[vu à la télé] la rivière rouge, film de howard hawks
mardi 21 janvier 2014
Je me réveille ce matin avec des images dans la tête de ce film vu hier soir sur Arte : c'est si rare que ça vaut bien un billet de blog !
Un synopsis d’une simplicité biblique : vers 1870, du Texas au Missouri, le déplacement d’un troupeau de dix mille têtes sur trois mille kilomètres, un chef de convoi vieillissant et aigri (John Wayne, le centaure magnifique) qui vire au patron tyrannique et violent et suscite la mutinerie de ses employés.
Mais surtout... Montgomery Clift !
Des grands espaces, des gueules de cow-boys de légende ! Et les yeux clairs de Monty... le demi-sourire de Monty ! Le stetson dégageant le front et une mèche brune, la cigarette de Monty (à en imaginer que pour Lucky Luke, Morris s’est inspiré de la dégaine de l’acteur en garçon vacher !).
1948 ! On imagine le making-off : les acteurs, les opérateurs, au milieu des bêtes, le passage de la rivière, l’envahissement de la rue unique d’Abilene (un décor, je sais !) par le troupeau affolé.
Je n’ai pas souvent fait ici de recension cinématographique : alors je m’étonne moi-même, un western, en plus !
Pour finir : une idée dramaturgique qui m’a vraiment étonnée et touchée. Je ne sais pas qui en créditer, du metteur en scène, du scénariste, ou autre, peu importe. A plusieurs reprises au long du film, on nous a fait comprendre que les hommes de l’ouest avaient l’ouïe particulièrement exercée, leur permettant de distinguer le cri d’une chouette d’un signal comanche, de ressentir l’état nerveux du troupeau, la menace des coyottes, la proximité de la rivière. Or, presque à la fin du périple, un cow-boy alerte les autres : un bruit qu’il n’a jamais entendu, qu’il ne comprend pas, incroyable, non ? Les autres sont aussi perplexes, s’interrogent. Alors, au loin on aperçoit... un train qui siffle trois fois. Au lieu de s’attarder sur la surprise des ruraux, c’est l’inverse que montre Howard Hawks : celle du mécanicien qui, lui, n’a jamais vu un troupeau d’une telle taille passer devant sa loco, et qui clame joyeusement son admiration devant le spectacle. La rencontre de deux mondes (perdus), en une image : belle écriture cinématographique !
Que dire de plus : merci arte !