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7 notes en février 2012

[regrets] bye bye old england

extrait du mur de miniatures goole images pour 'old england'Old England fut un petit grand magasin bien parisien créé en 1867 par le directeur des achats du... Bon Marché ! Un concept store de l'époque dédié au bonheur des dames et des messieurs entichés du chic des Sujets de Sa Gracieuse Majesté la Reine Victoria.

Quand même, drôle d'idée que cette boutique en plein Paris affichant fièrement le commerce de vieilleries britanniques.
A Londres, un anglais aurait-il eu l'idée de baptiser son magasin Vieille France ?

Mais dupe ou pas de l'origine de l'appellation Old England, une fois poussées les lourdes portes en acajou, on était pris par le charme de la décoration tout en boiseries, du bel escalier central et des comptoirs massifs. Un cadre parfait pour les kilts, duffle-coats, et autres lodens et shetlands depuis longtemps ignorés et moqués par les descendants du Swinging London. Ces derniers temps les tentatives pour rajeunir l'esprit Old England en attirant les créateurs, avaient surtout fait valser les étiquettes.

Un incendie suspect a ravagé l'intérieur du magasin en janvier. Il n'y aura pas de soldes monstres pour saluer la fermeture de Old England.  Paix à ses cendres.


[citation] et si c'était pour ça ?

Sheep - from Lamb to Loom — peintures, expositions et album de Kate Lynch : www.katelynch.co.uk

“ C'est d'ailleurs le danger de ces époques de dictature idéologique molle telle que nous en vivons une actuellement : on finirait par ne plus lire et aimer les gens que pour la seule raison que les enragés du bien, les progressistes tous terrains les tiennent en haute suspicion – ce qui représenterait tout de même une forme de régression intellectuelle assez préoccupante, revenant au fond à calquer son attitude sur celle de l'adversaire afin de se mettre à son niveau de démence idéologique. ”


— si c'était pour ça, que quoi ?
— euh, rien... mais je trouve
  cette sombre réflexionlien moins cynique qu'il y parait, passablement inquiétante, et surtout bien tapée et accordée à mon humeur du jour.
That's All, Folks!

ps - sinon, l'illustration n'a qu'un rapport lointain avec le sujet (mais elle a), je m'en excuse auprès de ma talentueuse amie Kate Lynch,lien artiste peintre.


[e-lu] enjoy, premier roman de solange bied-charreton

chez Stock, 240 pages, janvier 2012 - Enjoy est une peinture de la « Génération Y », la net generation, jamais loin de ses écrans de contrôle, mais qui le perd, sincère à défaut d’être cynique, en proie au désoeuvrement dans l’enfer du voyeurisme — Charles Valérien est un jeune homme d’aujourd’hui. Il a hérité à vingt-quatre ans l’appartement de sa marraine à Passy. A décroché son premier emploi. S’est acheté des meubles sur Internet. S’est filmé en train de poser son parquet. Un beau début dans la vie, une vie qui n’a cependant de valeur que dans le virtuel. Pour lui comme pour ceux qu’il fréquente, c’est sur ShowYou, le réseau social le plus fréquenté au monde, qu’on s’exprime, qu’on existe et qu’on se montre sous son meilleur jour. Mieux, qu’on gagne le respect de ses supérieurs hiérarchiques.  Il rencontre au même moment Anne-Laure, dite « Al », étudiante à la Sorbonne, et les membres farfelus de son groupe de rock. Aucun d’entre eux ne possède de compte utilisateur sur ShowYou. Un monde existerait donc, en dehors d’Internet. C’est de ce monde, en plus d’Anne-Laure, dont le narrateur tombe amoureux.  Un danseur androgyne, une blogueuse en colère, une vieille dame asociale et un écrivain obèse, miroir déformé du jeune homme dans sa solitude, animent également cette fable contemporaine où le divertissement à tout prix n’a pas raison de l’ennui, où celui qui assiste à la vie des autres ne domine pas forcément la sienne, où l’ennemi n’est pas celui qu’on croit.Solange Bied-Charreton ? D’abord j’avais pas fait le rapprochement, shame on me!
Moi je connaissais Albertine, punk à diplôme (sic), dont le blog que j’aimais, abandonné, a fini mangé par les petits cochons chinois  !
Disparue encore, Albertine ?
Et puis l’autre jour dans le Nouvel Obs, une colonne entière dans la rubrique Livres, sa photo : Tilt ! mes neurones se sont reconnectés.
Stello, Albertine, Solange, joie ! Clic : Enjoy.ePub récupéré illico, dévoré subito.

