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8 notes en juin 2011

[lu] la fumée qui gronde, roman de philippe zaouati

 arHsens édiTions, 208 pages, mai 2011, 17 euros 

[ note de lecture à la demande de l'auteur qui m'a adressé son livre ce qui est plutôt malin ]

 Extraits de la quatrime de couverture - Que se passe-t-il dans la tête d’un golden boy porté au pinacle pendant deux décennies, considéré comme l’exemple même de la réussite sociale, et que l’on accuse soudain de tous les maux jusqu’à se réjouir de sa chute ?     Que reste-t-il à un homme qui a construit son existence sur la domination, l’argent, l’apparence, et qui se retrouve du jour au lendemain humilié, jeté à la porte devant les caméras de télévision avec une boîte en carton dans les bras ?     Face à la débâcle de sa vie, Emmanuel est contraint de se poser des questions qui ne l’ont jamais effleuré auparavant Il se surprend à mesurer le prix de ses sacrifices et de ses renoncements. A-t-il choisi la bonne voie ? Est-il heureux ? L’issue de cette course folle aux profits et au pouvoir n’était-elle pas fatale ?     Et surtout : que faire maintenant ?     À la crise financière fait écho la sienne, les doutes existentiels de la quarantaine. Le choc sera-t-il salutaire ? Tourné vers son passé pour y deviner ce que sera son avenir, il cherche les réponses dans une fuite improvisée au goût de sauve-qui-peut. - Philippe Zaouati est banquier de profession. Osons le mot : c’est quasiment un golden boy. Élevé au biberon des mathématiques, des statistiques, de l'économie et de la théorie financière, il a gravi les échelons du monde de la gestion d’actifs jusqu’à devenir cadre dirigeant d’une grande banque française. Un monde où il tente de répondre à la question : comment gérer au mieux l’argent des autres ? Défense et illustration du métier de trader ? La Crise des subprimes pour les Nuls ?
Cela suffirait déjà comme incitations à lire le premier roman d'un vrai banquier qui invite le lecteur à réfléchir avant de systématiquement hurler avec les loups, ou jeter tous les traders dans le même panier de crabes.

Le roman de Philippe Zaouati est l'hybride réussi de deux genres souvent traités ces temps-ci : le docu-fiction financier, et le roman de la crise de l'homme de quarante (cinquante pour certains...) ans.

Emmanuel T., le narrateur, est un homme cultivé, apparemment lucide et bien informé, pris dans les déferlantes des crises financières successives de la première décennie du XXIème siècle,  alors qu'il  pensait enfin avoir atteint le niveau de compétence et de performance professionnelles qu'il visait depuis l'adolescence. Quelle tactique va-t-il choisir : résister à contre-courant, couler, ou se laisser flotter au milieu des débris dans l'espoir de croiser la planche de son salut ?

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[kyrielle] ... bout d'ficelle, selle de ch'val, ch'val de course, course à pied...

d'Odilon Redon à Topor en passant par Dorothée Blanck et Jacques Sternberg (billet avec extraits inside et liens à cliquer)

L'Oeuf, 1985 - Odilon Redon (1840-1916) - Lithographie sur Chine appliqué sur Vélin, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie Dans la première salle de la rétrospective Odilon Redon au Grand Palais, devant les dessins d"imagination au fusain (Les Noirs), j'ai dit à mon amie Laurence :
on dirait... Topor...
Topor, ou Gourmelin, ou surtout, les auteurs de bande dessinée de science-fiction d'aujourd'hui comme l'a écrit Nabe qui s'y connait mieux que moi en dessinateurs, mais que je trouve sévère. D'abord l'antériorité... Les dessins de Redon sont de la seconde moitié du XIXè ! Ensuite l'humour très moderne des légendes qui accompagnent les lithos. Elles sont du peintre lui-même, et m'ont fait penser aux titres et sous-titres des tableaux Magritte. Preuves que l'artiste ne prenait pas ses propres démons et souffrances trop au sérieux, ce qui l'a certainement sauvé de la folie. Par exemple celle qui accompagne un des Sciapodes :
“ La tête le plus bas possible, c'est le secret du bonheur. ”

Si j'ai pensé à Roland Topor, c'est sans doute parce que j'étais en train de lire un récit de Dorothée Blanck qui en parle, et qu'il a illustré la plupart des recueils de contes étranges de Jacques Sternberg (extraits dans la suite du billet).

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[redon, nabe] d'une expo l'autre

Odilon Redon, Prince des rêves - après Les Galeries du Grand-Palais, l'exposition se transporte au musée Fabre à Montpellier, du 7 juillet au 16 octobre 2011 (billet avec extrait inside et liens à cliquer)

La Cellule d'Or © The British Museum, Londres, Dist Rmn / The trustees of the British Museum In extremis, j'ai vu l'exposition à Paris dans les derniers jours. Surprenante et enrichissante pour qui comme moi ne connaitrait que très peu cette œuvre à double face. Les Noirs d'abord, étranges, cruels et dérangeants, drôles souvent. Puis les pastels apaisés, les icônes, les peintures, les décors, les couleurs, la lumière.

