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4 notes en octobre 2013

[#MRL2013] petites scènes capitales, roman de sylvie germain

Albin Michel, 256 pages, août 2013, 19 euroslien
lu pour l'opération Matchs de la Rentrée Littéraire 2013 lien (partenariat Price MInister et Rakuten Group)

en 4ème de couverture : « L’amour, ce mot ne finit pas de bégayer en elle, violent et incertain. Sa profondeur, sa vérité ne cessent de lui échapper, depuis l’enfance, depuis toujours, reculant chaque fois qu’elle croit l’approcher au plus près, au plus brûlant. L’amour, un mot hagard. »  Tout en évocations lumineuses, habité par la grâce et la magie d’une écriture à la musicalité parfaite, Petites scènes capitales s’attache au parcours de Lili, née dans l’après-guerre, qui ne sait comment affronter les béances d’une enfance sans mère et les mystères de la disparition. Et si l’énigme de son existence ne cesse de s’approfondir, c’est en scènes aussi fugitives qu’essentielles qu’elle en recrée la trame, en instantanés où la conscience et l’émotion captent l’essence des choses, effroi et éblouissement mêlés.Lili, enfant du Baby Boom, a été abandonnée par sa mère peu après la naissance. Petite fille esseulée élevée par un père peu affectueux, elle se trouve bientôt submergée dans la recomposition d'une famille soudain trop nombreuse.

Quarante neuf courts chapitres dessinent le cheminement d'une femme douce, depuis l'âge des premiers souvenirs, jusqu'à la mort de son père nonagénaire. Ces fragments significatifs dont elle est souvent le personnage central, mis bout à bout, retracent une quête identitaire, obstinée, longue et chaotique. Ni Cosette, ni Cendrillon, Lili n'est pas non plus une rebelle. Il lui faudra du temps et plusieurs tentatives pour forger sa propre volonté d'exister.

Sylvie Germain utilise un système diablement efficace pour faire valoir un personnage principal féminin un peu faible pour occuper pleinement l’espace du récit.

Autour de la sage Lili et de son père, elle convoque une galerie de caractères beaucoup plus charismatiques et complexes : une belle-mère séduisante et énigmatique, quatre demi frère et soeurs pleins de vie, de charme et de mystère. Mais la romancière concentre sur la nouvelle famille de Lili une série d’accidents de la vie qui vident la maisonnée en quelques années.

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[babelio, masse critique] le charme des penseurs tristes, essai de frédéric schiffter

Flammarion, 267 pages, août 2013, 17 euros lien
lu pour l'opération Masse Critique de Babelio lien (on choisit un livre dans une liste de nouveautés, on reçoit le livre, on donne son avis sur le livre)

4ème de couverture : Le charme des penseurs tristes La joie occulte le tragique de notre existence et nous insensibilise aux souffrances du monde. Les philosophes, dès lors, en font une passion sage - une vertu. Sont-ils pour autant des êtres joyeux ? Les penseurs tristes, eux, n'ont rien de doctrinaires de la tristesse. Ils contemplent notre condition à travers les loupes de leurs larmes. Leur lucidité ne nous rend pas plus heureux. Comme elle s'exprime avec élégance, elle invite notre intelligence et notre sensibilité au plaisir de flirter entre elles. Elle nous rend le sourire. Nous sommes sous le charme.- Vous avez du vague à l'âme ? Un passage à vide ?
- Vous ne supportez plus les rires enregistrés, les réjouissances forcées ?
- Vous déprimez à l'idée des fêtes de fin d'année qui déboulent inexorablement ?

Réjouissez-vous ! Vous aimerez les dix penseurs tristes de Frédéric Schiffter !

Évidemment, je me moque... gentiment, admirativement. Avec Frédéric Schiffter on est très-très loin de la promotion et de la glorification des idées. D'ailleurs il ne s'agit pas d'idées (elles sont réservées aux philosophes chiants sérieux), mais de pensées, de maximes, de regards attristés et amusés sur l'humanité, délivrés par de charmants inadaptés sociaux à qui il est difficile de ne pas s'identifier, ici ou là.

