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2 notes en juillet 2015

[lu] cigogne, nouvelles de jean-luc a. d'asciano

Serge Safran éditeur,lien mars 2015, 184 pages, 16 euros 90

quatrième de couverture :   recueil de sept nouvelles aux liens subtils entre elles, parle de l’enfance, du poids de l’héritage, du rapport au monde et des manières de fuir la violence et la bêtise des humains.  Adolescente en rébellion contre une cigogne, enfant chamane découvrant les animaux d’un cirque, SDF un peu fou squattant une maison en ruine, frères siamois à la voix miraculeuse ou reclus schizophrène, tous ces personnages portent en eux une vision du monde critique, drôle et désenchantée.  Évoluant dans un univers à la lisière du fantastique, ils passent des alliances avec des figures tutélaires, d’étranges bestioles à plumes, à poils ou à peau.     Un univers enchanteur, mélange de réalisme très cru et d’onirisme ouvert sur l’amour de la vie.  - Jean-Luc A. d’Asciano est né à Lyon, mais a grandi à Nantes. Passe un doctorat de littérature et psychanalyse. Écrit des articles sur le roman noir, l’architecture, les arts contemporains ou la cuisine. Fonde les éditions de L’Œil d’or où il publie Petite mystique de Jean Genet (2007).  Cigogne est son premier livre de fiction, premier recueil de nouvelles. Sept textes courts, dont le plus long donne son titre au recueil. Mais c'est un peu injuste pour les corbeaux de la dernière nouvelle, les mâtins de la première (eh eh j'en imagine consultant Wikipédia), le hibou de L'esprit des ronces, le lama et les nombreux chats (y compris celui de Schrödinger) de la Trilogie chamane. Un bestiaire littéraire étonnant, peut-être pas si éloigné que ça de celui de Colette...

Beaucoup d'animaux, mais aussi des enfants : un garçonnet surdoué qui découvre ses pouvoirs, une adolescente dont la vie est pourrie par une cigogne mal embouchée. Et des parents débordés quand ils ne sont pas de doux dingues. Les trois nouvelles de la Trilogie (La chasse aux cerfs, Cirques, Corbeaux) ont avec Cigogne une unité de ton apportée par la voix naïve et malicieuse du jeune narrateur (de la narratrice pour Cigogne). Le drame familial est sous-jacent. Jean-Luc A. d'Asciano  nous le laisse deviner, vécu et interprété par un enfant, avec une cruauté empreinte de tendresse. Ce que j'ai tant aimé autrefois dans les nouvelles de Flannery O'Connor, Carson McCullers ou J.D. Salinger, je le retrouve ici avec beaucoup d'émotion et de plaisir.

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[vu, lu] cavanna, pour toujours plus vif que mort et enterré

billet écrit après avoir vu Cavanna / Jusqu'à l'ultime seconde, j'écrirai lien, le film de Nina et Denis Robert, puis lu Lune de miel lien, le dernier (ultime) livre de François Cavanna

quatrième de couverture : Cavanna, trente ans après Les Ritals et Les Ruskoffs, nous offre un tableau réjouissant de souvenirs, réflexions et anecdotes. Avec toujours la même verve et la même insolence, il évoque la période du STO en Allemagne, l'aventure de Hara Kiri ou les atteintes de l'âge. Sans rien oublier de ses origines, il reste ouvert aux mouvements du monde. Une gouaille formidable anime le récit de sa jeunesse outre-Rhin et, loin de tout pathos, il sait rendre touchante et drôle la description des progrès de la maladie et des divers malheurs liés à l'âge. Quant à Hara Kiri et Charlie Hebdo, Cavanna en brosse un tableau qui aide à comprendre le caractère presque miraculeux – du moins à ses débuts – de cette aventure de presse. — Beaucoup de tendresse, des coups de gueule bienvenus, d'innombrables anecdotes racontées avec la truculence et la causticité apprises chez Rabelais : voici l'œuvre d'une écrivain amoureux de la vie et des plaisirs, mais aussi, et surtout, de la littérature.– J'en ai fait quoi de Cavanna ?

Je me demandais ça en feuilletant rageusement un carnet fatigué extirpé du fond de mon sac, à l'envers, au milieu, à l'endroit, pour retrouver les vagues notes que j'avais tenté de prendre dans le noir pendant la projection du film hommage à Cavanna. Enfin je les ai retrouvées :

Lune de miel / ma parole  : c'est l'écriture, à la main / me séduire moi-même en écrivant  séduire ou indigner, c'est dominer (le lecteur) / Sylvie Caster / la petite Virginie ? / je me laisse aller à écrire, exaltation, ta-ga-da !

C'est tout ! Maigre moisson, et surtout presque illisible, de guingois, comme un hommage subliminal au gribouillis que l'infâme Miss Parkinson imposait à la main de Cavanna à la fin de sa vie. Quelques mots dans mon carnet, c'est tout, mais il y a presque tout, et surtout les premiers, la clé pour entrer chez François Cavanna : Lune de miel, son dernier magnifique bouquin.

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