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4 notes en mai 2012

[réédition] au régal des vermines, essai de marc-edouard nabe, 1985

marcedouardnabe.com,lien mai 2012, 304 pages, 25 euros 
tiré à 5000 exemplaires sur papier Munken, cousu
 

  deuxième réédition de l'essai  paru en 1985"Je ne me prends pas pour un Tibétain qui dirige, apaise le monde de sa cambrousse... Oui ! j'ai conscience d'avoir dit quelque chose, mais de là à être reçu ! Et tout est là n'est-ce pas ? Il y a mes outrances, mes naïvetés, ma rhétorique... Mais je crois que le grand problème, c'est le Jazz après tout. Le monde littéraire déteste le Jazz : il ne sait pas ce que c'est. Les écrivains, les éditeurs, toutes ces charognes méprisent le Jazz : ce n'est pas assez blancot pour eux. Et puis la littérature même n'y tient pas trop. Il n'y a jamais eu d'ambiguïté entre eux, ils s'aiment bien comme frère et soeur, mais c'est tout : le Jazz ne la touche pas. Et moi, justement, il n'y a que le Jazz qui me touche."

Épuisé depuis plusieurs années, le premier livre de Marc-Edouard Nabe est enfin réédité par l'auteur. Dernièrement il se négociait à plus de 500 euros l'exemplaire aux enchères internet. Je l'avais lu en 2009 en bibliothèque dans sa première réédition de 2005, mais il était de plus en plus difficile à trouver là aussi car les lecteurs oubliaient très souvent de restituer le volume emprunté. Je donne à relire dans la suite de ce billet ma note de lecture du 21 novembre 2009

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[e-lu] monsieur le commandant, roman de romain slocombe

Editions Nil, Les Affranchis, août 2011, 260 pageslien

 — Vous description de l'éditeur : Écrivain et académicien dans le Paris de l’avant-guerre, Paul-Jean Husson s’est désormais retiré dans une petite ville de Normandie pour se consacrer à son œuvre, émaillée d’un antisémitisme « patriotique ». Lorsque la guerre éclate et que son fils Olivier rejoint la France libre, il prend en charge la protection de sa belle-fille, Ilse, une Allemande aux traits aryens et à la blondeur lumineuse. Sa beauté fait surgir en lui un éblouissement bientôt en contradiction avec toutes ses valeurs, car il découvre qu’Ilse est juive, sans toutefois parvenir à brider l’élan qui le consume. Peu à peu, l’univers si confortable du grand écrivain pétainiste, modèle de bon bourgeois enkysté dans ses ambivalences, vacille. Les secrets de familles sortent comme autant de cadavres de leurs placards et à l'heure où son existence torturée est percée à jour par une Occupation aux effets ontologiques imprévisibles, seule une lettre adressée au commandant de la Kreiskommandantur peut permettre à Husson de sauver la face.  C’est en salaud imaginaire que Romain Slocombe porte en lui une lettre jamais écrite, une lettre de délation ; il prouve ainsi que la part la plus vile de l’âme humaine ne trouve de meilleure place où se révéler que dans le genre épistolaire.faites quoi, vous, quand vous entendez “dans l'émission à Ruquier” le samedi soir, le sémillant Franz-Olivier Giesbert qui s'enthousiasme pour un roman oublié par les jurys des prix littéraires à l'automne 2011, une nouvelle victime de la germanopratinisation du milieu littéraire, un bouquin tellement éblouissant qu'il en a offert quinze exemplaires à ses proches pour Noël !
— Ben moi, media-victim consentante, j'éteins la télé et je vais sur feedbokslien l'acheter et l'installer sur mon Kobo.

Je l'ai lu d'une traite le lendemain.

Dire que j'ai regretté mon achat et ma lecture, ce serait mentir. Sans aucun doute ça va plaire, faire frémir, réagir...  on va l'offrir à ses amis... et puis c'est quand même plus facile à lire que Les Bienveillantes ! Mais s'il fallait choisir et conseiller un article du même genre, je préfère et de loin : Inconnu à cette adresse de Kathrine Kressman Taylor.

Franz-Olivier Giesbertlien et François Busnellien ont fait chacun des chroniques élogieuses du roman de Romain Slocombe, des blogueurs aussi, et le bouche-à-oreille va aller s'amplifiant après l'émission de Ruquier ce weekend. Je me sens donc suffisamment à l'aise pour mettre mes bémols et mes dièses sur les appréciations dithyrambiques déjà lues ailleurs.

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[redif] l'oubli, à plus d'un sens

Cette note je l'ai déjà publiée ici en mai 2009, deux ans après la mort de maman, et plus récemment dans les blogalams n°1.lien
La revoilà parce que je l'ai aussi envoyée comme contribution au projet de l'écrivain Mathieu Simonet,lien et que cela fera cinq ans demain...

“ se pencher sur son passé, c'est risquer de tomber dans l'oubli, Michel Colucci, dit Coluche ”

Jeune femme, Mariette Lydis (via Google images)Je n'ai pas pu écrire ce qui suit et qui est personnel,  dans le même billet que la critique du roman l'Histoire de l'oubli de Stefan Merrill Block, pour Masse Critique de Babelio. Pourtant c'est à la lecture de ce roman que me sont revenues des pensées, souvenirs et réflexions que j'ai choisi de noter ici à part pour ne pas les ...  oublier.

La maladie d'Alzheimer est une chute lente, très lente comme dans un cauchemar, dans les profondeurs de l'oubli de soi et des autres.

Comme les mots d'enfants, les paroles des malades nous amusent un temps, nous émeuvent, nous faisant croire parfois à un bref retour de lucidité, d'humour. Je me souviens de la réaction récurrente de maman quand on la prévenait de l'arrivée de la dame qui lui prodiguait des soins à domicile quotidiennement depuis des mois. Maman faisait l'étonnée, mettait en doute l'arrivée annoncée de Madame Martin. Un temps j'ai cru que c'était une gentille taquinerie de sa part, comme avant. Par la suite, elle en vint à nier que la dame soit venue la voir la veille et les autres jours, disant que Madame Martin, elle ne la voyait jamais :
— Ça m'étonnerait bien qu'elle vienne, elle n'est jamais venue ici, discutait-elle âprement quand on essayait de la raisonner :
Chaque jour la même scène, répétée, pendant des années.

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[singapour, paris] un restaurant, texte de marc-edouard nabe

Entrez, entrez : aujourd'hui c'est le Grand Opening du premier restaurant de mon neveu Julien à... Singapour !
Full Steam,lien 20 Cross Street, #01-31/33 China Square Central, Singapore, Singapore 048423

We are open for business! Come enjoy our healthy steamed food now!

J'ai choisi pour l'occasion un large extrait d'un texte poético-gastronomique de Marc-Edouard Nabe dans Zigzags, publié en 1986 :

“ Et puis souvent, je vais manger chez Chartier : vaste relique fantasmagorique, ambiance boisée, diligence, animation : c'est le meilleur restaurant de Paris. ”

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