, à la fin de ce roman noir teinté d’humour, il est à craindre que vous acquerriez tout, sauf des certitudes.Alain Bron est un auteur qui ne lasse pas ses lecteurs en écrivant toujours le même livre, comme... comme disons, Madame Angot  (non, pas la mère de la fille de... Charles Lecoq), pour taper presque au hasard dans l'actu de la rentrée littéraire (mais elle n'est pas la seule, hélas).

Rien qu'avec les deux derniers titres, on est passé du Vingt-sixième étage lien d'un immeuble d'affaires de La Défense, à dix mètres en-dessous des jardins du Palais Royal, entre égouts, métro et caves. De haut en bas. Vous me direz qu'on ne s'éloigne pas beaucoup de Notre-Dame à vol d'oiseau ? Faux : Milan et Rome dans les années 70-80, dites années  de plomb, sont également au cœur de ce dernier roman. “ Le monde d'en-bas ”, c'est aussi une référence à la doctrine révolutionnaire communiste, à l'idéologie des brigadistes rouges italiens engagés contre le système capitaliste, le monde d'en-haut, le monde des possédants et du pouvoir.

Le premier personnage que l'on rencontre est un drôle de paroissien : Ettore Bisulli, un italien d'une soixantaine d'années, très à l'aise dans le dédale du sous-sol parisien. Il s'est aménagé une planque sûre sinon confortable. Un terrier où il écrit ses mémoires dans l'obscurité et le silence. Pourquoi se cache-t-il ? Qui sont ceux qui s'efforcent de le dénicher ? La police qui enquête sur la mort d'un autre italien tombé sous une rame de la ligne 1 ? Des mafiosi spoliés ? L'éditeur intrigué qui reçoit un à un les chapitres rédigés par le reclus ? D'anciens activistes dont il partage le secret ? Pistes et fausses pistes garanties jusqu'à la dernière page.

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