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7 notes en avril 2012

[e-lu] le problème spinoza, roman de irvin yalom

Editions Galaadelien, traduit de l'américain par Sylvette Greize, avril 2012, 656 pagesje participe au club des lecteurs numériques !
15 euros au format epub sans DRM, 24 euros format papier

lu sur mon Kobo, avis publié pour le  club des lecteurs numériques

Présentation de l'éditeur — Le 10 mai 1940, les troupes nazies d’Hitler envahissent les Pays-Bas. Dès février 1941, à la tête du corps expéditionnaire chargé du pillage, le Reichsleiter Rosenberg se rue à Amsterdam et confisque la bibliothèque de Spinoza conservée dans la maison de Rijnsburg. Quelle fascination Spinoza peut-il exercer, trois siècles plus tard, sur l’idéologue nazi Rosenberg ? L’œuvre du philosophe juif met-elle en péril ses convictions antisémites ? Qui était donc cet homme excommunié en 1656 par la communauté juive d’Amsterdam et banni de sa propre famille ? Nourri de son expérience de psychothérapeute, Irvin Yalom explore la vie intérieure de Spinoza, dont on connaît si peu, ce philosophe au destin solitaire qui inventa une éthique de la joie, influençant ainsi des générations de penseurs. Parallèlement, l’écrivain cherche à comprendre quel fut le développement personnel d’Alfred Rosenberg qui joua, aux côtés d’Hitler, un rôle décisif dans l’extermination des juifs d’Europe. Le Dr Yalom aurait-il pu psychanalyser Spinoza ? ou Rosenberg ? Le cours de l’histoire en aurait-il été changé ? Dans la lignée de son bestseller Et Nietzsche a pleuré, ce nouveau roman d’Irvin Yalom, à la fois incisif et palpitant, nous tient en haleine face à ce qui fut de tout temps Le Problème Spinoza.Ce roman m’a retournée, au sens polar du terme retournement.
Pourtant au début je me sentais très forte : il n’allait pas me la faire à moi, cet américain faiseur de romans historico-philosophico-psychanalytiques à forts tirages dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à aujourd’hui.

A propos de retournement, j’avais d'ailleurs commencé ma lecture à l'envers, par les annexes à la fin du livre, sorte de how to, de making of, fort intéressantes et bien faites. J’avais donc lu :

“J’ai voulu écrire un roman qui aurait pu se produire. En restant aussi proche que possible des événements historiques, je me suis servi de mon expérience professionnelle de psychiatre pour imaginer le monde intérieur de mes protagonistes, Bento Spinoza et Alfred Rozenberg. Afin de donner accès à leur âme, j’ai inventé deux personnages, Franco Benitez et Friedrich Pfister, et toutes les scènes les impliquant relèvent, naturellement de la fiction. ”

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[détour] le cahier de l'enfant arthur

Du nouveau sur Rimbaud... (numéro 90 de La Grive, 28e année, avril 1956)

"Nous avons la bonne fortune d'offrir à nos lecteurs le texte intégral du premier document connu de Rimbaud. [...] Nos lecteurs rimbaldiens se réjouiront d'une telle aubaine. Quant à ceux qui prisent moins Rimbaud, ils nous sauront gré eux-mêmes de  leur offrir un document psychologique et bibliophilique de première importance [...]"En 1956, dans Rimbaud notre prochain, Suzanne Brietlien décrit longuement ce qu'elle désigne comme le premier écrit littéraire d'Arthur Rimbaud. La même année dans La Grive, elle a proposé la transcription dactylographique fidèle des 8 feuillets manuscrits cousus (16 pages, textes et dessins) qui composent Le Cahier des Dix Ans. C'est sans doute lors de ses recherches pour l'exposition du centenaire de la naissance de Rimbaud à la Bibliothèque Nationale (1954) que Madame Briet avait retrouvé ce manuscrit, dont le propriétaire souhaitait garder l'anonymat et n'autorisait pas à l'époque la publication fac-similé.

