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5 notes en août 2014

[lu] en territoire ennemi, recueil de textes de didier goux

aux éditions Les Belles Lettres, février 2014, 432 pages, 23 euros 50

en quatrième de couverture : Didier Goux est écrivain et journaliste. Il a 58 ans, ce qui ne laisse pas de l’étonner. Mais c’est sans doute cet âge pré-canonique qui lui a permis de voir s’effacer le pays où il est né, la France, pour se transformer en une contrée hostile, inhabitable, sotte et ravie d’elle-même.  Retracer la carte du premier et dynamiter les redoutes de la seconde constituent la double ambition de ce livre, où le rire cruel tient la dragée haute à la mélancolie.Que je sache, Didier Goux n’a pas de moto, mais il a un motto qu’il fait apparaître en bandeau sur son blogue,lien lequel blog je lis depuis... longtemps :
“ La vanité française consiste à se reprocher toutes les fautes, sauf la faute décisive : la paresse de penser. ”
Didier Goux revendique quelques défauts mais il n’est pas paresseux.

Didier Goux se définit comme “écrivain en bâtiment”. Au début je ne savais pas ce qu’il voulait dire ; c’est en lisant son Journal de blog lien(chaque mois depuis le début de sa publication) que j’ai fini par comprendre. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai lu mon premier (et sans doute dernier) Brigade Mondaine. Je n’ai pas regretté : c’était celui dont il avait décalqué l’intrigue sur celle d’un roman de Renaud Camus, que j’ai lu (c’était Loin, je crois) aussi dans la foulée ! Du beau travail d’artisan. Bon, les BM c’est fini et leur auteur n’a pas l’air de trop le regretter. Reste le rewriting alimentaire pour une presse très grand public. Et l’écriture quotidienne d’articles de blog et d’entrées dans son journal (plus intime). Ça en fait des signes, des mots, des lignes. Sans oublier, la lecture ; plus exactement : les lectures. Impressionnant. Ça c’était pour le quantitatif, facile. Pour le qualitatif, je pourrais dire, genre bas bleu :  vous me connaissez, si je lis ce qu’écrit Didier Goux depuis si longtemps, c’est parce que c’est écrit à la perfection. Ou genre groupie de base : une plume impeccable, érudite, ironique, inventive, évocatrice (mais il faudrait expliquer de quoi). Le mieux c’est d’aller voir vous-mêmes... ou pour les plus paresseux, de consulter les avis que j’ai mis en liens à la fin de cet article.

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[ego] moi, lectrice en gros et en détail

image from http://s3.amazonaws.com/hires.aviary.com/k/mr6i2hifk4wxt1dp/14080813/6f97af17-9254-4b9f-9c3b-2c888b86d083.pngTant pis, il faut que ça sorte, que j'explique pourquoi je ne poste plus grand-chose sur Ce Cher Vieux Blogue. Pas encore primo-grand-mère, et déjà débordée... Mais pas que. Je me suis engagée il y a un peu plus d'un an à ne pas publier ici, ni ailleurs, les comptes rendus de lecture que je rédige, à raison de trois-quatre par mois, pour le comité de lecture des Notes Bibliographiques (Union Culture et Bibliothèques pour Tous).

Chaque semaine ou presque, je lis une nouveauté littéraire et en rédige l'analyse. Souvent aussi je relis le livre analysé par un autre membre du comité de lecture. Les livres sont distribués au hasard (pas choisis), nous ne les gardons pas. Nous sommes une cinquantaine de lecteurs bénévoles à participer à ce "travail" qui donne lieu à la publication d'une revue mensuelle sur l'actualité littéraire, destinée aux bibliothécaires, libraires et grands lecteurs. L'exclusivité de nos avis (200 mots maximum par livre) est réservée à ce système qui marie efficacement professionalisme et bénévolat

Les livres dont je parle sur ce blogue, soit je les ai achetés, soit je les ai reçus dans le cadre d'une opération Babelio (là c'est moi qui choisis), soit encore, mais rarement, leurs auteurs m'ont envoyé leur ouvrage avec une demande gentiment formulée de le lire et d'en parler. Autre filtre : je parle volontiers de mes coups de coeur, rarement de mes coups de gueule, mais si ce que je lis est juste sans charme, convenu, ou déplaisant, je n'en parle pas du tout. Je ne suis pas une blogueuse littéraire, juste une lectrice qui blogue pour le plaisir de faire partager des découvertes sympas, le plus possible hors des sentiers battus de l'édition à fort tirage.

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[lu] naufrages, roman de philippe zaouati

aux éditions des Rosiers, 119 pages, avril 2014, 20 euros

quatrième de couverture : «J’ai avancé à petits pas sur le chemin étroit et caillouteux, j’ai observé encore une fois les troncs des oliviers qui semblaient encore plus noués que lorsque j’étais venue ici la première fois, il y a quelques jours à peine. Je me suis assise par terre à côté de la tombe de Josef. et j’ai pleuré.» De Paris au kibboutz Sasa, dans le nord d’israël, en passant par Sofia, Prague, Haïfa, Istanbul, la narratrice redécouvre les chemins de son destin. un destin fait de miracles, de sauvetage, de déchirements et de renaissance. mais en a-t-elle vraiment compris tous les ressorts? Quelle est donc la clé qui lui manque?1961, dans un kibboutz en Galilée - Rachel, née à Sofia en 1926, est venue de Paris se recueillir sur la tombe de Josef, son amour d'adolescence, jamais revu depuis la guerre. Au gré de ses rencontres et conversations avec ceux qui ont connu et aimé Josef, Rachel rassemble des fragments de vie et de guerre. Elle comble peu à peu le pointillé d'une histoire qui la concerne plus qu'elle ne voudrait.

Un livre dense, tant pour le fond que pour la forme (typo un peu petite et serrée, dommage). Philippe Zaouati réussit à intriguer et à passionner avec un contexte historique tragique et mal connu (de moi) : le destin des juifs bulgares dans un pays sous la coupe nazie, les expulsions, déportations, et tentatives d'émigration en Palestine. L'écrivain mêle intimement faits politiques et fiction, naufrages réels (le Salvador, le Struma) et psychologiques, personnes ayant existé (Simon Brod, David Stoliar) et caractères inventés.

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