[vécu] qui sème la graine de l'inspiration récolte un billet de saison
dimanche 05 juin 2011
Au jardin de mon père, ce matin je cueillais des groseilles précoces, et des fraises des bois venues on ne sait d'où depuis que les massifs ne sont plus guère entretenus que par les merles de la haie. J'en aurais pas fait un billet...
Finalement l'inspiration est venue par là-dessus, d'abord titillée discrètement par un Tweet de David Abiker appelant à nous remémorer la sécheresse de 1976, et à lui faire don gracieusement sur facebook d'un souvenir personnel de cette période.
J'y suis donc allée de ma petite anecdote, et c'est alors que je me suis dit que ça ferait aussi bien un billet ici !
C'est un jour ouvré, fin juin ou début juillet 1976. Il fait beau et de plus en plus chaud depuis des semaines déjà. Je travaille dans un service de documentation, avenue Kléber. Le bureau partagé donne sur la petite rue Léo Delibes, en rez-de-chaussée, ce qui permet de travailler toutes fenêtres ouvertes. Ce matin-là, une équipe de tournage a investi la rue. Dans le bureau, nous sommes trois célibatantes pas encore trentenaires. Dur de rester concentrées sur nos mots-clé. Nous apprenons très vite que le film est réalisé par Henri Verneuil, qui ne viendra pas sur le tournage prévu pour une seule journée. Mais la vedette du film est bien là, et c'est... Jean-Paul Belmondo !
Devant l’hôtel Baltimore où la scène se tourne, la rue a été transformée en loge, avec des portants pour les costumes. Après chaque prise, BéBel ressort de l’hôtel, et nous avons droit à un striptease : trench, veston, cravate, et... et.... chemise qu'il change hilare devant nous, trois filles à leur fenêtre, jeunes documentalistes émoustillées qui n'ont pas documenté grand-chose ce jour d'été 1976.
Nous nous intéressions beaucoup moins au malheureux Bernard-Pierre Donnadieu qui était là, lui aussi. L'air méchant, balafré, le cheveu peroxydé, il jouait un homme de main s'attaquant à notre Bébel dans le couloir de l’hôtel. La production n'avait pas prévu de chemises de rechange pour ce petit rôle ingrat.
J'ai vu le film, bien sûr : Le Corps de mon ennemi. En vérifiant sa date de sortie, je m'étonne : nous étions fin juin ou début juillet, et le film est sorti en octobre 1976 ! La fameuse scène tournée dans la moiteur caniculaire d'un hôtel parisien, dure quelques brèves minutes du film, et est censée se dérouler à Lille, un soir d'hiver pluvieux, d'où le trench-coat.
Disparue récemment, comme Bernard-Pierre Donnadieu, Marie-France Pisier faisait elle aussi partie de la distribution.