Intriguée, je m'étais procurée  le numéro 90 de la revue ardennaise. D'abord déçue, et rebutée par l'austérité vieillote de la présentation et par l'étrangeté du contenu, je n'avais pas tout de suite mesuré l'importance du travail de Suzanne Briet sur le document original, et la passion qu'elle y avait mise par volonté de livrer cette rareté à un large public. Dans l'esprit de partage qui animait Suzanne Briet, j'ai recopié un extrait que l'auteur de Rimbaud notre prochain avait choisi de reproduire (avec les fautes d'orthographe et la ponctuation fantaisiste originales) dans sa biographie du Voyant. Un texte absolument délicieux, inventif et drôle, actuel !

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[lu] maux fléchés, roman d'alain bron

in octavo editions, 300 pages, mai 2011, 20 euros

" Mots croisés, horoscope et recettes de cuisine ne font pas bon ménage avec le meurtre ! " - Alain Bron Entre Frédéric Dard et Georges Simenon, il y a de la place pour Alain Bron. Sans compter les sorties de piste prématurées de Frédéric Fajardie et de Thierry Jonquet qui ont libéré la route devant les nouveaux auteurs du roman noir à la française.
A lire la quatrième de couverture - dont je parierai qu'il est l'auteur ! on pourrait s'attendre en effet à du San Antonio :

- pari perdu : le texte ci-après est de Gil Fonlladosa de Pommayrac aux éditions in octavo ! -

" Salade de truands à l'ardéchoise : saisissez un paroissien ordinaire, laissez mijoter en cellule ; ajoutez un voyou lyonnais et son calibre ; relevez d'une poignée de mauvais garçons, d'une veuve et d'un colonel de gendarmerie mélomane ; assaisonnez de vendettas urbaines et de rancœurs agricoles. Servez chaud au creux d'une vallée perdue. Que diable Quentin Cherrier épris de ruralité, avait-il besoin d'ajouter son grain de sel ? Il est des estomacs qui ne supportent pas plus les châtaignes que les pruneaux... "

Mais très vite, les héros de l'histoire prennent le pas sur les événements qu'ils subissent, l'intérêt grandit pour leur environnement, pour leurs comportements et l'humanité de leurs relations parfois difficiles ou impossibles. Tout cela fait basculer le roman d'action policière vers le roman d'atmosphère, un style que Simenon avait inventé et désignait pour lui-même par roman gris.

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[anniversaire] l'invitation au naufrage, texte de marc-edouard nabe

Ce n'est qu'en 1985 que l'épave du Titanic est découverte par l'Américain Robert Ballard, à près de 4.000 mètres de profondeur. (Sipa)Aujourd'hui c'est la Saint-Titanic. En vingt-six ans je n'avais jamais remarqué que Clément-Fils était né le jour anniversaire de la catastrophe maritime historique. Mais ces jours-ci, impossible d'échapper à la commémoration centéniale : inauguration d'un énorme musée en Irlande, dossiers-clones dans la presse, re-film, livres, photos, etc.. Drôle d'époque où l'on célèbre par une campagne commerciale tapageuse un désastre humain et technique qu'on ferait mieux de prendre comme modèle de ce qu'il ne faut pas faire.

J'ai choisi pour marquer le coup à ma façon un texte de Marc-Edouard Nabe dans Zigzags, publié en 1986 (l'écrivain avait 28 ans ; Clément quelques jours, semaines ou mois ; l'épave du Titanic venait d'être inventée).

