[babelio, masse critique] le charme des penseurs tristes, essai de frédéric schiffter
[étude, bnf] pierre desproges, moments de réflexion autour d'un iconoclaste

[#MRL2013] petites scènes capitales, roman de sylvie germain

Albin Michel, 256 pages, août 2013, 19 euroslien
lu pour l'opération Matchs de la Rentrée Littéraire 2013 lien (partenariat Price MInister et Rakuten Group)

en 4ème de couverture : « L’amour, ce mot ne finit pas de bégayer en elle, violent et incertain. Sa profondeur, sa vérité ne cessent de lui échapper, depuis l’enfance, depuis toujours, reculant chaque fois qu’elle croit l’approcher au plus près, au plus brûlant. L’amour, un mot hagard. »  Tout en évocations lumineuses, habité par la grâce et la magie d’une écriture à la musicalité parfaite, Petites scènes capitales s’attache au parcours de Lili, née dans l’après-guerre, qui ne sait comment affronter les béances d’une enfance sans mère et les mystères de la disparition. Et si l’énigme de son existence ne cesse de s’approfondir, c’est en scènes aussi fugitives qu’essentielles qu’elle en recrée la trame, en instantanés où la conscience et l’émotion captent l’essence des choses, effroi et éblouissement mêlés.Lili, enfant du Baby Boom, a été abandonnée par sa mère peu après la naissance. Petite fille esseulée élevée par un père peu affectueux, elle se trouve bientôt submergée dans la recomposition d'une famille soudain trop nombreuse.

Quarante neuf courts chapitres dessinent le cheminement d'une femme douce, depuis l'âge des premiers souvenirs, jusqu'à la mort de son père nonagénaire. Ces fragments significatifs dont elle est souvent le personnage central, mis bout à bout, retracent une quête identitaire, obstinée, longue et chaotique. Ni Cosette, ni Cendrillon, Lili n'est pas non plus une rebelle. Il lui faudra du temps et plusieurs tentatives pour forger sa propre volonté d'exister.

Sylvie Germain utilise un système diablement efficace pour faire valoir un personnage principal féminin un peu faible pour occuper pleinement l’espace du récit.

Autour de la sage Lili et de son père, elle convoque une galerie de caractères beaucoup plus charismatiques et complexes : une belle-mère séduisante et énigmatique, quatre demi frère et soeurs pleins de vie, de charme et de mystère. Mais la romancière concentre sur la nouvelle famille de Lili une série d’accidents de la vie qui vident la maisonnée en quelques années.

Pour moi cette construction habile a le défaut de son ingéniosité. Pendant quelques scènes, ce sont Viviane (la belle-mère), Paul et ses soeurs qui monopolisent l’attention. On est sonné par les tragédies familiales qui s’abattent sur eux les unes après les autres : mort accidentelle d’une des soeurs jumelles, mise au monde d’un bébé thalidomide par l’aînée, maladie de la mère, révélation du secret de la naissance de Paul. Pendant cette période d’extrême bouleversement familial, Lili est dans la position d’un témoin, guère plus. Bien sûr cela aura quelques répercussions sur son comportement, mais pas tant que cela.

Si j’ai quelques réserves sur la construction de ce roman de formation et sur son personnage principal, je n’en ai aucune sur la séduction de l’écriture de Sylvie Germain. Scènes très poétiques de la petite enfance (balançoire, manège), observations lyriques de la nature (oiseau, vent, arbre, lac, océan), évocations touchantes de la vie quotidienne en famille (chambrée des filles, excursions et promenades).

ma note #MRL2013 : 15/20

Commentaires