[1/3] si internet nous était (enfin) (très bien) conté
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[lu] nous sommes jeunes et fiers, roman de solange bied-charreton

Stock éditeur depuis 1708, janvier 2014, 240 pages, 18 euros
Deuxième roman de Solange Bied-Charreton, après Enjoy,lien toujours chez Stock ce qui n'est pas sans significations (enfin celles que j'ai cru trouver, voir plus loin).

en quatrième de couverture : "« Ensemble ils avaient eu des désirs d’ailleurs, mais ce n’était jamais un ailleurs misérable. Le dénuement pour vivre mieux, pas pour mourir. La vie dans des huttes, si l’on voulait, mais dans une ambiance détente, où ne se trouverait aucun clochard. Ils auraient eu peur de rencontrer de vrais pauvres. Enseignante en banlieue nord, Noémie en fréquentait pourtant tous les jours, mais c’étaient des pauvres accessibles, qu’on aimait instruire, issus de la diversité, et qui l’enrichissaient de leurs différences. Avec les autres, on ne savait pas, c’était trop loin, ils avaient sans doute des maladies, des bras en moins. Ce loin pourtant qu’ils chérissaient se devait de comporter des dangers, des surprises. Ils s’y préparaient pour quand ils se décideraient à franchir le pas, aller là-bas, à l’autre bout de la Terre, sans savoir où. »   Nous sommes jeunes et fiers est le récit d’un retour aux sources. Mais quelles sources convoque-t-on lorsque celles-ci renvoient au désir d’un monde débarrassé de civilisation ? Produits des discours publicitaire, écologique et culturel, Ivan et Noémie, nouveaux Adam et Ève à l’insatisfaction permanente, bercés par le voeu chimérique d’une vie plus vraie, sont les figures tragiques d’une époque où la quête de sens prend parfois la forme inattendue d’un voyage sans retour."Il était une fois, un gentil couple de trentenaires parisiens, riche et heureux. Plus exactement, ils avaient été heureux. Ils n'avaient pas eu d'enfants mais ce n'était pas ça le problème, bien au contraire. À l'envers du conte de fées, c'est le beau prince Ivan (top model pour la publicité - genre Beckham) qui s'était un jour endormi. Coma prolongé à la suite d'une chute dans les décors d'un tournage. Au réveil, sa bergère, la douce Noémie (instit' dans le neuf-trois et fine intellectuelle - j'ai pas d'exemple à vous donner) était toujours à son chevet, mais pour eux deux rien ne serait plus jamais pareil. Et leur histoire continuerait de se dérouler à rebours, destination néant.

Il ne faudrait surtout pas que mon synopsis bécasson, mon analogie foireuse avec un scénario à la Disney (mais à l'envers - vous avez compris ça n'est-ce pas ?), vous cache les intentions profondes de l'auteur, l'intelligence de la construction de son conte philosophique et moral (voilà c'est ça, exactement ça), la verve du style impeccable et jouissif que Solange Bied-Charreton met au service de sa dérision critique à triple visée : faire rire, pleurer, réfléchir. Malice et érudition, lucidité et romantisme, inventivité et réalisme : l'étendue de la palette des couleurs littéraires est éblouissante, surtout chez une si jeune femme écrivain.

Solange Bied-Charreton vit et travaille à Paris. J'ai grinché en lisant cette "bio" de l'auteur sur la quatrième de couverture : dire ça ou rien, ils se moquaient du client-lecteur, chez Stock, non ? Mais je n'avais pas encore lu NSJEF. Après lecture, je fais mon mea culpa : elle est lapidaire, cette bio, mais signifiante ! Seule une parisienne (mais pas que) pouvait livrer ces descriptions hilarantes-pertinentes du Bon Marché, ou d'Italie 2.  Disserter sur la mutation boboisante des cafés. Parler des vestiges de l'enceinte de Philippe Auguste, de l'architecture de la piscine de la Butte-aux-Cailles, du musée du quai Branly, etc.

Chez Stock, donc. Je ne savais pas, jusqu'à lire l'excellent Qui suis-je ? sur Jacques Chardonne par Alexandre Le Dhin,lienque l'écrivain avait été un grand éditeur, et dirigé, presque jusqu'à sa mort, Stock rachetée à son propriétaire en 1920. Quel rapport ? Ben, je dirai l'amour du beau style, et aussi le hussardisme...

Chez Stock, disais-je. Qui a publié récemment L'identité malheureuse, essai d'Alain  Finkielkraut (que je n'ai pas encore lu, mais AF en a beaucoup parlé sur les médias !). Quel rapport ? Lisez Nous sommes jeunes et fiers, roman, et vous comprendrez... Bon, je suis bonne fille, voici quelques pistes en vrac : question identitaire, patrimoine historique, terroir, patriotisme, transmission de valeurs, enseignement de la langue française, etc.

>> ils en parlent :

  • à suivre

 

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