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[vu, lu] lettre à ma mère, de georges simenon

Avant que j'oublie de vous le dire : courez-voir Robert Benoit interpréter lui-même son adaptation pour la scène du texte de Simenon.lien
C'est au Théâtre du Lucernaire jusqu'au 5 mai.lien  C'est à 18 heures 30, ça dure 1 heure 15 environ. C'est un peu tôt pour ceux qui travaillent, mais idéal pour un vendredi de RTT !

dispositif scénique de Lettre à ma mère, (c) Pic'Art ThéâtreLe billet de Pierre Assoulinelien m'avait donné envie de voir le spectacle.

L'autre soir, le noir fait sur scène à la fin du long monologue n'a pas suffi au comédien pour revenir à lui.
Spectatrice médusée, impressionnée, je l'ai vu l'acteur tituber, frissonner, le visage fermé, pour son premier salut.
Il a fallu nos applaudissements soutenus pour le ranimer, le redresser, éclairer son sourire. C'est dire l'intensité de la performance...

J'ai voulu savoir ce que Robert Benoit avait laissé de côté, pas repris dans le texte original de Lettre à ma mère. Très peu de choses en fin de compte. Mais cette phrase, je crois qu'elle n'y était pas :

“ Mes propres enfants s'interrogeront-ils un jour sur moi comme je m'interroge sur toi ? J'en doute. Et de toute façon je n'en saurai rien. ”

Elle est terrible cette phrase. Ou pas. Terrible, si on y voit de l'orgueil et de la méfiance. Ou le constat définitif que l'incompréhension entre parents et enfants est inéluctable. Moi je crois plutôt que Simenon tente d'alerter ses lecteurs. En nous disant l'importance de parler avec nos parents tant qu'il est encore temps, de parler avec nos enfants. De se raconter des souvenirs, de les expliquer, de dire d'où l'on vient. Lui, n'a jamais su communiquer avec sa maman, il le reconnait et le regrette sincèrement. Et malheureusement pour lui le dialogue sera encore plus dramatiquement impossible avec sa fille Marie-Jo. Elle en mourra quelques années après, laissant son père dévasté.

Tragique paradoxe pour un écrivain unanimement encensé pour son réalisme psychologique, pour son talent à dépeindre le quotidien des petites gens, à fouiller les caractères de ses personnages pour en réveler les failles profondes.

>> lien vers l'entretien de Georges Simenon avec Bernard Pivot pour Apostrophes, le 27 novembre 1981

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