[lu] le train sous la neige, roman d'andré gardies
lundi 20 juin 2011
note de lecture pour le site et blog les-agents-litteraires.com
Aïeee ça va pas être facile... Pourtant le roman d'André Gardies démarre bien, j'ai trouvé.
L'image de couverture et le synopsis en quatrième sont fidèles à l'ambiance très cinématographique des premiers chapitres : un film des années 60, en noir et blanc, un fugitif, une ambiance à la Boileau-Narcejac hésitant entre onirisme et réalisme, très prometteuse...
Le style est impeccable, précis et très descriptif, peut-être trop, justement, pour que le mystère et les tourments psychiques du héros, Fernand Maugrain, s'installent durablement, et m'intriguent au-delà de la moitié du roman. Assez vite, je n'ai plus adhéré à la réalité psychologique des personnages, surtout féminins.
Je le reconnais volontiers, je ne suis pas une bonne cliente pour les histoires de possession, de magie noire, ou de vaudou, même quand la fragilité du sujet est motivée, et bien expliquée, comme ici. André Gardies joue un temps sur l'ambiguïté de l'interprétation des situations : son héros fantasme-t-il son aventure, ou bien est-il la victime complaisante de nouvelles Louves ? Mais l'auteur choisit et explicite, trop vite à mon goût, l'une des deux voies pour orienter son scénario. Je ne dirai pas laquelle, juste que ce n'est pas celle que je préfère !
Pourtant je retiendrai pour leur force et leur écriture, plusieurs scènes remontées de la mémoire douloureuse de Fernand Maugrain. Il y a le bizutage du petit pensionnaire venu de la campagne. Toujours enfant, l'accident de barque et la noyade juste évitée. Plus tard la fascination pour un grain de beauté au visage d'une compagne, la folie violente qu'elle entraîne. Des scènes difficilement supportables de la guerre d'Algérie, de ses atrocités. Des réflexions originales sur le portrait photographique, le masque, qui sont pour l'auteur beaucoup plus que des représentations inertes. Chacune de ces histoires cruelles ferait à elle seule un point de départ romanesque intéressant, dans un recueil de textes courts.
Ce qui n'a pas bien fonctionné pour moi, c'est le montage, la progression de l'histoire, son découpage. Néanmoins j'ai été sensible tout au long du roman à la tenue du style, et à l'attachement affectif de l'auteur pour son personnage principal, particulièrement dans ses grands moments de faiblesse. Pour moi cela signe le plaisir d'écrire authentique et jubilatoire d'André Gardies.
Un léger bémol encore, concernant la présentation du livre.
Édition de la Mouette s'appuie sur le système d'impression à la demande lulu.com. Très bien, mais y a-t-il un contrôle du fichier numérique imprimable par l'éditeur, ou bien tout repose-t-il sur l'auteur, comme pour une autoédition pure et simple ? J'ai été un petit peu gênée par le côté peu littéraire de la mise en page de l'ouvrage. Quelques unes des normes de présentation de base ne sont pas respectées. Ainsi, les pages précédant le début du texte proprement dit ne devraient pas être numérotées. Le titre et le nom de l'auteur qui courent en hauts de page ne se justifient guère puisqu'ils ne changent jamais. La pagination serait mieux venue en milieu de bas de page. Mais puisqu'il s'agit d'impression à la demande, des corrections cosmétiques doivent pouvoir être apportées à tout moment sans grever beaucoup le budget d'édition, non ?
Je le reconnais volontiers, je ne suis pas une bonne cliente pour les histoires de possession, de magie noire, ou de vaudou, même quand la fragilité du sujet est motivée, et bien expliquée, comme ici. André Gardies joue un temps sur l'ambiguïté de l'interprétation des situations : son héros fantasme-t-il son aventure, ou bien est-il la victime complaisante de nouvelles Louves ? Mais l'auteur choisit et explicite, trop vite à mon goût, l'une des deux voies pour orienter son scénario. Je ne dirai pas laquelle, juste que ce n'est pas celle que je préfère !
Pourtant je retiendrai pour leur force et leur écriture, plusieurs scènes remontées de la mémoire douloureuse de Fernand Maugrain. Il y a le bizutage du petit pensionnaire venu de la campagne. Toujours enfant, l'accident de barque et la noyade juste évitée. Plus tard la fascination pour un grain de beauté au visage d'une compagne, la folie violente qu'elle entraîne. Des scènes difficilement supportables de la guerre d'Algérie, de ses atrocités. Des réflexions originales sur le portrait photographique, le masque, qui sont pour l'auteur beaucoup plus que des représentations inertes. Chacune de ces histoires cruelles ferait à elle seule un point de départ romanesque intéressant, dans un recueil de textes courts.
Ce qui n'a pas bien fonctionné pour moi, c'est le montage, la progression de l'histoire, son découpage. Néanmoins j'ai été sensible tout au long du roman à la tenue du style, et à l'attachement affectif de l'auteur pour son personnage principal, particulièrement dans ses grands moments de faiblesse. Pour moi cela signe le plaisir d'écrire authentique et jubilatoire d'André Gardies.
Un léger bémol encore, concernant la présentation du livre.
Édition de la Mouette s'appuie sur le système d'impression à la demande lulu.com. Très bien, mais y a-t-il un contrôle du fichier numérique imprimable par l'éditeur, ou bien tout repose-t-il sur l'auteur, comme pour une autoédition pure et simple ? J'ai été un petit peu gênée par le côté peu littéraire de la mise en page de l'ouvrage. Quelques unes des normes de présentation de base ne sont pas respectées. Ainsi, les pages précédant le début du texte proprement dit ne devraient pas être numérotées. Le titre et le nom de l'auteur qui courent en hauts de page ne se justifient guère puisqu'ils ne changent jamais. La pagination serait mieux venue en milieu de bas de page. Mais puisqu'il s'agit d'impression à la demande, des corrections cosmétiques doivent pouvoir être apportées à tout moment sans grever beaucoup le budget d'édition, non ?