Solange. Il faut dire que quatre années, l’écriture d’un premier bouquin, sa publication chez un grand éditeur, ça vous change évidemment. En 2008 j’avais brièvement mais agréablement croisé dans la vraie vie un gentil sosie d’Amy Whinehouse en jeune fille rangée et débarbouillée, et là sur le bandeau libraire, à 29 ans, c’est une belle femme brune au regard ibérique et fier, toujours sans fards, intimidante de gravité.

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[masse critique] zanzaro circus — 1. windows du passé surgies de l'oubli, roman de jack-alain léger

l'Editeur, 200 pages, janvier 2012

sur le site de l'éditeur L'Editeur : Zanzaro, le clownesque héros de ce roman, qui n’est autre que l’auteur, nous invite à le suivre dans ce cirque qu’aura été sa vie. On y croise Françoise Sagan, Liz Taylor, Viva Superstar et Derrida. On découvre avec lui les peines mais aussi les joies que cause sa maladie : la psychose maniaco-dépressive. Comme autant de pop-ups surgies sur un écran d’ordinateur, les bribes du passé s’imposent à son souvenir. Le lecteur l’accompagne sur la piste d’une existence consacrée à l’art : à la musique, à l’écriture, à la musique de l’écriture… Le livre tout entier est porté par le ton bouleversant et le sens de la dérision de Jack-Alain Léger.Zanzaro, Zavatta, Zanini, Zingaro... une fois de plus ce sont les mots, leur sonorité zézayante, zinzinnante, leur association, et leur résonnance enfantine qui m’ont fait choisir ce titre dans la liste des livres proposés aux participants de l’opération Masse Critique de Babelio.lien

Bingo une fois de plus, j’ai tiré un bon lot : il est pas beau ce titre, elle est pas belle cette jaquette ? Sinon, non, je ne savais rien d'avance sur Jack-Alain Léger.lien N’avais rien lu de lui. Je découvre seulement maintenant qu'il a mon âge à peu près, et qu’il écrit et publie depuis plus de quarante ans !

Commencer une note de lecture par un avertissement, genre :
— attention, le plaisir de lire ce roman se mérite...
... c'est pédant, imbécile et snob, pardon ; autrement dit, je préviens qu’il faut s’accrocher un peu quand même, pour y goûter. D’un autre côté si je me lance direct dans la description énamourée du style de Jack-Alain Léger, certains vont prendre peur, fuir, et ne pas revenir.

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[rencontres] histoires (de) belges

Le Cafe Metropole à Bruxelles (taverne de l'Hotel Métropole)Dans les bons fauteuils chesterfield du Café de l'Hôtel Métropole, place De Brouckere, nous étions réunis mercredi autour de Dorothée Blanck.lien Il y avait là Dominique Vautier,lien Jean-Baptiste Baronian,lien et d'une certaine façon Jacques Sternberglien puisqu'il était au centre de la conversation.

