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2 notes en février 2013

[masse critique] le cycliste du lundi, essai de françois nourissier

éditions La Grande Ourse,lien octobre 2012, 416 pages, 27 euros
lu pour l'opération Masse Critique de Babelio lien (on choisit un livre dans une liste de nouveautés, on reçoit un livre, on critique un livre)

présentation de l'éditeur : De François Nourissier, on connait l’écrivain brillant, le membre engagé du jury Goncourt, mais l’on a peut-être une idée plus imprécise du grand critique littéraire, puisque le propre de cet exercice difficile est de coller à l’actualité. Seul un panorama suffisamment large permet de prendre la mesure de l’apport fondamental de ce travail. C’est ce à quoi s’emploie ce recueil, Le Cycliste du lundi, conçu par l’écrivain lui-même, gardé au secret pendant plus de trente ans, où est rassemblé un choix d’articles et de critiques livrés à la presse entre 1962 et 1978.  Au fil des pages, Nourissier prend de la hauteur, nous emporte, et nous transmet sa curiosité pour les livres, les auteurs, et son émotion face à des œuvres qui le bouleversent. Un ouvrage de référence, libre et visionnaire.

Comme je le voulais, ce Cycliste ! J'avais tout mis de mon côté pour être dans le peloton de tête de la ruée bibliovore sur internet, à 8h30, ce fameux matin de Masse Critique du mois de janvierlien : l'alarme du réveil, l'alerte sur mon écran, et la page ouèbe déjà ouverte à l'url indiquée (pour une fois je n'avais pas éteint l'ordi avant d'aller me coucher la veille, exceptionnellement tôt). Avant d'entrer dans le vif de ma note de lecture — décidément placée sous le signe des ursidés —  je remercie Les Trois Ours de Babelio (c'est le pseudo collectif des astucieux et généreux  fondateurs de Babelio), et la maison d'édition La Grande Ourse, de m'avoir donné l'occasion de faire partager mon bonheur de lecture, et mon admiration pour le métier-passion de  François Nourissier (1927-2011), lien grand lecteur, grand critique, grand écrivain.

C'est une belle histoire de filiation et de transmission réussie qui nous vaut la révélation de ce recueil posthume de chroniques littéraires écrites entre 1962 et 1978 par un " liseur appointé ", car c'est ainsi que François Nourissier se définit lui-même. Nourissier, surnommé Nounours dans les rédactions pour lesquelles il travaillait, parce qu'il avait disait-on (à raison), une sacrée patte !

Pas étonnant alors que la fille de l'écrivain, Paulina Nourissier-Muhlstein (était-elle, enfant, une Petite Ourse ?), ait baptisé sa maison d'édition tout nouvellement créée : La Grande Ourse. En juin 2012, la nouvelle éditrice déclarait ainsi : “ Une [...] facette de mon activité sera axée sur le désir de perpétuer la mémoire de l’œuvre littéraire de mon père, François Nourissier. L’étude des archives qu’il a léguées à la BnF feront l’objet de plusieurs publications dans le futur. ”  Voici la première.

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[relu] visage de turc en pleurs, récit de marc-edouard nabe

en quatirème de couverture : «C'est un voyage. C'est une hallucination. Ce sont des racines retrouvées et aussitôt dissoutes. Ce sont des mosquées à la place d'usines, et des danses au lieu de minarets. Bref, c'est Constantinople, Istanbul, le Bosphore, ou plutôt l'invraisemblable capitale de l'arabesque. Bonne occasion pour Nabe d'écrire, à la derviche, ce qui existe de musique sous les apparences. Eh oui, le langage tourne ! Il est fait pour ça.» Philippe Sollers.
édition Gallimard épuisée, 225 pages, 1992 © Marc-Édouard Nabe

Est-ce un vrai ou un faux souvenir : j'entends encore Marcel Zanini lien me dire un soir de concert au Petit Journal Saint-Michel que parmi les livres de son fils celui-ci est un de ses préférés... Moi, pareil.

Amoureux inconditionnels d'Istanbul, attention : ceci n'est pas, mais pas du tout, un guide pour visite touristique... C'est un récit de voyage décalé, sublimé, mais pas idéalisé. On s'y promène avec l'auteur en barque sur le Bosphore, on visite les mosquées, les cimetières, Topkapi, Dolmabahçe, on va au hammam, au bazar, au Café Loti.... oui, c'est vrai, mais à la manière Nabe ! Il n'y a pas de photos, mais beaucoup mieux : quelques lettrines etquatre dessins à la plume “ fantaisistement orientaux ” que Nabe a réalisés spécialement pour illustrer lui-même son texte.

D’un séjour qu'il rêvait comme un retour à des sources familiales gréco-turques et qui s'avèrera somme toute ordinaire et finalement décevant, Nabe tire la narration de déambulations et de rencontres barjes et flamboyantes. Turquissimes. Ça fait penser à Rome et Venise fantasmées et cinématographiées par Fellini. Des outrances drolatiques, des scènes de genre, baroques et improbables, même et surtout quand elles sont la transposition littéraire du vécu.

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