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[masse critique] maudite soit-elle, roman de vincent desombre

éditions Scrineo, 304 pages, mai 2012, 19 euros

billet écrit pour l'opération Masse Critique  de Babelio (on choisit un livre dans une liste de nouveautés, on reçoit un livre, on critique un livre)

en quatrième de couverture : Une enquête haletante, une histoire émouvante inspirée de deux faits réels qui ont défrayé la chronique de l’après-guerre. Le cahier documentaire en fin d’ouvrage revient sur ces dossiers, l’affaire Finaly et l’affaire Lecoz — Né en 1966 à Tours, Vincent Desombre est reporter pour la télévision. Après avoir travaillé comme journaliste pour les grandes chaînes françaises, il est aujourd'hui auteur-réalisateur de films.

Depuis les disparitions de Jean-Patrick Manchette, Thierry Jonquet et Frédéric H. Fajardie, je retâte de temps en temps au roman noir français, mais sans grand enthousiasme. Japp, Vargas ou Grangé me lassent par leur baroquisme et leurs exagérations grand-guignolesques. J’espère que Vincent Desombre qui signe son premier roman avec Maudite soit-elle ne versera pas à l’avenir dans ces excès qu’il frôle tout de même ici à deux trois reprises, mais bon...
Car pour un coup d’essai, ce n’est pas loin du coup de maître : angoisse, suspense, rythme, horreur, compassion, et quelques touches d’humour bien venues pour décompresser.

Bravo aussi à l’éditeur Scrineo pour sa formule “documentée” : quelques pages à la suite du roman dans lesquelles l’auteur expose lui-même les faits historiques qui l’ont inspiré. Bonus ou making of, le cahier documentaire est une bonne idée, réalisée avec sérieux.

A partir de l'assassinat crapuleux d'un vieillard à Marseille en juin 86, l'auteur déroule le fil d'une intrigue complexe, semée d'autres morts violentes liées à un lourd secret de famille noué à l'été 44 dans la région de Tours. Vincent Desombre entremêle intelligemment les contextes sociaux (isolement provincial, religiosité, superstition, intolérance) et historiques (déportation, résistance, épuration, gangstérisme) pour faire naître le drame initial qui entraînera les autres, dans un jeu de dominos.

L'écriture est simple et efficace, comme il faut pour ce style de roman. L'auteur privilégie l'action et met l'accent sur les comportements et les réactions de ses personnages. Il a l'habileté de créer un trio de personnages principaux (la mère, la fille adolescente, le père) qu'il livre à la folie mortifère d'un ennemi inconnu. Chacun interprète la situation et réagit avec sa propre sensibilité ce qui donne lieu à des variations psychologiques intéressantes. Quand il s'agit de la jeune fille, un peu fofolle, cela lui permet de faire retomber momentanément la pression dramatique.

Tout cela donne un thriller honnête et original, plaisant, bien construit sur une trame historique mal connue.

 

extrait choisi :

“ C’était le cimetière miséreux d’un pays miséreux. Un pays de sépultures en ciment, noircies par les mousses et le temps qui passe. Un pays de croix rouillées, de noms effacés, de morts oubliés. ”

 

 

>> d'autres avis que le mien :

  • le Service Littéraire (livraison de mai) dans la rubrique "On trouve ça bien..." : Un thriller bien ficelé, bien rédigé, par un gars de l'audiovisuel (eh oui), inspiré de deux fais-divers d'après-guerre : l'affaire Finaly et l'affaire Lecoz. Du solide. On en redemande.

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