[version] the man who stopped writing, a review by andrew gallix
[vécu] arrivée du train en gare de montparnasse

[lu] les amours de voyage, recueil de récits de yaël könig

 aux éditions Yago, 260 pages, 18 euros

[ note de lecture pour les-agents-litteraires.fr ]

présentation du livre par l'éditeur en quatrième de couvertrue : "Partir, c’est changer de peau, changer de rythme, s’ouvrir à l’inconnu. En voyage, les inhibitions disparaissent. C’est alors que se produisent des rencontres qui peuvent changer une vie. En introduction, une réflexion sur l’amour et le voyage au fil des siècles. Suivent quinze témoignages authentiques de voyageurs d’aujourd’hui, confiant l’histoire d’amour éphémère ou éternelle qui a marqué leur vie. Ces passions mènent le lecteur de l’océan Pacifique à New York, dans les feux de l’Islande, des fins fonds de la Namibie à Téhéran, en escale aux Samoa ou encore sur le lac Titicaca" Avec le livre de Yaël König, j’ai eu l’impression de découvrir un genre de lecture nouveau et totalement original. Mais attention, il m’est déjà arrivé d’ignorer l’existence de pans entiers de la littérature pourtant déjà largement connus et répandus !
A la télé, l’illustration d’un thème à l’aide une série de témoignages est la forme courante que prennent les émissions de société en prime time, et les programmes de reportages sur les chaînes thématiques ; il n’est donc pas très étonnant et tout à fait légitime de retrouver ce format à l’écrit. Les mots font venir les images et l’imagination compense vite l’absence de photos couleurs ou de cartes géographiques.
Les Amours de voyage
n’est pas un roman, ni un recueil de nouvelles. Ce n’est pas un essai. C’est une sorte d’anthologie, sérieuse mais pas trop, distrayante surtout.
J’ai retrouvé le plaisir ancien de découvrir une collection oubliée de la Sélection du Reader’s Digest, ou d’Historia, un jour pluvieux dans une maison de location ou un hôtel de bord de mer. Un livre parfait pour les vacances, avec des histoires, des témoignages. L’écriture est plus journalistique que littéraire, mais cela convient bien au genre. Après tout il ne s’agit pas d’une anthologie de récits de passions exotiques écrits par des écrivains-poètes-voyageurs. Dans une longue préface sous forme d’étude, l’auteur explique le choix de son thème (et titre) avec les évocations de Loti, Nerval, Cendrars, Chatwin, Stevenson, et de quelques autres parmi de nombreux artistes-baroudeurs.

Viennent les quinze histoires (seize avec celle, très courte et trop belle pour être totalement inventée, qui clôt la série par une pirouette humoristique). Je retiens tout spécialement celles qui finissent  mal comme font les histoires d’amour, en général, et que je préfère de loin aux récits idylliques d’aventures sans accrocs. Je retiens aussi celles qui dénotent un peu et nous font dévier légèrement du thème sans être hors-sujet. Comme celle de la jeune suédoise pour qui le Pays Basque est le summum de l’exotisme ! Et celle de la rencontre improbable de deux petits gars d’Angers à New-York. Elle finit bien cette histoire d’amitié, mais j’ai surtout aimé qu’elle témoigne aussi des surprises heureuses des voyages lointains quand ils opèrent des rapprochements entre des hommes et des femmes qui se comprennent.

Ma curiosité m’a fait regretter (un peu) l’absence d’informations sur le making of des Amours de voyage, le mode opératoire ; des entretiens en face à face avec certains des voyageurs ? des papiers sollicités et rewrités ? comment les voyageurs-témoins ont-ils été cooptés ?

Le livre de Yaël König est un bel objet, avec une superbe couverture évocatrice, très élégante, une mise en page agréable malgré un petit hiatus, peu gênant, entre la pagination et la table des matières. J’ai tiqué sur une expression un peu mal venue, page 142 : « les garçons chaussés du plus élégant des bonnets… « , et page 135 une typo : « … je ne me parvins à… ».

 

un extrait :

“ S’il est difficile de confesser un baroudeur sur ses amours exotiques et leurs effets sur sa vie, ils affirmeront tous en revanche, que la distance se mérite ; n’est pas voyageur qui veut. N’est pas non plus amoureux exotique qui rêve de l’être. Cependant, n’importe qui peut être foudroyé par une rencontre, par la découverte d’un lieu. La géographie d’un nouveau paysage et celle d’un corps encore inconnu provoquent chez tous, sans distinction d’origine ni de tempérament, le même désir impatient. Fébrilité, exaltation, procèdent de la même espérance : redevenir neuf ! Dans un ailleurs accueillant, quel soulagement de reprendre, parfois provisoirement, sa liberté pour en devenir le seul maître ! Puis, sur les sables brillants des Tropiques, ou face aux icebergs de pôles, savoir reconnaître l’amour, ce mot unique qui recouvre tant de différentes acceptions. ”

Commentaires