Frédéric Schiffter nous présente dix moralistes neurasthéniques, penseurs pensifs : son top-ten des aristocrates de l'ennui à travers les âges, ses professeurs  de désinvolture, ses maîtres (et une maîtresse) en nihilisme désabusé. Les dix chapitres consacrés aux penseurs tristes mais néanmoins charmants, sont encadrés par une préface et un épilogue où Frédéric Schiffter se dévoile un peu, élégamment, discrètement, avec un certain sourire.

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[vu, lu] intérieur, de thomas clerc

 en 4e de couv : «Comme j'ai été lent à faire le tour de ma maison! 3 ans pourtant c'est 3 fois moins qu'Ulysse revenant de Troie. Ulysse ne voulait pas rentrer à Ithaque, et moi je m'évertue à rester ici, je supplie de ne pas sortir.»  L'appartement de Thomas Clerc fait 50 mètres carrés. Il y vit depuis 10 ans. Il y passe la majeure partie de son temps. Sans doute parce qu'il est un homme d'intérieur, il a entrepris d'en faire le tour intégral avec cette espèce de vertige qui le pousse toujours à épuiser la totalité d'un espace.
Gallimard, coll. Arbalète, septembre 2013, 400 pages, 22 euros 90

Manosque (Les Correspondances de), samedi 28 septembre 2013 — A la librairie Le Petit Pois j'achète Intérieur de Thomas Clerc pour une amie, avec l'intention de le lire avant de le lui offrir de retour à Paris. Sur le bandeau rentrée littéraire, gros plan trois quarts face du visage de l'auteur, regard détourné. Pas franchement avenant. Cette moustache...

Un peu plus tard, vers 18 heures, place Marcel-Pagnol, un podium sous les platanes pour la rencontre (animée par le journaliste Yann Nicol) du public avec l’écrivain moustachu.

J'ai juste le temps de lire la dédicace étrange et deux-trois pages du livre de Thomas Clerc. De repérer deux hommes en noir debout aux lisières de l'assistance en attente, assise. L'un que je reconnais, c'est Thomas B. Reverdy. L’autre, j’ai une intuition, mais sa haute taille et sa prestance ne correspondent pas du tout aux portraits genre anthropométrique vus sur internet, que j’ai gardés en mémoire.

Le journaliste, puis l’écrivain, s’installent sur fond de fausse tapisserie de salon où l'on cause, à très grandes fleurs rose loukoum sur fond magenta. D’ailleurs Thomas Clerc fait une remarque sur celle-ci mais j’ai oublié quoi. Je sors un papier et un crayon, trop tard pour ce qui précède, mais pensant que des notes serviraient de support pour rendre compte de la suite.

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[échos] sérendipité...pité...pité...pité

image de nuage de mots trouvé sur le blog Povrane en date du 22 février 2013Dans deux livres de la rentrée littéraire que je viens, de lire pour l'un, et de commencer pour l'autre, l'écrivain utilisant le terme sérendipité, s'arrête dans sa narration pour l'expliquer... Il s'agit de l'américain Kristopher Jansma dans La Robe des léopards, et de Thomas Clerc dans Intérieur . Ils sont pourtant bien éloignés l'un de l'autre aussi bien géographiquement que par leur écriture.


Parlant d'un meuble trouvé dans la rue et recyclé :

“ Serendipity
A l'heureux hasard de sa découverte, appelé Sérendipité, s'ajoutent le plaisir de l'avoir arraché à la casse, la technique spontanée du prélèvement urbain et sa gratuité presque totale. Ce meuble accidentel consigne certains traits de ma personne, y compris ma fonction. ”

In: Intérieur, de Thomas Clerc, page 27

A propos du Shri-Lanka, où le héros mythomane s'est installé : 

“ A moi les temples bouddhistes, les plantations de thé de Ceylan et le charme unique de ce pays : Serendib, de son nom arabe, à partir duquel les colons britanniques ont inventé le mot serendipity, pour faire référence aux rouages du destin, à la fois magiques et invisibles, à l’œuvre dans ce paradis verdoyant. ”

In: La Robe des léopards, de Kristopher Jansma, traduction de Laure Manceau, page 209

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