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5 notes en mars 2013

[lu] il faut jouir, édith — roman d'alain bonnand

La Musardine, collection Lectures Amoureuses,lien février 2013, 144 pages, moins de 8 euros, réservé aux adultes

quatrième de couv : “Hier, je me suis fait une profonde entaille à la base du petit doigt en ouvrant les huîtres (j’adore les huîtres comme j’adore les moules). D’habitude, je procède tranquillement, en prenant garde de ne pas me blesser. Mais là je pensais à toi ; j’étais très distrait – et pour arranger le tout j’avais bu trois bons petits verres de vin blanc. Je m’étais d’abord fait une légère éraflure, mais faut croire que ça ne suffisait pas. Heureusement, ce n’est pas la main qui te caresse profond, c’est l’autre, celle qui te met deux doigts doux au bord des yeux, sur la tempe, à la racine des cheveux quand tu es belle, le visage tout illuminé de plaisir, et que tu dis : “Je crois que tu vas me faire jouir !» — Soupçonné d’avoir commis deux livres cultes : Les Jambes d’Émilienne ne mènent à rien (Le Dilettante), Feu mon histoire d’amour (Grasset), Alain Bonnand vient de publier, aux éditions Écriture, Le Testament syrien (Valse avec Roland). ”
« Un redoutable manuel de séduction (...). C’est très drôle, très méchant, très pervers. », Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur.

Le tout dernier retour d'Alain Bonnand en littérature (après ceux de 2003 et 2010), même subreptice, donne bien du plaisir...
J'ai déjà parlé ici du très beau Testament syrien (Valse avec Roland) lienpublié en 2012 chez Écriture.
Dans un genre différent, Edith est la réédition ces jours-ci d’un texte érotique épatant publié en 2004 aux Presses Universitaires de France.
Dans son Alexandrine, grande voyageuse à Paris — récit sous forme d’échanges de mails envoyés de Amman en Jordanie où il vivait avec sa famille à l’époque de la promotion d’Il faut jouir, Edith —, Bonnand racontait à sa jeune correspondante parisienne son passage dans l’émission littéraire de Michel Field :

“ Des critiques qui se mettent en quatre pour défendre un livre dont l’auteur, en face d’eux s’ingénie à déconseiller et l’achat et la lecture, c’est cocasse ! (C’est de la petite pochade Il faut jouir dont il était question ; notre Cécile,lienelle, a complètement été oubliée dans cette affaire...) ”

Fine mouche, Alexandrine répondait (toujours sous la plume de Bonnand) :

“ On vous a vu à la télé ! Si tous les écrivains étaient comme vous, le métier d’éditeur serait compromis, mais la littérature serait joyeuse. C’est l’avis général. ”

Bonnand avait fait parvenir à Alexandrine un exemplaire d’Edith avec cette recommandation gentiment tartuffe :

Il faut jouir, Edith, c’est juste pour vous faire plaisir, pas pour lire ! (Ou alors, seulement les dialogues, qui sont bien piquants.) ”

Je sais pas pour Alexandrine, mais moi j’ai tout lu, et ça m’a fait bien plaisir !

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[historiette] sur les nerfs

250px-Much_Ado_Quarto (sur wikipedia) : Couverture du premier in quarto (1600) aka "Beaucoup de bruit pour rien"

Le panneau de circulation des métros indique 7 minutes avant le suivant, direction Mairie d’Issy. En milieu d’après-midi le quai n’est pas bondé. Deux circonstances qui font que j’ai le temps de remarquer le comportement hyperactif d’une voyageuse ; d’autant plus qu’il contraste franchement avec la tranquillité morne et figée des autres figurants de la scène.

Grande, jeune et belle, des cheveux blonds lâchés en crinière secouée au rythme des pas claqués qui la font passer et repasser devant moi. Évidemment elle téléphone. Fort. Si elle ne bougeait pas tant, je pourrais mieux saisir ce qu’elle clame :

— l’ambiance qu’y'a, tu peux pas savoir (...)
— ils sont tous énervés (...)
— et puis sur Canal, tout à l’heure Cohen a encore tapé sur Taddeï (...)
— moi, c’est pas ça qui m’énerve (...)
— mais alors lui, je te dis pas, son état, il était énervé, oh là là (...)

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[crowdfunding] pour la numérisation des parapluies de cherbourg

peu m'importe qu'il soit mythique, pour moi c'est le film de mes quinze ans, alors j'ai répondu petitement mais joyeusement à l'appel à l'aide de Ciné-Tamaris lien la société de production-distribution-montage (familiale) des films de Jacques Demy et d'Agnès Varda :

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[métro] la chanteuse, le sale type, et les policiers

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Vue d'un couloir du métro de Paris à Montparnasse Bienvenüe sur la ligne 4 du métro de Paris, Greenski, Wikimedia Commons

Mon amie Stefanie est soprano colorature. Parfois on l’entend chanter dans les couloirs du métro, à Pasteur. La jeune femme, chanteuse accréditée par la RATP, vient là pour travailler sa voix, mettre en place les nouveaux morceaux d’un récital, profiter de l'acoustique et d’un public varié mais le plus souvent conquis, attentionné, et admiratif.

Sauf hier en plein après-midi.

L’homme qui s’est planté devant la chanteuse pour ricaner méchamment devient agressif quand Stefanie lui intime de passer son chemin. Et les mots deviennent des gestes. D’une claque, il lui ouvre la lèvre. La chanteuse s’arme alors... de son téléphone pour photographier l’agresseur. Qui s’en empare, file et emprunte le couloir vers le quai. Stefanie rattrape l’individu au moment où il essaie de monter dans la rame. Elle lui arrache le téléphone et retient comme elle peut la fermeture des portes en appelant les voyageurs à la rescousse. Pas un franc succès immédiat, mais ses cris finissent par convaincre quelqu’un de tirer l’alarme pour empêcher la rame de repartir et déclencher l’intervention des agents de sécurité.

Un incident malheureusement banal pour qui fréquente les transports parisiens. Ce qui est moins attendu, c'est la suite donnée par les autorités...

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