[lu] les amours de voyage, recueil de récits de yaël könig
mardi 19 juillet 2011
aux éditions Yago, 260 pages, 18 euros
[ note de lecture pour les-agents-litteraires.fr ]
Avec le livre de Yaël König, j’ai eu l’impression de découvrir un genre de lecture nouveau et totalement original. Mais attention, il m’est déjà arrivé d’ignorer l’existence de pans entiers de la littérature pourtant déjà largement connus et répandus !
A la télé, l’illustration d’un thème à l’aide une série de témoignages est la forme courante que prennent les émissions de société en prime time, et les programmes de reportages sur les chaînes thématiques ; il n’est donc pas très étonnant et tout à fait légitime de retrouver ce format à l’écrit. Les mots font venir les images et l’imagination compense vite l’absence de photos couleurs ou de cartes géographiques.
Les Amours de voyage n’est pas un roman, ni un recueil de nouvelles. Ce n’est pas un essai. C’est une sorte d’anthologie, sérieuse mais pas trop, distrayante surtout. J’ai retrouvé le plaisir ancien de découvrir une collection oubliée de la Sélection du Reader’s Digest, ou d’Historia, un jour pluvieux dans une maison de location ou un hôtel de bord de mer. Un livre parfait pour les vacances, avec des histoires, des témoignages. L’écriture est plus journalistique que littéraire, mais cela convient bien au genre. Après tout il ne s’agit pas d’une anthologie de récits de passions exotiques écrits par des écrivains-poètes-voyageurs. Dans une longue préface sous forme d’étude, l’auteur explique le choix de son thème (et titre) avec les évocations de Loti, Nerval, Cendrars, Chatwin, Stevenson, et de quelques autres parmi de nombreux artistes-baroudeurs.
Ma curiosité m’a fait regretter (un peu) l’absence d’informations sur le making of des Amours de voyage, le mode opératoire ; des entretiens en face à face avec certains des voyageurs ? des papiers sollicités et rewrités ? comment les voyageurs-témoins ont-ils été cooptés ?
Le livre de Yaël König est un bel objet, avec une superbe couverture évocatrice, très élégante, une mise en page agréable malgré un petit hiatus, peu gênant, entre la pagination et la table des matières. J’ai tiqué sur une expression un peu mal venue, page 142 : « les garçons chaussés du plus élégant des bonnets… « , et page 135 une typo : « … je ne me parvins à… ».
un extrait :
“ S’il est difficile de confesser un baroudeur sur ses amours exotiques et leurs effets sur sa vie, ils affirmeront tous en revanche, que la distance se mérite ; n’est pas voyageur qui veut. N’est pas non plus amoureux exotique qui rêve de l’être. Cependant, n’importe qui peut être foudroyé par une rencontre, par la découverte d’un lieu. La géographie d’un nouveau paysage et celle d’un corps encore inconnu provoquent chez tous, sans distinction d’origine ni de tempérament, le même désir impatient. Fébrilité, exaltation, procèdent de la même espérance : redevenir neuf ! Dans un ailleurs accueillant, quel soulagement de reprendre, parfois provisoirement, sa liberté pour en devenir le seul maître ! Puis, sur les sables brillants des Tropiques, ou face aux icebergs de pôles, savoir reconnaître l’amour, ce mot unique qui recouvre tant de différentes acceptions. ”