“ Algues du vertige de la pluie la nuit.
La Méditerranée funèbre dort dans les noyés, sous la carcasse au balancement nonchalant, les superbes vermoulures des ruines du beau paquebot blanc.
Doucement... Mollement... ”

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[2 dos] nabe et zanini, par lolmède

 et de face : Jackie Berroyer, à la projection de JazZanini, un documentaire d'Emmanuel Barnault

(c) croquis de Laurent Lolmède, le 3 avril 2012  — cliquer pour agrandir Sur son blog-notes, Laurent Lolmède racontelien :

“ On s'est installé Tilly et moi, 2 rangs derrière le fils (Nabe) et le père (Zanini). C'est le Saint-Esprit Berroyer , qui a participé au projet (il fait parler Zanini dans le film) qui a fait une petite présentation "à la Berroyer" assez drôle avant la projection.

Ca parle de JAZZ bien sûr, le parcours de Zanini ses (riches) rencontres. Notamment, celle (qu'il dit avoir déjà raconté 1000 fois...) avec Charlie PARKER qui lui a demandé s'il pouvait essayer sa clarinette (qu'il a toujours).

Vous en connaissez-vous des dessinateurs qui chopent la ressemblance de leurs sujets même de dos !
Le fils tassé dans son siège, le père aussi droit que dans un solo de clarinette. Excellent.
Je suis un peu moins convaincue par son Berroyer !
— Laurent, je te pardonne... tu avais une bonne excuse : l'installation de ta méga exposition à la médiathèque Faidherbelienqui avait lieu le lendemain, et jusqu'au 26 avril

— Un souhait : qu'une télé programme vite ce film élégamment décontracté comme son principal sujet.
52 minutes de grâce et d'humour en musique (dommage, on entend seulement, on ne voit pas à l'image les fidèles musiciens de Marcel : Patrice Authier, Pierre Maingourd, Patrick Bacqueville et Michel Denis).

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[niguedouille] pourquoi je n'irai pas voir l'expo helmut newton

Helmut Newton's SumoParce qu'hier soir, j'ai pu feuilleter à loisir les pages du plus grand, plus gros et plus cher livre de photos au monde... Si lourd et si imposant qu'il est vendu (10 000 euros !) déjà installé sur un support métallique pliant télescopique (genre table de camping hype). Il était là, dans un coin de l'appartement hausmanien d'un galériste et collectionneur d'art moderne et contemporain : de Degas (une danseuse) et Rodin (un baiser) à Koons (un caniche géant et rose bonbon), et Murakami, Wharhol, etc.

Pour me donner une contenance j'avais commencé à tourner les pages du Helmut Newton Sumo's Book,lien et j'ai finalement passé un long moment à admirer les photos kitchissimes (dans le bon sens du terme), reproductions de celles qui sont actuellement exposées au Grand Palais.lien

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[vu, lu] lettre à ma mère, de georges simenon

Avant que j'oublie de vous le dire : courez-voir Robert Benoit interpréter lui-même son adaptation pour la scène du texte de Simenon.lien
C'est au Théâtre du Lucernaire jusqu'au 5 mai.lien  C'est à 18 heures 30, ça dure 1 heure 15 environ. C'est un peu tôt pour ceux qui travaillent, mais idéal pour un vendredi de RTT !

dispositif scénique de Lettre à ma mère, (c) Pic'Art ThéâtreLe billet de Pierre Assoulinelien m'avait donné envie de voir le spectacle.

L'autre soir, le noir fait sur scène à la fin du long monologue n'a pas suffi au comédien pour revenir à lui.
Spectatrice médusée, impressionnée, je l'ai vu l'acteur tituber, frissonner, le visage fermé, pour son premier salut.
Il a fallu nos applaudissements soutenus pour le ranimer, le redresser, éclairer son sourire. C'est dire l'intensité de la performance...

J'ai voulu savoir ce que Robert Benoit avait laissé de côté, pas repris dans le texte original de Lettre à ma mère. Très peu de choses en fin de compte. Mais cette phrase, je crois qu'elle n'y était pas :

“ Mes propres enfants s'interrogeront-ils un jour sur moi comme je m'interroge sur toi ? J'en doute. Et de toute façon je n'en saurai rien. ”

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