[lu, #MRL14] le complexe d'eden bellwether, roman de benjamin wood
lundi 22 décembre 2014
éditions Zulma,lien août 2014, 499 pages, 23 euros 50
Un bon gros roman pour le Bout-de-l'An : c'est ce qu'il me fallait et je l'ai eu ! Grâce aux Matchs de la Rentrée Littéraire lien et à Amélie lien qui a généreusement fait voyager son livre jusqu'à moi. Merci !
Qu'est-ce qui cloche chez Eden Bellwether ?
Lorsque Oscar Lowe fait la connaissance d'Eden Bellwether à Cambridge, celui-ci est un étudiant très doué, reconnu pour ses talents musicaux précoces et exceptionnels. Oscar est amoureux d'Iris, la sœur d'Eden. Introduit dans le petit cercle de leurs amis, il perçoit vite l'étrangeté du jeune homme et l'inquiétude concernant sa santé mentale qu'Iris ne tarde pas à lui faire partager.
Un soir rentrant chez lui par le campus, il est irrésistiblement attiré par une musique extatique et entre dans King's Chapel. Eden est à l'orgue. Dans l'assistance, Oscar remarque une fille originale et ravissante. Transporté par l'émotion musicale, il ose l'aborder et la raccompagner. C'est Iris Bellwether, étudiante en médecine et violoncelliste. Pour l'amour d'Iris, Oscar va supporter l'arrogance raffinée du frère, et ses excentricités et manipulations morbides.
Automne, hiver, printemps. Les expériences d'Eden sont de plus en dangereuses : séances d'hypnose alliant musicothérapie, tentatives de cures de plus en plus improbables. Après l'avoir longtemps protégé, voire aidé, ses amis et parents s'inquiètent mais ils n'ont pas tous les mêmes motivations pour s'opposer à la dérive mégalomaniaque du musicien et guérisseur autoproclamé. À la fin des cours, après les examens, tout s'accélère, pour le pire.
Le complexe d'Oscar Lowe
Contrepoint absolu au personnage d'Eden, Oscar souffre d'un complexe d'infériorité de classe sociale et d'éducation qui l'amène à surjouer son intégration chez les Bellwether, et fausse certainement son discernement. Cette opposition entre les caractères principaux (technique romanesque bien connue) est assez bienvenue ici car elle est aussi dans l'ambivalence des nombreux thèmes abordés dans le roman, par exemple : génie-folie, compassion-complicité, espoir-déraison, science-religion.
Les lieux du roman
Cambridge, les bâtiments gothiques disséminés sur le campus et dans la ville proche, King's College, la rivière Cam, les pelouses, les jardins, la propriété isolée des parents d'Eden, tous ces lieux sont des personnages à part entière du roman : ils participent à son atmosphère inquiétante, entre charme, douceur, et épouvante. Sans compter la touche d'exotisme léger et de romantisme qu'amènent pour nous, lecteurs français, les traditions et la "culture campus" anglo-saxonnes.
Mais encore... (menues réserves)
Un bon roman, un peu long, mais pas ennuyeux, au contraire. La progression dramatique très tenue, est plutôt réussie. Plus ramassé, plus concentré, il aurait eu encore plus de force, et les invraisemblances ou faiblesses seraient estompées. Par exemple : comment expliquer qu'en dehors de la petite coterie très restreinte des amis d'Eden, personne d'autre ne s'émeuve -- même dans les seules limites du campus (Cambridge, tout de même !) --, de la bizarrerie (euphémisime) d'Eden ? Sans parler de l'aveuglement apathique de sa petite amie, non mais quelle gourde ! Je pinaille !