[filiations] " choron a un fils, c'est zanini qui l'a fait "
[polémique] du temps que marc weitzmann aimait la violence littéraire de marc-édouard nabe

[fan de] jackie et marcel, une leçon de swing et de gentillesse

Vraiment pas fait exprès... mais revoilà Marcel qui pointe le bout de sa clarinette ici... et justement aujourd'hui, journée de la gentillesse !

photo de moi : Marcel Zanini et Jackie Berroyer à la galerie L'Oeil du Huit, 11 avril 2011Dimanche dernier Jackie Berroyer recevait Marcel Zanini dans son émission Mélomanie sur la radio LeMouv'.

Cela donne une heure de complicité souriante (ça s'entend dans le poste) avec des anecdotes originales et pertinentes, malicieusement amenées par le juvénile presque-nonagénaire, avant chacun des morceaux de la programmation musicale.

L'émission démarre sur un long et beau solo de Marcel au saxo, en direct et en public. Les vrais jazzomaniaques reconnaîtront, moi pas (soupir). Peut-être un thème du Prez ? A moins que ce ne soit une composition de Marcel ?

1954 : son rêve américain exaucé

00:09:45 (titre non relevé) didap douda, le scat de Charlie Ventura choisi par Berroyer n'a pas l'air de convaincre Marcel qui en a fait d'autres !

On est dans les années d'après-guerre. A trente ans, Marcel rêve. Il rêve de jazz, de cow-boys et d'indiens, il rêve américain. Un bon copain de régiment qui avait suivi avec toute sa famille le retour victorieux des GIs et émigré aux States, tient la promesse faite à Marcel et le fait venir à New-York. Il y restera quatre années avec sa femme Suzy avant de rentrer à Marseille pour la naissance de leur fils unique, Alain.

Charlie Christian

00:14:05 Swing to Bop

Mort à 26 ans de la tuberculose. C'était, dit Marcel un musicien génial, le meilleur de tous les temps. Il a imposé la guitare électrique comme instrument soliste de jazz. Il jouait notamment dans l'orchestre de Benny Goodman (c'est en voyant un film avec Benny Goodman que Marcel a découvert la clarinette et le jazz). Monk disait qu'après Charlie Christian, il ne pouvait plus écouter une autre guitare. Qui s'intéresse à la guitare en jazz doit connaître la (courte) discographie de Charlie Christian et rechercher ses enregistrements.

Django Reinhardt

00:21:45 Brasil

Marcel raconte l'anecdote connue de Django et son cousin découverts par un patron de bar et un coiffeur de Sète. Le client du coiffeur restant en rade sur le trottoir avec sa barbe savonnée mais pas rasée parce que le coiffeur a été appelé par son copain bistrotier pour venir écouter les deux gitans toutes affaires cessantes. Ça c'est la légende, dit Marcel ! Mais ce qui a le plus étonné Marcel, c'est de voir Django en concert changer une corde cassée de sa guitare sans s'arrêter de jouer !

John Coltrane

Marcel est arrivé à New-York depuis quelques semaines seulement quand on lui propose un job qui va lui aller comme un gant : tenir le bureau de Manhattan du distributeur mondial d'anches Vibrator. Cerise sur le gâteau, le local est installé sur Broadway, juste au-dessus du mythique Birdland où Charlie Parker souffle ses derniers solos désespérés. Bientôt Marcel verra défiler tous les grands saxophonistes et clarinettistes de jazz qui viennent essayer ses anches sur leurs instruments. John Coltrane passe chaque semaine. Avec Marcel il compose et transcrit des solos sur du papier ordinaire où ils dessinent les portées à la main. Un jour Naima Coltrane entend Marcel jouer et s'adressant à son mari s'exclame "He sounds like you!". Coltrane un peu vexé détourne la conversation et gromelle de vagues "Yes, yes, yes". Marcel en rigole encore mais regrette un peu que Naima n'ait pas tourné sa phrase autrement : "Hey, listen, you sound like him!" !
Sans doute en signe de reconnaissance, Marcel interprète souvent en concert : Naima, la composition de Coltrane.


Thelonius Monk

00:29:05 Rythm-a-ning, avec Charlie Rose (sax), enregistré à Paris en 65

Dans le journal de Nabe j'ai lu que chez les Zanines, il y avait au mur du salon, une gigantesque photo noir et blanc de Monk qui occupait un mur du sol au plafond.  A la mesure de l'admiration de Marcel pour le pianiste légendaire qui lui-même vénérait son prédécesseur Art Tatum.

Art Tatum

00:36:50 Willow weep for me

Marcel fait une intéressante digression sur l'utilisation de la chansonnette dans le jazz. Ce sont dit-il, souvent des chansons un peu anodines qui ont donné les plus beaux standards du jazz comme par exemple : Those foolish things pour Lester Young, Body and Soul pour Coleman Hawkins. Marcel pense-t-il un peu aussi à sa propre chansonnette qui fit fureur dans les années 70 ?

Miles Davis

00:42:00 Seven steps to heaven

Marcel a rencontré Miles à plusieurs reprises, d'abord à NYC, puis lors de concerts en France. Il a touvé son style, dit Marcel, dans les années 50. Au début, avec Charlie Parker il n'était pas encore à la hauteur, mais Parker avait deviné ce qu'il deviendrait. Mais...

y'a pas que Miles dans la vie...

00:48:00 Scotch shower composition de Marcel Zanini, album Tu Veux ou Tu Veux Pas

Jackie Berroyer a choisi ce morceau qui avait été récupéré dans un carton par le fils de Marcel pour être enregistré. "Un morceau qui aurait pu être beaucoup mieux joué !". C'est rare qu'un artiste se montre sévère sur ses propres performances, s'étonne Berroyer.
Mais si Marcel le dit c'est que ça doit être un peu vrai... Pour vérifier, l'album n'est pas encore épuisé. "Et moi non plus !" rigole Marcel.

... et last but not least

00:52:14 All of me, Lady Day et Le Prez (Billie Holiday, Lester Young)



photo de moi : Marcel Zanini à la galerie L'Oeil du Huit, 11 avril 2011

question subsidiaire et néanmoins importante :

 Marcel a composé, et compose toujours, nombre de sublimes mélodies comme par exemple : Histoire de mai, Quitte-moi, C'est tout... et tout plein d'autres.

La plupart ont été enregistrées sur des albums. Pourquoi ne les entend-on pas ? Pourquoi les réalisateurs cinéma et télé ne les reprennent-ils pas pour leurs films, leurs génériques, que sais-je ? Paie-t-il trop cher le succès de Tu Veux ou Tu Veux Pas ?

Marcel n'en f'ra pas une maladie comme il dit dans sa chanson, mais quel dommage, non ?

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