[vu, lu] intérieur, de thomas clerc
[#MRL2013] petites scènes capitales, roman de sylvie germain

[babelio, masse critique] le charme des penseurs tristes, essai de frédéric schiffter

Flammarion, 267 pages, août 2013, 17 euros lien
lu pour l'opération Masse Critique de Babelio lien (on choisit un livre dans une liste de nouveautés, on reçoit le livre, on donne son avis sur le livre)

4ème de couverture : Le charme des penseurs tristes La joie occulte le tragique de notre existence et nous insensibilise aux souffrances du monde. Les philosophes, dès lors, en font une passion sage - une vertu. Sont-ils pour autant des êtres joyeux ? Les penseurs tristes, eux, n'ont rien de doctrinaires de la tristesse. Ils contemplent notre condition à travers les loupes de leurs larmes. Leur lucidité ne nous rend pas plus heureux. Comme elle s'exprime avec élégance, elle invite notre intelligence et notre sensibilité au plaisir de flirter entre elles. Elle nous rend le sourire. Nous sommes sous le charme.- Vous avez du vague à l'âme ? Un passage à vide ?
- Vous ne supportez plus les rires enregistrés, les réjouissances forcées ?
- Vous déprimez à l'idée des fêtes de fin d'année qui déboulent inexorablement ?

Réjouissez-vous ! Vous aimerez les dix penseurs tristes de Frédéric Schiffter !

Évidemment, je me moque... gentiment, admirativement. Avec Frédéric Schiffter on est très-très loin de la promotion et de la glorification des idées. D'ailleurs il ne s'agit pas d'idées (elles sont réservées aux philosophes chiants sérieux), mais de pensées, de maximes, de regards attristés et amusés sur l'humanité, délivrés par de charmants inadaptés sociaux à qui il est difficile de ne pas s'identifier, ici ou là.

Frédéric Schiffter nous présente dix moralistes neurasthéniques, penseurs pensifs : son top-ten des aristocrates de l'ennui à travers les âges, ses professeurs  de désinvolture, ses maîtres (et une maîtresse) en nihilisme désabusé. Les dix chapitres consacrés aux penseurs tristes mais néanmoins charmants, sont encadrés par une préface et un épilogue où Frédéric Schiffter se dévoile un peu, élégamment, discrètement, avec un certain sourire.

J'avoue être passée un peu vite, faute de background suffisant, sur les portraits de Socrate (le philosophe d'occasion) et de L'Ecclésiaste (l'esthète épuisé). J'avais oublié la modestie exquise de Madame du Deffand (la marquise cafardeuse), la vacherie de La Rochefoucauld (le frondeur abattu). J'ignorais presque tout de Hérault de Séchelles (l'aventurier sans cause), dandy révolutionnaire et tragique.[ les expressions en iltalique sont de Frédéric Schiffter ]

Les cinq suivants sont nos contemporains, à peu de chose près.  Je n'ai pas encore lu Cioran (le métaphysicien insomniaque), et ignorais totalement l'existence de Nicolàs Gomez Dàvila (le réactionnaire à vif). Mais j'avais découvert assez récemment Albert Caraco (le nihiliste apocalyptique, le plus éprouvant), Henri Roorda (l'anarchiste sentimental, le plus drôle) et Roland Jaccard (l'adepte du suicide non pratiquant, le plus seul vivant parmi les dix).

Un opuscule savant de lecture facile et très agréable, qui ne doit pas effrayer ceux que l'aridité des traités de philosophie rebute.

 

>> Que vous aimiez Orgueil et préjugés. ou Janine Boissard., Jean de la Fontaine. ou Nathalie Rheims., Babelio vous invite toute l’année à découvrir des citations d'auteurs. ou des critiques de lecteurs. en allant sur Babelio.com.

>> enfin... j'ajoute LCDPT au tableau d'honneur des ouvrages 2013 qui utilisent et définissent le mot sérendipité lien!

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