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[niguedouille] ou comment ma collec perso d'écrivains francophones fans de richard brautigan s'agrandit

[étude, bnf] pierre desproges, moments de réflexion autour d'un iconoclaste

couverture du DVD : "Desproges est vivant" d'Yves Riou et Philippe PouchainEn titre de ce billet, l'intitulé académique officiel de l'après-midi du mercredi 6 novembre que j'ai passée dans le petit auditorium de la grande bibliothèque François-Mitterrand.

Ci-dessous des sous-titres possibles qui me sont venus à l'écoute attentive et ravie des intervenants, spécialistes et/ou amis du récipiendaire par contumace :

voilà 25 ans qu'on n'entend plus desproges : un silence qui en dit long, non ?

desproges, dérangeur public n°1 ?

un colloque pd à la bnf, étonnant, non ?

desproges, le rire d'une autre époque ? l'époque d'un autre rire ?

D'abord, Thierry Grillet, responsable des affaires culturelles à la BnF, nous a souhaité la bienvenue, s'est excusé — il n'y est pourtant pas pour grand-chose — de l'impraticabilité de l'accès Est qui devrait être rouvert d'ici peu, du parcours labyrinthique jusqu'à l'auditorium — au demeurant très confortable —, s'est souvenu avec émotion de la parabole des Cintres — un peu plus tard, ce sketch formidable que je ne connaissais pas a été projeté —, et a passé le micro à Philippe Meyer, grand maître de cérémonie.

Excellent Philippe Meyer, âminateur (animateur avec âme) de l'enchaînement des exposés plus ou moins structurés qui ont suivi. Lui, aurait aimé, bien loin de tout dénigrement, donner comme sous-titre à la rencontre : “ autour d'un raté ”. Pierre Desproges, nous a-t-il dit, était un perpétuel angoissé atteint du syndrome de l'imposteur, doutant constamment de son talent, s'étonnant du succès arrivant pourtant chichement et tardivement, cachant mal sa timidité congénitale sous son inimitable sourire de chat du Cheshire.

“ un journaliste raté ? ”

Ça oui ! C'est son amie d'enfance Annette Kahn qui nous a raconté avec verve et tendresse, les débuts calamiteux de Desproges au journal L'Aurore où elle-même travaillait. Un rédac chef pervers lui avait confié la rubrique faits divers alors qu'il n'avait aucune formation de journaliste. Résultat : viré. Il revient pourtant un peu plus tard, mais cette fois, à la bonne place, celle de plume, de rewriter, puis de chroniqueur déjanté, rédacteur de la rubrique En bref...  pour Paris-Turf. Les lecteurs plébiscitent ses brèves, sa folie douce. Un lecteur surtout : Jacques Martin... C'est comme ça qu'il devient chroniqueur à la télé pour Le Petit Rapporteur.
La suite, vous la connaissez (sinon voir wikipedialien) : Le Tribunal des Flagrants Délires, Les Chroniques de la Haine Ordinaire, à la radio, La Minute Nécessaire de Monsieur Cyclopède à la télé, etc.

“ un écrivain raté ? ”

Il est parti trop tôt pour qu'on puisse parler d'une œuvre (per se) de Desproges écrivain. Mais la qualité d'écriture des nombreux textes et fragments qui nous restent  ne laisse aucun doute. Il a pas eu le temps, c'est tout.

“ un comédien raté ? ”

Alors là, c'est moi qui dit non. Non ! Je l'ai vu une seule fois, au théâtre du Musée Grévin. Génial. Il avait commencé tard, là encore, se faisant violence. Philippe Meyer raconte que pour lui, monter sur scène, "ça ne se faisait pas", question d'éducation...

Durant l'après-midi, trois présentations couvraient à peu près le même thème : “ l'évolution de l'humour dans les médias, et la persistance de l'esprit Desproges ”

L'historien Bertrand Lemonier a dressé un cadre formel et chronologique allant des cafés théâtre des années 70, au désastre actuel du rire médiatique. Exposé indispensable.

François Angelier et PâcomeThiellement, se sont lancé et relancé les noms d'oiseaux littéraires ou humoristes qui d'après eux auraient pondu l’œuf Despoges ou l'auraient influencé : Léautaud, Bloy, Vialatte, Chamfort, mais aussi Choron, Cavanna, Andy Kaufman, George Carlin. Ça a volé haut, en tous sens... Moyennement intéressant.

Le philosophe François L'Yvonnet et Alain Schifres ont enfoncé le clou, salué la liberté de ton de l'humoriste solitaire et singulier, sa gaité triste, sa conscience de la douleur de l'homme, son indépendance ; ils ont dénigré la société actuelle du ricanant politiquement correct (Y'en a marre de l'humour conformiste, bien pensant, moraliste, glucosé — sic !), Pour eux, le néo-humour est tout sauf une invitation à penser, ses représentants ne prennent aucun risque, ils sont du côté du pouvoir, du fric. Violent, mais pas mal vu, je trouve !

Mais les plus desprogiens de la table ronde, sans conteste, c’étaient les deux plus jeunes intervenants : Christophe Ernault et Mathieu Alterman, trentenaires, donc nés peu avant la mort de Desproges. Duettistes décalés. Sympas. Invités en tant qu’auteurs/fondateurs de  la revue Schnock,lien ni l’un ni l’autre n’avait songé à amener un exemplaire de leur bébé. Alors pendant la pause, avant leur passage sur le plateau, ils étaient allés en acheter un numéro à la librairie de la BnF ! Ils l’ont promis : avec le matériel collecté au cours de l’après-midi, ils ont de quoi sortir un super numéro de Schnock sur Desproges.

Encore plus jeunes  (25 ans au plus).... les étudiants-comédiens de l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre à Lyon, venus dire (pas lire !), et très bien dire, des textes de Pierre, entre les échanges. Preuve faite à travers  leurs voix, leurs émotions, que Desproges parle aux jeunes d'aujourd'hui.

 

>> on en parle aussi ici et là :

  • [ à compléter ]

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