Comme souvent je me suis plongée, au retour, dans l'index du Journal de Marc-Edouard Nabe pour savoir ce qu'il aurait écrit sur Odilon Redon. Bingo : Nabe a visité une exposition du peintre au Palais de Tokyo en 1985 ! Il est plutôt sévère sur l’œuvre de jeunesse dans l'extrait de Tohu-Bohu (Journal Intime 2) que j'ai copié à la suite.

Chose étrange, Le Petit Journal (n°443, mars-juin 2011)  ne mentionne pas l'exposition au Palais de Tokyo en 1985. Il n'est question que de la rétrospective de 1956. Rivalité de musées ? Qu'a pensé Nabe de cette belle rétrospective qui'il a certainement visitée ? Sa déception de 85 est-elle effacée par la beauté et la richesse de l'accrochage de celle-ci ?

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[lu] le train sous la neige, roman d'andré gardies

Edition de la Mouette (et lulu.com), 2011, 175 pages, 16 euros en livre-papier, 8 euros en livre numérique

note de lecture pour le site et blog les-agents-litteraires.com

Le train sous la neige, André Gardies - résumé de l'éditeur : Un autorail est bloqué par la neige en montagne. Un homme étrange en descend et s’éloigne dans le brouillard. Il erre longtemps et finit par trouver refuge dans une maison qui semble abandonnée. Ce qu’il va découvrir dans cette demeure va bouleverser sa vie…  C’est le point de départ d’un roman très singulier, passionnant, parfois angoissant où la plume de l’auteur semble sous l’emprise de forces mystérieuses, entraînant, par son écriture à la fois exigeante et poétique, le héros et le lecteur vers une chute aussi inattendue qu’inéluctable.  Un livre placé sous le signe de l’inquiétante étrangeté et qui pourrait bien ébranler vos certitudes. - André Gardies est né à Nîmes (Gard). Ancien professeur d’Etudes cinématographiques à l’université Lumière–Lyon2, il a publié de nombreux ouvrages consacrés au cinéma (Alain Robbe-Grillet, L’espace au cinéma, Cinéma d’Afrique noire francophone, Le récit filmique, etc.) et co-réalisé un CDRom sur les frères Lumière : Le cinéma des Lumière, coproduit par l’agence CAPA. Prix Roberval en 1996.  En 2002 il publie un récit d’inspiration autobiographique, aux éditions Climat : Derrière les ponts, suivi de trois romans aux Editions de Paris/Max Chaleil : Les années de cendres (2005),  Le monde de Juliette (2006), Le visiteur solitaire (2008).

 

Aïeee ça va pas être facile... Pourtant le roman d'André Gardies démarre bien, j'ai trouvé.

L'image de couverture et le synopsis en quatrième sont fidèles à l'ambiance très cinématographique des premiers chapitres : un film des années 60, en noir et blanc, un fugitif, une ambiance à la Boileau-Narcejac hésitant entre onirisme et réalisme, très prometteuse...

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[rebounds] du jazz, du vrai

avec par ordre de citation : Sam Woodyard, Duke Ellington, Marcel Zanini, Marc-Edouard Nabe, Louis Mazetier, Jimmy Gourley, Paul Gonsalvez, Stan Getz, Kenny Clarke, et quelques autres...

C'est sur le blog ami de Charles Tatum que j'ai découvert, après lui, cette vidéo étonnante où l'on voit un saxophoniste piquer un roupillon pendant le solo de batterie de Sam Woodyard (4:00) sur Perdido de Duke Ellington ! J'ai déjà raconté ici l'histoire de Sam et Marcel, mais la diffusion de ce petit film a fait des ricochets qui m'ont remis en mémoire le guitariste Jimmy Gourley. Vous allez voir comment, et pourquoi cela m'amène à livrer dans la suite du billet un nouvel extrait (long) du journal intime de Marc-Edouard Nabe !

rebound : ricochet (en anglais)

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[lu] syster, roman de bengt ohlsson

