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4 notes en janvier 2014

[baston] monsieur salatko, citez toutes vos sources, bordel !

Hier matin un ChroMed de France Inter (chroniqueur médias — sic, chez Pascale Clark) a négligemment mais très péremptoirement cité Marc-Edouard Nabe lien comme étant : “l’écrivain antisémite d’extrême droite”. Point. Pas de développement. Aucune réaction des autres journalistes présents, ni de l'animatrice. Il était évidemment question des apparitions de l’écrivain sur le plateau télé de Frédéric Taddeï, et surtout de la plus récente où il annonçait la prochaine publication de son trentième livre lien d’environ mille pages, et son règlement de comptes avec Dieudonné et Soral.
Moi, je suis juste lectrice. Donc je lis.
Nabe lien a écrit des pages par multi dizaines de milliers et n’a jamais été condamné ni pour ses écrits, ni pour autre chose. Je pense avoir lu environ 60% de ce qu’il a écrit, hors presse. Alors de deux choses l’une. La première, je ne sais pas lire. La seconde, ce dont il est si souvent question et qui sentirait le soufre se trouve dans ce que je n’ai pas lu. Et la troisième c’est que je suis antisémite et d’extrême droite à l’insu de mon plein gré.

Un écrivain aussi détestable devrait au moins être à l’abri du plagiat. Or il semble bien que malgré sa réputation sulfureuse, l’œuvre de Nabe soit souvent la cible de démarqueurs en mal d’inspiration. Paradoxal, non ?
Par exemple, ceci que Nabe a écrit en 1993 : Nuage (Le Dilettante). Je l’ai lu en 2008 lien et tant aimé que j’en connais toujours par cœur les deux dernières pages 60-61 (ne vous inquiétez pas trop pour ma santé mentale : ce sont les deux seules pages de Nabe que je puisse réciter mot à mot).

Alors quand j’ai lu les pages 268-269 de Folles de Django, roman d’Alexis Salatko (2013, Robert Laffont), j’ai toussé très fort.
Bien sûr ce n’est pas un copié-collé mot pour mot du texte de Nabe sur la mort de Django Reinhardt. C'est du démarquage, mais Alexis Salatko ne cite aucunement Nuage de Marc-Edouard Nabe parmi les ouvrages qui l’ont inspiré et qui sont listés à la fin de son livre !

Vouloir que toutes les sources soient citées, et/ou remerciées, et toujours, relève sans doute du wishful thinking...
Peut-être aussi suis-je trop naïve, et la création littéraire actuelle est-elle beaucoup plus souvent que je ne le crois une reprise non reconnue et dégradée de chef-d’œuvres oubliés. Sans doute. Peut-être.

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[lu, formation] lawrence d'arabie, biographie par michel renouard

Folio biographies , 311 pages, octobre 2012, 8 euros 10

après les nouvelles lien le mois dernier, voici un autre exercice formel de lecture/analyse : le document, ici une biographie... (à venir : un roman policier, un roman étranger)

quatrième de couverture : «Tous les hommes rêvent mais pas de la même façon. Ceux qui rêvent de nuit s’éveillent le jour et découvrent que leur rêve n’était que vanité. Mais ceux qui rêvent de jour sont dangereux, car ils sont susceptibles, les yeux ouverts, de mettre en œuvre leur rêve afin de pouvoir le réaliser. C’est ce que je fis.» Derrière le héros mythique, joué par Peter O’Toole dans le célèbre film de David Lean, se cache un personnage complexe, non exempt de zones d’ombre. Archéologue et agent de renseignement, homme d’action et auteur des Sept Piliers de la sagesse, Thomas Edward Lawrence (1888-1935) se disait «à moitié poète», se voulait «intouchable», et mourut prématurément dans un accident de moto. Ce livre retrace la vie et les aventures de l’insaisissable Lawrence d’Arabie, dont Winston Churchill affirmait qu’il était «un des êtres les plus extraordinaires de son temps». — biographie de l'auteur : Né à Dinan, Michel Renouard a été apprenti typographe, correspondant d'Europe 1, de Paris-Jour et de l'agence Reuter, enquêteur de Dominique Lapigrre pour Paris brûle-t-il ? et Cette nuit la liberté, journaliste à Ouest-France, puis professeur à Rennes, Poitiers, La Roche-sur-Yon, Carlisle (Angleterre), Nairobi (Kenya) et Amherst (États-Unis). Agrégé de lettres, docteur d'État en littérature américaine, ce professeur des universités, spécialiste de l'Empire britannique, a créé le Sahib, premier laboratoire français consacré aux études anglo-indiennes. II connaît bien le Proche-Orient, du Bosphore au golfe d'Aqaba, du Caire à Bagdad, de Jérusalem à Damas. Depuis 1964, il a publié quarante-trois livres, parmi lesquels Histoire et civilisations de la Méditerranée (Ouest-France, 2006), La Littérature indienne anglophone (Atlande, 2008), Naissance des écritures (Ouest-France, 2011) et une douzaine d'oeuvres de fiction, dont un roman historique sur la Seconde Guerre mondiale, en partie situé en Égypte et à Malte, L'Indien du Reich (Privat, 2007).avis critique :

Il pouvait être tentant pour l’auteur d’une biographie de Thomas Edward Lawrence (1888-1935) d’en faire tout un roman… d’aventures. Mais Michel Renouard livre avant tout un document sérieux et parfaitement informé sur un être hors normes, infiniment complexe. Qu'on lit comme un roman !

Le biographe nous transmet très vite et très facilement une admiration teintée de compassion pour son sujet : esprit libre, érudit, rebelle, excentrique, mais sincère. On s’émeut de la solitude assumée du héros aux dons multiples, de ses contradictions, de la conscience qu’il a de son inaptitude à la relation intime.

La description des conflits et des équilibres politiques en Orient durant la guerre est d’une lecture un peu plus difficile : on regrette l’absence de cartes géographiques. Le cahier de photos central permet de vérifier certaine ressemblance de Lawrence avec l’acteur qui l’a incarné ! Chronologie, notes et bibliographie, sont des annexes utiles en fin de volume.

L’écriture est fluide, agréable, émaillée de pointes d’humour assorties à celui que l’auteur prête à son sujet. Un document passionnant et étonnant, qui réussit une synthèse harmonieuse entre l’illustration de la personnalité fascinante de Lawrence, et la description de ses activités politiques et littéraires.

 

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