[vadrouilles, paris] les petits musées d’henri calet
[lu] méchant-méchant et les jouets perdus, album de niki de saint phalle et laurent condominas

[vu] l'exposition rétrospective niki de saint phalle

au Grand Palais,lien du 17 septembre 2014 au 2 février 2015


. catalogue de l'exposition, collectif sous la direction de Camille Morineau, editions RMN, septembre 2014, 368 pages, 50 euros.. en revenant de l'expo, j’ai rouvert l’album d’images et vu plus de choses encore que la première fois, et différemment.

D’abord dans les premières pages, le décor de Commune-Ville, je le reconnais évidemment maintenant : c’est le Jardin des Tarots lienen Toscane, bien sûr. Ce village “comme les autres”, où les enfants sont heureux car ils peuvent courir partout, se cacher, grimper sur les sculptures-maisons multicolores, glisser sur leurs courbes douces comme sur des toboggans. J’ai bien reconnu L’Impératrice, Le Sphinx, L’Empereur, toutes les cartes !

Et puis j’ai aussi reconnu Bluke, le petit chien malin qui aide les enfants Joe et Lita à retrouver la trace des jouets perdus empruntés par le pauvre monstre sans amis qui s’ennuie tout seul.


Après avoir visité l’expo mag—nif—ique, je m’étais rendue à l’auditorium pour écouter Bloum Cardenas, la petite-fille de Niki, invitée par la commissaire de l’expo à parler de sa grand-mère. C’est comme ça que je sais maintenant que le petit chien de l’album porte le nom de celui de Niki : Bluke (prononcé blou-ki). Et que ce nom est un mix de ceux de Bloum et Duke. Duke, c’est Laura, la fille de Niki, la maman de Bloum ! C’est Bloum qui l’a expliqué pendant l’entretien, visiblement émue par ce souvenir. Bloum est une jeune femme chaleureuse, tendre, drôle, une voix magnifique. Elle a évoqué la puissance imaginative de Niki en racontant que sa grand-mère ne posait aucune limite, aucun frein, à sa créativité artistique. Dès qu'un projet de sculpture ou d'architecture, aussi fou et improbable fut-il, naissait — souvent en présence de la toute petite fille à qui elle le décrivait — Bloum était sûre de le voir être réalisé en vraie grandeur quelque temps plus tard, plus ou moins longtemps, mais toujours. Même les enfants, dit-elle, n'ont pas cette confiance rayonnante dans leur capacité à réaliser leurs rêves !

Retour à l’expo, qui fut un choc et une découverte pour moi. Attention, on y voit des choses plus dérangeantes et beaucoup moins enfantines, joyeuses et sensuelles, que les fameuses Nanas : Les Mariées, Les Mères Dévorantes, Le Mur de la Rage, les Tirs, et autres assemblages. C'était vraiment une femme extraordinaire cette Niki, une énergie créatrice sans limites, des prémonitions, des engagements, forte et fragile à la fois, complexe et vraie.

Pendant plusieurs jours début septembre (avant d’aller voir l’expo) j’étais passée par l’impasse Ronsin, sise à deux pas de chez moi, dont j'ignorais l'existence jusqu'à ce que je m'aperçoive que c'était un fameux raccourci pour couper à travers l'hôpital Necker. Or c'est là que Niki et Jean Tinguely ont vécu au début de leur vie commune, et que Niki réalisait les fameux "tirs" qui l’ont rendue célèbre. Il y avait eu des émissions télé étonnantes, qu'on peut revoir en vidéo dans l'expo. Et hier samedi, sur Paris Première, où ça balance beaucoup moins sans la bande à Naulleau, une bonne émissionlien de David Abiker sur l’expo, avec encore des images de l’impasse Ronsin telle qu’elle était avant que les ateliers d’artistes soient expropriés pour agrandir l’hôpital.

A Paris, dans les expos, on tombe souvent sur quelqu’un qu’on aurait jamais pensé croiser là : cette fois, c’était Patrick Bacqueville (le tromboniste talentueux et fidèle qui accompagne Marcel Zanini chaque mois, au Petit Journal Saint-Michel). Croisé dans la première salle (il me dit : —  ben toi alors, tout t’intéresse ! je lui réponds à peu près : — vous en êtes un autre !). Je l'ai retrouvé encore à la fin de l’expo, à la librairie. Ça l’a scotché quand je lui ai signalé qu’en feuilletant le catalogue de l’expo j’étais tombée sur les Armstrong et Miles Davis de Niki. D’ailleurs revus en projection lors de la conférence de Bloum Cardenas, avec d’autres “Black Heroes”.

Pour ceux qui sont arrivés jusqu’ici... quelques indices (parfois avec lien) à propos de l’auteur mystérieux du conte Méchant-Méchant :
  • il a écrit sur ce blogue (surtout dans les débuts) des commentaires qui me sont chers et dont je suis bêtement fière !

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