[niguedouille] au bunraku
jeudi 26 janvier 2012
Il y a quelques semaines, on voyait dans Paris une affiche particulièrement hideuse annonçant ce qui semblait être un film western-samouraï américain.
Plusieurs fois j'ai eu envie d'arrêter les gens qui passaient comme moi à côté pour leur dire :
— mais c'est pas ça du tout bunraku, moi je sais ce que c'est bunraku !
Enfin, façon de parler !
En effet...
Je faisais partie de la petite délégation française à des réunions internationales de normalisation dans le domaine des télécoms.
Mes hôtes japonais étaient très surpris de voir une jeune femme travailler dans un milieu très masculin à d'autres taches que celles de secrétariat, et je dois dire qu'ils me montraient un respect largement au-dessus de mes mérites.
Ceux que j'avais connu à Tokyo à mon premier voyage, apprenant que je revenais à Kyoto, voulurent me faire une surprise à mon arrivée.
A peine remise du long voyage vers l'est (route de Moscou, à l'époque), un petit comité d'accueil m'a mise dans un train à grande vitesse pour Osaka.
C'était la saison du Bunraku, on me faisait un grand honneur en m'invitant à un spectacle rare et prisé. Seulement je n'y étais préparée en rien, et surtout passablement fatiguée. Dans mon souvenir, le spectacle durait 3 ou 4 heures : un opéra kabuki figuré par des marionnettes à taille humaine, somptueusement costumées, animées à vue par trois servants en noir pour chaque personnage (tête, bras, corps).
Je n'y comprenais strictement rien, le son du shamisen n'a même pas réussi à me tenir éveillée, et je suis tombée très vite dans un profond sommeil d'autant plus gênant (pour mes hôtes plus que pour moi) que la salle du théâtre restait illuminée a giorno...
Alors dire que je sais ce que c'est que le bunraku, c'est limite de l'escroquerie !
Un qui sait, c'est Thomas Reverdy, écrivain en résidence à Kyotolien.