[lu] vingt-sixième étage, roman d'alain bron
mercredi 25 septembre 2013
éditions In Octavo,lien octobre 2013, 334 pages, 21 euros
Quand vous lirez Vingt-sixième étage, vous qui avez déjà travaillé dans un quartier d’affaires — à l’étage des open spaces, voire à celui des directeurs quelques étages plus haut — vous penserez :
— voilà le livre que j’aurais dû/voulu écrire...
Mais peu importe que vous n’ayez même, jamais pris le RER pour La Défense, jamais attendu l’ascenseur pour la pause clope sur le parvis, jamais subi un entretien annuel d’évaluation. Avec son roman, Alain Bron lien vous transporte et vous guide dans l’univers impitoyable des cols blancs et l'ordinaire d'une tour de bureaux.
Tout y est : le lot de souffrances quotidiennes qui désespèrent, mais aussi les espoirs et les joies qui font avancer.
Tout un roman...
Car Vingt-sixième étage n’est pas — heureusement — un manuel de survie dans le milieu hostile de l’entreprise française. L’auteur ne donne pas de leçon de management ou de syndicalisme, il ne propose pas de thèse sur le comportement organisationnel.
Pourtant. Tout y est...
Cela commence avec une campagne annuelle d’entretiens d’évaluation inexplicablement sévères. Bientôt suivie de la descente dans les locaux d’auditeurs externes pétrifiants d’antipathie, qui vont pousser, pour commencer, à la délocalisation du service où travaille Thomas.
“ Thomas ne voulait pas se prendre pour un Tirésias des temps modernes. Il usait de ce don avec parcimonie et intelligence, parce qu’il ne savait jamais quand, rarement quoi et exceptionnellement où. Cette fois, la lueur lui prédit que le management avançait à toute allure, les yeux fermés et que l’entreprise MMS courait à la catastrophe. Et de s’attendre désormais à plusieurs événements qui allaient dégringoler comme des billes sur un escalier. Mais lesquels ? ”
Pour simplifier mon résumé du point de départ du foisonnant roman d'Alain Bron, je n'ai parlé que de Thomas. Mais c'est toute une galerie de personnages superbement animés qui entourent le jeune aveugle, et que l'on suit au plus près dans ce feuilleton passionnant de la démolition programmée d'une entreprise. Drame et humour mêlés avec réalisme. Avec tendresse. Avec clairvoyance. Avec talent.
>> nota 1 : Vingt-sixième étage a été sélectionné pour le Prix du Roman d'Entreprise 2014 lien
>> nota 2 : Vingt-sixième étage a reçu le Prix du meilleur roman Handi-livres 2014 lien
>> ils/elles en parlent aussi :
- [à compléter]
>> une autre note de lecture chez moi, sur le précédent roman d'Alain Bron :