Phébus éditions, littérature étrangère, 290 pages, avril 2011, 21 euros
ma chronique pour l'opération Masse Critique de Printemps de Babelio  

en quatrième de couverture :  La soeur de Marjorie disparut un vendredi, début mai ". Ce jour-là, Miriam n'est pas rentrée de l'école, mais on l'a vue marcher, là-bas, du côté de la colline... Si ses parents sont angoissés, Marjorie, elle, semble hors d'atteinte, indifférente, insondable. Ou... peut-être se réjouit-elle un peu, un tout petit peu de cette disparition car, après tout, il y avait parfois des jours où elle ne l'aimait pas trop, sa grande soeur Miriam... Alors, pour l'éloigner d'une ambiance saturée de désespoir, sa tante Ilse l'héberge. Et, de jour en jour, tente de l'aider à voir un peu plus clair en elle, à distinguer l'amour de la haine, la jalousie de la générosité, l'aveuglement de la lucidité. En somme, elle apprend à Marjorie à grandir et à assumer ses contradictions. Véritable tour de force, Syster restitue à la perfection le regard multiple, voire parcellaire, que tout être pose sur ses proches, sur les paysages et sur le monde. - Bengt Ohlsson est né en 1963 à Stockholm, où il vit toujours. Il est chroniqueur pour le grand quotidien national Dagens Nyheter. Sa carrière littéraire a commencé en 1984 avec la parution de son premier roman, Do som en man, sa jag. En 2004, il connaît la consécration, lorsque lui est décerné le plus prestigieux prix littéraire de Suède, le prix August, pour Gregorius. En 2008, Bengt Ohlsson est récompensé par le prix Eyvind Johnson. Syster est son neuvième roman. Lors de la dernière ruée sur Masse Critique en avril, j'avais mis Syster en second choix. J'ai oublié le titre du roman que j'avais demandé en premier, et que je n'ai pas reçu ! Peu importe, Syster, c'était une bonne, une excellente pioche ! Merci, les ours de Babelio !

C'est le titre qui m'avait attirée, comme souvent. Très bonne décision que celle de ne pas le traduire du suédois. Sœur ou Frangine, ça n'a aucun mystère. Sister déjà c'est mieux, mais Syster est formidablement et simplement étrange. Comme est étrange le roman de Bengt Ohlsson, traduit du suédois par Anne Karila.

Étrange, mais pas étranger. A part peut-être “ Ilse ”, le prénom de la tante de Marjorie, rien de folklorique pour localiser les personnages, le décor et l'action de Syster. Action est un terme qui convient mal pour ce roman d'atmosphère qui raconte le bouleversement psychologique d'une gamine confrontée à la disparition de sa soeur aînée, adolescente. On ne saura pas l'âge exact de Marjorie, disons onze-douze ans.

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[vécu] qui sème la graine de l'inspiration récolte un billet de saison

image sur google Au jardin de mon père, ce matin je cueillais des groseilles précoces, et des fraises des bois venues on ne sait d'où depuis que les massifs ne sont plus guère entretenus que par les merles de la haie. J'en aurais pas fait un billet...

Finalement l'inspiration est venue par là-dessus, d'abord titillée discrètement par un Tweet de David Abiker appelant à nous remémorer la sécheresse de 1976, et à lui faire don gracieusement sur facebook d'un souvenir personnel de cette période.

J'y suis donc allée de ma petite anecdote, et c'est alors que je me suis dit que ça ferait aussi bien un billet ici !

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[lu] comment devenir guerrier massaï, roman d'éric gilberh

arHsens édiTions, 224 pages, février 2011, 18 euros

note de lecture pour le site et blog les-agents-litteraires.com

sur la quatrième de couverture : Avoir cinquante ans, ça change tout. Quarante-neuf, passe encore, mais cinquante... A cet âge, la vie devient une chose étrange : on se souvient de ce que l'on aurait aimé accomplir, de celui que l'on aurait aimé devenir. Gabriel Poussin, lui, a quarante-neuf ans ans, onze mois et trente jours. Entre fiasco professionnel, routine de couple et sentiment d'échec général, il décide du jour au lendemain de tout plaquer. Sa femme, son chalet en bord de Seine, ses bouteilles de vin et ses chats. Et c'est en compagnie du plus improbable des compagnons qu'il va prendre le chemin de ce qu'il s'imagine être la Liberté. --- "Comment devenir guerrier Massaï" est le roman d'une maturité inaccessible. Un périple hilarant mais grave, désanchanté mais féerique avec, en bout de course, une révélation terrible - révélation de celles qui donnent une saveur particulièrement nostalgique à un passé pas si terne que ça (finalement), et un drôle de goût à un avenir pas si prometteur que ça (finalement). Excellent titre pour un roman très original, drôle, cynique et attachant.
Il n’y a pas tromperie sur la marchandise, ou si peu !
Dans son livre, Eric Gilberh donne effectivement la recette qui transforme en aventurier coureur de brousse urbaine, un hippie velléitaire récupéré par la société qui s’aperçoit un beau jour qu’il a cinquante ans.
J’ai reconnu et aimé dans son Gabriel Poussin, un descendant de Tartarin de Tarascon encore plus raté et pathétique que le héros naïf et berné de Daudet.
Car Eric Gilberh ne ménage pas son personnage...
Le roman est en deux parties.
Elles s’articulent autour de l’anniversaire de naissance du héros qui bascule dans son second demi-siècle.

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