[lu] sauvages blancs ! chroniques tunisiennes (1911-1927) de jossot
lundi 20 mai 2013
éditions Finitude, février 2013, 176 pages, 19 euros
présenté et annoté par Henri Viltard lien
Jossot (1866-1951), je ne connaissais pas avant l'exposition de ses dessins, caricatures et peintures, à Paris en 2011.lien
Je le retrouve avec bonheur en pamphlétaire grâce au formidable travail d'édition animé par Henri Viltard lien qui en signe la préface.
En mains, l'ouvrage est beau, depuis la couverture garance-noir-blanc (couleurs anar !),
jusqu'à l'achevé d'imprimer illustré (le célèbre Mort aux vaches, comme un ex-libris de Jossot), en passant par les typographies, le papier ivoire, les intertitres, et bien sûr les reproductions de dessins, peu nombreuses mais précieuses.
En 1911, Jossot s'installe en Tunisie ; définitivement puisqu'il meurt en 1951 à Sidi bou Saïd sans être jamais rentré en France. En 1913 il s'est converti à l'Islam. Il ne fait plus de dessins satiriques, mais son écriture est de la même veine caustique que ses caricatures, et ses observations de la société et des mœurs, données sous forme de chroniques dans la presse tunisienne, frappent fort, et tous azimuts... Voici quelques uns des titres des articles rassemblés :
Les Néo-civilisés — Pitié pour elles — La question du voile — Les méfaits de l'instruction — Les déformateurs du cerveau — Les parents sont des scorpions — L’Homme est fait pour vivre seul — ...
Et mauvais esprit ? Evidemment. Heureusement.
Seulement, comme le remarque Henri VIltard dans la préface :
“ [...] l'artiste affiche des positions conservatrices, mais son combat contre les injustices coloniales le rapproche des indépendantistes tunisiens. En se faisant ouvertement l'avocat des sans-voix, le porte-parole des faibles et des vaincus, Jossot reste guidé par une philosophie individualiste et humaniste. C'est la raison pour laquelle, malgré ses positions traditionalistes, il provoque un débat sur la claustration des femmes, pointant, comme il le faisait dans ses caricatures, les pressions sociales, les contradictions et les couardises qui maintiennent un ordre social inique et cruel. ”
In: La Dépêche tunisienne, 8 février 1913
Pour le plaisir, un aphorisme de Jossot :
" [...] vous allez insinuer que mes opinions ne sont pas opiniâtres, qu'elles varient comme les femmes et la plume sous le vent...
Oh, vous savez... les opinions... c'est un peu comme les caleçons, les chemises et les chaussettes : il faut en changer le plus souvent possible... pour être propre. ”
ps — Les mémoires de Jossot (Goutte à Goutte) sont encore quasi inédites à ce jour. Il faut espérer qu'Henri Viltard sera soutenu pour lancer ce projet d'édition. Et le meilleur moyen de l'aider est bien sûr de parler du magnifique travail qu'il fait avec les éditions Finitude, ou mieux encore d'acheter les deux livres déjà parus :
pps — dans un commentaire icilien, Henri Viltard pointait que Marc-Edouard Nabe avait écrit sur Jossot dans son Journal. Dont actelien !
>> ils en parlent aussi (liens) :
- [ à compléter ]