[lu] les autos tamponneuses, roman de stéphane hoffmann
[chantier lecture] lignes croisées

[e-lu] les morues, roman de titiou lecoq

Au Diable Vauvert, août 2011, 472 pages, 22 euros (broché), également format ePub je participe au club des lecteurs numériques !

description sur le site de l'éditeur : C’est donc l’histoire des Morues, d’Emma et sa bande de copines, de ses amis, et, si l’on s’y arrête une minute, c’est le roman de comment on s’aime en France au début du XXIe siècle. Mais c’est davantage. C’est un livre qui commence comme une histoire de filles, continue comme un polar féministe en milieu cultivé, se mue en thriller de journalisme politique réaliste – au cours duquel l’audacieuse journaliste nous dévoilera les dessous de la privatisation du patrimoine culturel français - et vous laisse finalement, 500 pages plus loin sans les voir, dans le roman d’une époque embrassée dans sa totalité par le prisme de quatre personnages. Cet ambitieux projet romanesque, qui a pris plusieurs années à son auteur, est une réussite totale.  D’abord parce qu’il se dévore. Que sa lecture procure un plaisir continu, et qu’il emprunte toutes ses voies pour s’inscrire dans une perspective globale avec une acuité, une ironie et une gouaille bien contemporaines, mais en y superposant le paysage littéraire d’une jeune femme d’aujourd’hui qui, petite fille, réécrivait la fin des romans de la Comtesse de Ségur pour celles qu’elle préférait lire. Cela donne un authentique et passionnant roman français. Elle est très jolie Titiou Lecoq, sur les photos qu’on voit d’elle sur le net. Elle a des amies sympas (des morues, donc) qui disent que son blog Girls and Geeks est une des merveilles de l’Internet mondial.

D’autres morues beaucoup moins sympas disent qu’elle fait rien qu’à vouloir se faire remarquer. Un premier roman publié chez Au Diable Vauvert, sous une couverture 100% chick lit, c’est sûr ça doit faire des jalouses dans la blogosphère girly.

Le blog Aldus ayant annoncé la promo du roman à 3,99 euros pour le format ePub, je ne prenais pas un grand risque en passant la commande, et cela me permettait de tester l’utilisation de mon iPad comme e-liseuse pour un roman de la rentrée littéraire 2011 !

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critique publiée dans le cadre du club des lecteurs numériques


Au final, pas mécontente du tout de l’expérience tentée ! Ma découverte d’un genre de littérature qui m’était totalement étranger jusqu’ici s’est faite en douceur, sans ennui. Pas de quoi se boucher le nez, de crier à l’arnaque, ni au chef-d’oeuvre d’ailleurs. Je ne dirai pas que j’ai été conquise, mais j’ai absorbé sans grimaces - et même avec des sourires - quelques uns des codes du genre, dont le ton désinvolte, l’humour gris-rose, la superficialité revendiquée.

Toutefois je soupçonne Titiou Lecoq d’avoir eu l’ambition de dépasser, ou de vouloir renouveler, le cadre rigide de la chick lit (littérature écrite par des citadines trentenaires célibataires et branchées pour d’autres trentenaires citadines branchées et célibataires - ce qui est très limité il faut bien le reconnaître). Est-ce qu’avoir retenu l’attention d’une retraitée sexagénaire mariée aimant le champagne la campagne et les livres de Marc-Edouard Nabe suffira à prouver que l’auteur a atteint son objectif ? Je lui souhaite, mais j’en suis pas certaine.

D’autant que ce n’est pas l’intrigue maquillée en enquête sur la mort suspecte d’une amie qui m’a séduite. C’était bien tenté, mais j’ai trop souvent pensé à Alice détective ou au Club des Cinq pour avoir vraiment accroché à la combine policière. Et encore moins à celle du contexte de magouille politique, crédible mais convenu. Pas plus qu’à  l’aventure internétique d’un personnage secondaire très attachant au demeurant : autiste asperger, no-life et toc-é. Tout ça faisant un peu “déjà vu à la télé”.

Par contre ce que j’ai trouvé vraiment bien travaillé et réussi, ce sont les crises existentielles d’Ema d’une part et de Fred de l’autre, oscillant tous deux sans fin entre normalité et pétage de plombs. Le mal-être psychologique des personnages est très bien rendu. J’ai eu la trouille en lisant le récit de la longue crise d’angoisse d’Ema. Bravo.

Les personnages d’Ema et Fred sont les plus fouillés, les plus justes. Les fans des Morues les retrouveront certainement avec plaisir dans un prochain épisode !

L’écriture est un mélange d’oralité et de style soutenu, avec des pointes de scatologie trash ou sexe, et aussi des clins d’oeil littéraires. C’est malin et efficace. On peut ne pas aimer.


post-scriptum à propos des playlists à la fin de chaque chapitre :
dommage que Au Diable Vauvert ne publie pas un format livre augmenté...
j’ai souvent eu envie de cliquer sur les titres choisis par DJ Morues !


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