[88] bon anniversaire walter !
[interlude, 1] ma boîte à vos idées

[vu] le havre, film de aki kaurismaki

Le bon docteur Becker (Pierre Etaix) et Arletty (Kati Outinen) dans Le Havre d'Aki Kaurismaki — Marcel Marx, ex-écrivain et bohème renommé, s’est exilé volontairement dans la ville portuaire du Havre où son métier honorable mais non rémunérateur de cireur de chaussures lui donne le sentiment d’être plus proche du peuple en le servant. Il a fait le deuil de son ambition littéraire et mène une vie satisfaisante dans le triangle constitué par le bistrot du coin, son travail et sa femme Arletty, quand le destin met brusquement sur son chemin un enfant immigré originaire d’Afrique noire.  Quand au même moment, Arletty tombe gravement malade et doit s’aliter, Marcel doit à nouveau combattre le mur froid de l’indifférence humaine avec pour seules armes, son optimisme inné et la solidarité têtue des habitants de son quartier. Il affronte la mécanique aveugle d’un Etat de droit occidental, représenté par l’étau de la police qui se resserre de plus en plus sur le jeune garçon réfugié.  Il est temps pour Marcel de cirer ses chaussures et de montrer les dents.  Le genre de film qui ne se raconte pas, mal servi par sa bande annonce, son affiche, et les promos télé [1], et qu'on voit faute de mieux en attendant les séances de rattrapage du festival Télérama [2].

Et là, surprise, ce film est un bonheur de film, de la première séquence à la dernière.
Intemporel, comme toutes les œuvres quand elles sont réussies et que le spectateur s'y reconnaît contre toute attente.

Le Havre est un conte pour grands enfants qui aiment le cinéma (cinéphiles, comme on dit).

Dans Le Havre, chaque personnage amène avec lui la couleur des années (de cinéma) qu'il représente dans le film :

  • Marcel / Carné / Wilms et son Arletty : les années 30-40
  • Daroussin (le commissaire) : les années 50, peut-être la Stasi, l'autre côté du rideau de fer
  • Little Bob (le rockeur normand craquant qui joue son propre rôle) : les années 60

et ainsi de suite, mais ce n'est pas un système, c'est le style Kaurismaki qui ajuste miraculeusement ses personnages, leur histoire et leur décor, à la gueule de ses acteurs et à leur propre poésie.  

Et quel casting silhouettes... Pierre Etaix en bon docteur Becker, dont on voudrait bien faire notre médecin référent à la Sécu. Jean-Pierre Léaud en infâme corbeau délateur est juste effrayant.

d'autres blogs amis en parlent...

  1. MHF, le 7 janvier 2012 (très pour)
  2. David Tredler, le 22 décembre 2011 (plutôt contre)
  3. Philippe Bonnet, le 1er janvier 2012 (absolument pour)

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[1] André Wilms, franchement mauvais un soir chez Taddeï

[2] mon programme de rattrapage du 18 au 24 janvier, très ambitieux : La Piel que abito, Drive, Les Bien-aimés, Une Séparation


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