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[rencontres] histoires (de) belges

Le Cafe Metropole à Bruxelles (taverne de l'Hotel Métropole)Dans les bons fauteuils chesterfield du Café de l'Hôtel Métropole, place De Brouckere, nous étions réunis mercredi autour de Dorothée Blanck.lien Il y avait là Dominique Vautier,lien Jean-Baptiste Baronian,lien et d'une certaine façon Jacques Sternberglien puisqu'il était au centre de la conversation.

Jean-Baptiste Baronian était arrivé le premier et en attendant Dominique Vautier, la nièce de Jacques Sternberg, Dorothée avait fait les présentations. L'écrivain belge a rencontré régulièrement Sternberg tous les mois (à certaine période en présence de Dorothée) pendant une vingtaine d'années, et presque jusqu'à la fin de sa vie. Jean-Baptiste Baronian a publié avec succès de nombreux polars, ressemble pas mal à Philippe Noiret avec une élégance plus discrète, et préside l'association des amis de Georges Simenon. Il me dit qu'il est aussi l'auteur de biographies et d'essais sur Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. Moi :
— ... Rimbaud... mais alors vous devez avoir croisé Suzanne Briet !
Sa surprise m'amuse, j'ai tapé dans le mille on dirait.
En effet il travaille en ce moment à un Dictionnaire Rimbaud (genre dictionnaire amoureux, sans doute), et justement là, sur l'entrée qu'il réserve pour Suzanne Briet, l'Ardennaise (presque belge... donc) ! Madame Documentation ! Ma Dame à l'antilopelien !

Avec Dominique Vautier, la conversation prend un tour plus familial, émouvant quand elle évoque le décès très récent de sa mère Jacqueline, la soeur de Jacques Sternberg. Dominique dit son profond regret que la disparition de Sternberg ait été si peu informée en France comme en Belgique, et qu'il n'existe aucun lieu à sa mémoire. Elle nous montre le projet de plaque qui sera bientôt fixée sur le caveau familial où repose Jacqueline (mais pas Jacques, incinéré au Père Lachaise en octobre 2006) : elle y a fait graver les noms du frère et de la soeur, l'un au dessous de l'autre.

Dorothée Blanck qui fut la maîtresse-muse-égérie de Sternberg (et donc, belge par alliance...), se souvient de la malice d'Alain Resnais jouant l'étonné quand son scénariste lui transmettait pour la production des notes d'hôtel pour deux personnes mais restait évasif voire mutique sur la présence de Dorothée dans la capitale belge. Resnais et Sternberg travaillaient alors ensemble sur Je t'aime, je t'aime. Une scène du film fut d'ailleurs tournée dans le décor fin de siècle de l'Hôtel Métropole. Sternberg et Dorothée devaient monter les marches à Cannes avec toute l'équipe du film... en mai 68 ! On sait ce qu'il advint du Festival cette année-là. Dorothée raconte qu'avec Sternberg, ils sont restés toute la semaine à faire du bateau au large de la Croisette, que les malheureux cinéastes des pays de l'Est sont repartis dépités sans avoir rencontré un seul distributeur cette année-là, mais que pendant ce temps, La Mariée était en noir, le film de Truffaut, révolutionnaire autoproclamé, continuait d'être projeté dans une salle en ville !

En partant, Dominique Vautier nous conseille un bon petit restaurant du quartier Sainte Catherine pour manger des moules de Zélande, et Jean-Baptiste Baronian nous recommande l'exposition Simenon, bien à l'abri du grand froid, dans les Galeries Royales Saint-Hubert. Nous avons suivi leurs deux excellents conseils avant de rentrer sur Paris jeudi après une agréable virée en filles de deux jours à Bruxelles.

 

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