Jean-Baptiste Baronian était arrivé le premier et en attendant Dominique Vautier, la nièce de Jacques Sternberg, Dorothée avait fait les présentations. L'écrivain belge a rencontré régulièrement Sternberg tous les mois (à certaine période en présence de Dorothée) pendant une vingtaine d'années, et presque jusqu'à la fin de sa vie. Jean-Baptiste Baronian a publié avec succès de nombreux polars, ressemble pas mal à Philippe Noiret avec une élégance plus discrète, et préside l'association des amis de Georges Simenon. Il me dit qu'il est aussi l'auteur de biographies et d'essais sur Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. Moi :
— ... Rimbaud... mais alors vous devez avoir croisé Suzanne Briet !
Sa surprise m'amuse, j'ai tapé dans le mille on dirait.
En effet il travaille en ce moment à un Dictionnaire Rimbaud (genre dictionnaire amoureux, sans doute), et justement là, sur l'entrée qu'il réserve pour Suzanne Briet, l'Ardennaise (presque belge... donc) ! Madame Documentation ! Ma Dame à l'antilopelien !

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message personnel

à l'attention de l'étudiant en littérature qui a signalé sur le site des lecteurs de Marc-Edouard Nabelien l'interdiction magistrale qui lui est faite de prendre L'Enculélien comme thème d'un devoir sur " Ecrire l'actualité ".

MessagepersonnelJeune homme, écrivez votre papier et publiez-le vous-même, à la Nabe, en toute liberté.
Je ne veux pas discuter l'illégitimité de l'interdiction de Nabe par votre professeur. D'autres le feront. Pour moi elle est irrecevable et plus proche de l'imbécilité et de la cécité intellectuelle que du complot contre la liberté de l'écrivain.
Il est bien dans son cadre votre prof, dans son carcan pédagogique étroit, sa petite cage dorée, il veut y rester, qu'il y reste, seul. Libérez-vous. Elève, disait un poète, échappe-toi, envole-toi !
Mais d'abord faites-le, ce devoir imposé, dans les règles du non-art, dans les temps, dans les mesures, conformément aux directives du maître, sans passion, pour une note qui sera mauvaise, j'en ai bien peur pour vous vu les circonstances. Peu importe.
Et dans le même temps rédigez votre étude libre sur L'Enculé.
Vous le dites : dix feuillets, c'est pas la mer à boire. Vous y sacrifierez quelques heures de sommeil au pire, et c'est tout.
Faites-en un texte facile à diffuser sur internet, au format epub de préférence, pdf au minimum, les deux ce sera mieux.
Installez-le sur une plateforme genre feedbookslien, soignez l'indexation, les mots clé. Il sera lu.
De plus, je ne risque pas grand chose en vous pariant qu'il sera repris dans la rubrique Etudes du site des lecteurs de Marc-Edouard Nabe.
Vous pourrez-même vous payer le luxe d'une anti-dédicace comaque à votre professeur infâme si ça vous chante !
Dans l'espoir de vous lire bientôt.


[bnf] ah ! qu'il fait bon être parmi les hommes qui lisent !

vue de la place K13, jeudi 2 février vers midiMon projet d'écriturelien en cours ne débouche pas aussi vite que j'avais espéré en l'entamant il  y a... plus d'un anlien.
Mais je garde le cap, et en attendant le grand vent de l'inspiration, je tire des bords très agréablement d'une salle de lecture à l'autre de la BnF : K, V, N, R.lien

Je l'ai peut-être déjà dit ici : dans ce bunker de luxe qu'est la Grande Bibliothèque, la qualité du silence et de la concentration des centaines de lecteurs isolés ensemble - plutôt que réunis - des heures durant, est impressionnante. Pour un peu, le cliquetis discret des claviers évoquerait le grincement des plumes sur les parchemins dans les scriptoriums conventuels.

Hier matin je consultais Bibliothèques en détresse, un document émouvant écrit par Suzanne Briet en 1949 pour appuyer l'appel aux dons lancé par l'UNESCO en faveur du relèvement des bibliothèques et des collections détruites en Europe et en Asie. Elle y cite Maria Rainer Rilke écrivant dans ses Carnets :

“ Bibliothèque Nationale. Je suis assis et je lis un poète. Il y a beaucoup de gens dans la salle, mais on ne les sent pas. Ils sont dans les livres. Quelques fois ils bougent entre les feuillets.... Ah ! qu'il fait bon être parmi les hommes qui lisent ! pourquoi ne sont-ils pas toujours ainsi ? ”

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