[lu] les amours de voyage, recueil de récits de yaël könig
[danah a dit] des possibles avantages de la prise de risque inconséquente chez les jeunes...

[vécu] arrivée du train en gare de montparnasse

Souricière - image google Cet après-midi, dans le TGV de Nantes à Paris.
Je suis installée dans le compartiment kiosque en bout de voiture 11 — un peu malgré moi, mais c’est une autre histoire (j'ai failli louper la correspondance).
Peu après l’arrêt d’Angers, le contrôleur revient, ferme la porte à laquelle il s’adosse pour téléphoner d’un air conspirateur, mais assez haut pour être entendu :
il demande l’intervention de la police sur le quai de Montparnasse à 16 heures 18 pour trois voyageurs de première qui n’ont pas présenté de billet, et donné de fausses adresses (comment le sait-il qu'elles sont fausses ?)
on met le paquet, cette fois, hein !
Il ressort. Échanges de regards interloqués avec mes voisines de kiosque (décidément, un drôle de nom pour un compartiment).

Un bon moment plus tard, trois jeunes noirs entrent et s’installent avec nous, presque cérémonieusement :

— on nous a dit de venir là !
D’abord silencieux, ils finissent par se détendre, s’animer, rigoler. Ils ne sont ni menaçants ni inquiétants. Ils sont grands, beaux, soignés, très (ou trop) bien sapés.
Frappée par leur jeunesse, je demande son âge à celui qui s’est installé face à moi : 17 ans. Lui est antillais, les deux autres congolais précise-t-il.
Ma voisine qui a un charmant accent espagnol ou argentin entreprend de les sermonner gentiment.
Nous apprenons qu’ils sont venus de Paris le matin, descendus à Angers avant le contrôle des billets à l'aller, remontés dans un train dans l’autre sens, apparemment sans but, sans besoin, pour le fun, le risque.
Ils ont écopé d’une contredanse de près de deux cents euros chacun, mais ils rigolent en disant qu’ils ont donné de fausses adresses. Évidemment.
le contrôleur a demandé à la police de venir vous cueillir à l’arrivée du train
ah ouais ? on filera, vous en faites pas...
Ils ont quitté le compartiment avant l’entrée en gare. Je n’ai pas assisté à la mise en place de la souricière.
J’ai repensé à cette histoire un peu dérisoire en lisant un peu plus tard  l’article de danah boyd sur son blog :

The Unintended Consequences of Obsessing Over Consequences
(or why to support youth risk-taking)

[voir la traduction]

 

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